Dans le collimateur de la justice pour une histoire supposée de dopage contre des pots-de-vin, les Diack sont concernés par un autre scandale au parfum de corruption.
En clair, « Le Monde » révèle l’existence de plusieurs contrats, afférents aux droits télé et sponsoring, signés entre l’IAAF et le groupe japonais Dentsu. Les transactions douteuses porteraient sur des dizaines de millions d’euros. L’avocat de l’IAAF, Me Régis Bergonzi, a, à l’abri des regards indiscrets, remis un dossier lourd de 84 pages au redouté juge Renaud Van Ruymbeke. Plusieurs accords, jamais dévoilés, sont signés, de 2008 à 2015, entre des dirigeants de Dentsu et le président de la fédération, Lamine Diack.
Ce qui a intrigué plus d’un, c’est le versement anticipé et « inexpliqué » de 15 millions de dollars (12 millions d’euros). « S’agissait-il de remercier Lamine Diack pour son rôle dans l’attribution des Jeux de 2020 à Tokyo, désignée le 7 septembre 2013 ? De remettre à flots les finances de l’IAAF avant le départ de celui qui présidait l’institution depuis 1999 ? De verser des commissions à Papa Massata Diack ? », s’interroge le journal français. Quid du rôle de Massata Diack dans cette sulfureuse affaire ?
« Au terme de chacun des contrats, Dentsu doit donc verser 40 % de ses bénéfices. Mais « la part des bénéfices revenant à l’IAAF est calculée uniquement sur l’argent reçu effectivement par Dentsu, provenant de l’exploitation des droits accordés par l’IAAF », note l’avocat.
« Problème : avec ce mode de calcul, des intermédiaires peuvent se rémunérer, et ainsi réduire l’enveloppe à partager au final avec l’IAAF », déniche l’accusation, puisqu’au « au moment de répartir les bénéfices avec l’IAAF, Dentsu peut déclarer à peu près le montant qu’il veut ».
« C’est d’ailleurs, ébruite-t-on, ce que redoute Me Bergonzi, lorsqu’il écrit que « Dentsu a, à plusieurs reprises, cédé ses droits à des sociétés tierces ». « Cela pourrait signifier que ces strates de sociétés ont ponctionné à leur tour d’importantes parts sur les bénéfices provenant des droits octroyés », précise-t-il. « Au cœur des soupçons évoqués dans cette lettre, détaille « Le Monde », la société AMS, qui récupère, selon l’avocat « des parts importantes et occultes de chaque paiement effectué ». Mais aussi Papa Massata Diack, par ailleurs mandaté par AMS, qui « tirerait profit de chaque côté de la transaction ».