A l’issue de la visite du ministre Français de l’Intérieur, Monsieur Manuel Valls, la presse a titré : « France-Sénégal, accord pour combattre AQMI ».L’Agence France Presse, en ce qui la concerne, a signalé dans une dépêche datée du vendredi 15 Novembre 2013, « l’envoi à Dakar d’un attaché régional français de sécurité intérieure ». Lorsqu’en janvier dernier nous avons interpellé le gouvernement dans le cadre du soutien à apporter à la résistance du peuple malien frère et souhaité une implication Sénégalaise plus ample et plus forte sur le terrain au Mali, nous mettions l’accent sur le fait que le Sénégal entrait en guerre.Alors que le Ministre des affaires Etrangères parlait, comme moi, d’une véritable guerre au Mali, le gouvernement a plutôt présenté les choses comme s’il s’agissait d’une simple opération de maintien de la paix.Aujourd’hui encore, notre ministre de l’Intérieur lui-même soutient, je le cite : «la menace n’est pas si perceptible et objectivement, elle est au niveau extérieur et sous régional ». Fin de citation,Puisque le pays n’est pas en guerre et que la menace est extérieure, qu’est-ce qui peut expliquer que le Sénégal accepte la présence à Dakar, d’un « attaché régional français de sécurité intérieure » ?
Le ministre français a déclaré sans ambages qu'il s'agit d’un "Plan Sahel » qui serait piloté depuis Dakar. Ceci voudrait-il dire clairement que Dakar va devenir le quartier général de la lutte contre AQMI ce qui nous projetterait désormais au cœur du conflit alors que, comme le reconnaît notre ministre de l'Intérieur, le Sénégal est, somme toute, à la périphérie du phénomène ? En quoi donc une telle option est- elle justifiée ?
Je saisis également l’occasion pour rappeler qu’entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012 en France, le Président de la République du Sénégal fraîchement installé dans ses fonctions, s’était dépêché d’aller signer à Paris, avec le Président candidat, le 18 avril 2012, des accords de défense qui, jusqu’au moment où ces lignes sont écrites, n’ont jamais été portés, à ma connaissance, à l’attention de la représentation nationale Sénégalaise. Pourtant, l’Assemblée nationale française, quant à elle, a bel et bien été saisie à la date du 16 avril 2013 d’un projet de loi (n° 427) autorisant la ratification du traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre la république française et la république du Sénégal.
Au vu de ce qui précède, je souhaiterai avoir la réponse du gouvernement sur ce qui me semble être un manquement grave à son devoir de rendre compte à la Représentation nationale.
XIIème législature
Mamadou Diop
Ancien ministre d’Etat
Député non inscrit