Le Bureau politique de la Ligue démocratique (LD), réuni samedi dernier en session extraordinaire, a suspendu 19 camarades parmi lesquels Mamadou Ndoye et Cheikh Guèye. Bien que regrettant d’en arriver à ce stade, Nicolas Ndiaye n’a pas manqué de faire le procès de l’ancien Sg du parti.
‘’Avec ces camarades suspendus, nous avons fait 20, 30 et même 40 ans dans ce parti, pour certains. D’où les liens familiaux très forts tissés entre nous. Donc, c’est une famille qui se déchire et ça fait très mal, quel que soit le nombre’’. Ces mots de regret sont du Secrétaire général de la Ligue démocratique. Une session extraordinaire du parti s’est en effet tenu samedi à Dakar sous sa direction. Et le Bureau politique a suspendu 19 membres. Nicolas Ndiaye soutient d’ailleurs que la direction a longtemps hésité de prendre les sanctions. ‘’Nous avions longtemps tendu la main à ces camarades, malheureusement, ils n’ont pas accepté notre main fraternelle. Donc, c’est la mort dans l’âme que nous prenons aujourd’hui ces sanctions. C’est triste à en pleurer’’, a regretté M. Ndiaye. Visiblement meurtri, l’intérimaire a rappelé que la LD, au cours de son évolution, a pourtant eu à régler des crises plus graves.
A l’endroit des suspendus, le successeur de Mamadou Ndoye souffle le chaud et le froid, même s’il reste assez ferme. ‘’Nous ne fermons pas la porte. Nos camarades peuvent toujours revenir dans les rangs. Ils ne sont pas exclus. Ils ne sont que suspendus. Nous leur tendons encore une main fraternelle. Maintenant, nous prenons nos responsabilités. Nous les avons suspendus à cause de leurs agissements parce que nous devons sauver ce parti qui nous est si cher et pour lequel nous avons consenti beaucoup de sacrifices’’, a-t-il précisé.
Cette décision du Bureau politique de suspendre certains membres fait suite à une série de faits et d’agissements que la direction actuelle du parti dit avoir constatés avec désolation. Il s’agit de la ‘’création d’un mouvement anti-statutaire et illégal’’ dénommé LD-debout dans le parti et le ‘’refus manifeste’’ par les animateurs dudit mouvement de se conformer aux délibérations du Bureau politique, notamment en sa session du 21 octobre 2017 désapprouvant ledit mouvement et demandant la cessation de toutes ses activités. Le parti reproche également à ces personnes suspendues de vouloir déstabiliser leur formation politique, à travers des actes de défiance et de remises en cause permanentes des décisions, ainsi que la ‘’manipulation de l’opinion et des militants et les tentatives multiples de discréditer la direction du parti par des moyens inappropriés et contraires aux principes du parti’’.
Outre la suspension de ces 19, le parti a pris la résolution d’élargir le Secrétariat permanent et le bureau politique à 7 autres responsables ; et annonce la convocation du 8ème Congrès de la LD au plus tard en octobre 2018, conformément aux dispositions de l’article 20 du règlement intérieur du parti.
Les cas Mamadou Ndoye et Cheikh Guèye
Parmi les 19 personnes suspendues par le Bureau politique de la LD, les cas de Mamadou Ndoye et de Cheikh Guèye ont plus attiré l’attention de la presse qui avait déjà parlé, la veille, d’un Bp de tous les dangers. ‘’Je suis très triste et meurtri quand je parle du camarade Mamadou Ndoye. Parce que ce camarade a représenté beaucoup dans notre jeunesse. Il a été notre référence et quelqu’un que nous admirions beaucoup. Il a également fait beaucoup de choses pour notre parti. Nous ne l’oublions pas et ne l’oublierons jamais’’, s’est voulu reconnaissant Nicolas Ndiaye. Cependant, il soutient que son prédécesseur doit beaucoup lui aussi à la LD, du fait des privilèges dont il a bénéficié. ‘’Le parti l’a proposé à la tête du SUDES, puis à la tête de l’UDEN (Union démocratique des enseignants), le parti a fait de lui le ministre de l’Education de base et des Langues nationales (1993 à 1998)’’, a-t-il listé.
Poursuivant, il indique qu’en dépit de l’absence de Mamadou Ndoye du pays pendant 15 bonnes années, la LD a été de toutes les batailles ayant abouti aux deux alternances politiques. ‘’Après son retour, on lui a confié la direction de la LD, malgré son âge, en 2013. Il a démissionné plus tard, en plein processus électoral. Nous n’avons rien dit. Au contraire, nous lui avions rendu hommage, même si son acte nous avait fait mal au cœur’’, a rappelé Niclas Ndiaye qui n’a pas non plus pardonné à Mamadou Ndoye sa sortie sur l’émission ‘’Objection’’ de Sud Fm où, selon lui, il a déballé les ‘’secrets qui le liaient au Président Macky Sall’.
Il en est de même de ses dernières sorties dans la presse pour prendre fait et cause pour la LD debout. A ce propos, le Secrétaire général renseigne que, lors de la dernière conférence préparatoire du 8ème congrès, Mamadou Ndoye s’est prononcé en parlant d’‘’idéologie alimentaire’’ et de ‘’privilèges’’. ‘’Nous ne sommes pas dans ce parti pour des privilèges, ni dans la coalition Benno Bokk Yaakaar pour des privilèges. Nous sommes dans ce parti pour le pays. Il dit que nous n’avons plus le même projet politique. Il n’a jamais voulu discuter ni partager, à l’interne avec nous, de son projet politique’’, a répondu M. Ndiaye.
S’agissant de Cheikh Guèye, les mesures de suspension prises contre lui résultent de ce que le parti considère comme des ‘’actes de défiance et de remise en cause permanente des décisions du parti’’. Au dernier référendum du 20 mars 2016 d’abord, alors que le Bureau politique avait décidé de voter massivement ‘’Oui’’. A l’époque, déclare-t-il, le maire de Dieppeul Derklé, élu sous la bannière de la coalition Taxawu Dakar, a ‘’ostensiblement battu campagne pour le ‘’Non’’. Ensuite, étant dans la liste de Benno Bokk Yaakaar, Cheikh Guèye a récidivé, renchérit-on, en faisant campagne contre cette liste aux dernières législatives. Pour le Secrétaire général de la LD, Nicolas Ndiaye, en dépit de toutes les démarches entreprises pour ramener ces deux camarades dans les rangs du parti, ils ont poursuivi leurs démarches fractionnistes. Par conséquent, le parti se devait d’être cohérent et de prendre ses responsabilités.