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Procès Khalifa Sall: Le Palais de justice se régale
Publié le jeudi 25 janvier 2018  |  Enquête Plus
Khalifa
© Autre presse par Youri Lenquette/JA
Khalifa Sall se rend à la convocation du doyen des juges d’instruction au palais de justice de Dakar, le 7 mars 2017.
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Pour le moment, il n’y a pas encore de politique. Les parties, dans l’affaire de la caisse d’avance, se battent avec des arguments de droit pur. Un combat épique mené sous la présidence du magistrat Malick Lamotte. Au grand bonheur de certains passionnés.

Le procès de la décentralisation se poursuit au tribunal de grande instance hors classe de Dakar. ‘’Il est alléchant et passionnant’’. C’est du moins l’avis de ces praticiens du droit, venus assister aux ‘’riches débats’’ entre parquet, représentants de l’Etat et avocats de la défense. ‘’Je pense que jusque-là, le procès se déroule très bien. Je suis venu un peu en retard parce que j’avais d’autres activités. Je trouve le débat très enrichissant’’, déclare l’un d’eux. Avec deux de ses collègues magistrats, ils sont trouvés en train de débattre autour des notions que sont : ‘’autonomie des collectivités locales’’, ‘’qualité à agir’’, ‘’intérêt à agir’’… Les trois magistrats semblent se mettre d’accord que dans le cas d’espèce, la qualité à agir appartient à la mairie de Dakar, non à l’Etat du Sénégal. Quant à l’opportunité pour cette collectivité locale de se constituer, notre interlocuteur précise : ‘’A la fin du procès, elle (la ville) pourra demander le franc symbolique ou même désister. Je pense que c’est ce qu’ils vont faire et c’est leur droit’’, pronostique-t-il. Toutefois, s’empresse-t-il d’ajouter, il ne faut pas aller trop vite en besogne. ‘’Le dernier mot revient aux juges en charge du dossier’’, dit-il, revisitant leurs livres de droit pénal et de droit administratif pour fonder leur argumentaire. Il est 18 heures 35 minutes dans l’enceinte du temple de Thémis. Le procès a déjà été suspendu.

Les piques de Maître El Hadj Diouf à Ismaïla Madior Fall

Quelques instants plus tôt, les affrontements étaient rudes, très rudes entre avocats de l’Etat et ceux des prévenus. Toujours aussi calme et serein, le président Malick Lamotte, avec beaucoup de diplomatie, tente d’inciter les parties à la ‘’courtoisie’’, à la ‘’mesure’’. A Maître El Hadj Diouf qui s’en prenait aux avocats de l’Etat, il dit : ‘’Vous vous adressez à vos confrères. Je pense qu’il y a des normes à respecter pour le faire…’’. Il n’empêche, le tonitruant juriste continue sa plaidoirie, s’en prenant avec véhémence à ses adversaires (voir par ailleurs). Son discours est simplement macabre. Appréciez : ‘’Votre unique objectif est de liquider un homme, vous voulez le tuer, le décapiter. Vous voulez l’enterrer avant d’en finir avec lui. Le problème du président de la République, c’est qu’il n’a pas appris le droit et je le lui ai dit. Voilà pourquoi il fait beaucoup d’erreurs. En plus, il est entouré de conseillers qui ne sont mus que par leurs propres intérêts. Ils ont comploté jusqu’à devenir ministre. Aujourd’hui, ce conseiller ose se mettre en face du peuple pour dire : ‘’Oui Khalifa Sall aura un procès équitable.’’ Kii kan là yap (Il se moque de qui)’’, peste la robe noire, dans une allusion à peine voilée, adressée au Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Me Diouf n’a pas non plus oublié de rappeler les dispositions du Code des collectivités locales qui fondent la constitution de partie civile de la ville de Dakar et écartent celle de l’Etat qui, estime-t-il, est un ‘’usurpateur’’.

Malick Lamotte donne en exemple Khalifa Sall et ses coprévenus

Comme à chaque fois, ses envolées lyriques n’ont pas manqué de dérider complètement la salle, emportant complètement l’adhésion des supporters de l’édile de Dakar qui lui décernent un tonnerre d’applaudissements. Ce qui fait sortir le président du tribunal de ses gonds. Il fulmine : ‘’Nous n’accepterons plus que vous violiez les règles de cette salle. Nous avons atteint les limites du tolérable. Ça suffit maintenant ! Sinon on sera obligé d’appliquer les règles du Code de procédure pénale. Ceux pour qui vous êtes là
Maître Baboucar Cissé, aussi, en a eu pour son grad sont restés sereins depuis le début de cette affaire. Vous devriez les imiter. C’est mon dernier avertissement.’’
e. Lui qui a osé apostropher le tribunal en ces termes : ‘’Messieurs les magistrats, n’attendez pas de nous qu’on vous tresse des lauriers. Votre rôle est de dire le droit. Pas autre chose. Donc limitez-vous à dire le droit dans cette affaire. Car c’est tout ce que l’on attend de vous’’, dit-il, d’un air un peu irrévérencieux. Après avoir attentivement écouté sa plaidoirie, il lui rétorque : ‘’Je n’ai pas aimé la manière avec laquelle vous vous êtes adressé au tribunal. On ne parle pas à un tribunal en l’invectivant. Nous vous parlons avec délicatesse, courtoisie et politesse, nous attendons le même respect de vous. Sachez que le débat ne peut pas continuer sur cet angle. L’autorité se trouve ici et non de l’autre côté.’’ Cette mise en garde eut le mérite de pousser l’ancien bâtonnier Me Yérim Thiam, coordonnateur des avocats de l’Etat, à présenter les excuses de son collègue. Ainsi a été clos le procès jalonné d’incidents, dans l’après-midi d’hier.
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