La crise qui prévaut dans les secteurs de l’éducation et de la santé ne laisse pas indifférent le Pr Djiby Diakhaté.
En effet, selon le sociologue et enseignant chercheur à l’Ucad, le régime actuel fait souvent le médecin après la mort.
Gouverner, c’est prévoir le pire. Mais les autorités sénégalaises ne
savent pas prévenir un problème qui pourrait perturber la quiétude des citoyens. Elles ont tendance à faire la sourde oreille jusqu’à ce qu’un problème d’ordre social, économique ou politique dégénère pour tenter d’apporter des solutions. C’est la conviction du sociologue Djiby
Diakhaté qui intervenait, samedi, lors d’un panel sur le thème : «Les défis actuels et futurs de la jeunesse sénégalaise». «Dans notre pays, on agit que lorsque le problème se présente. On n’a tendance à gérer que des urgences. Pendant tout le processus, on se rend compte qu’il y a des signes avant coureurs qui montrent que si on ne prend pas des dispositions nécessaires, on risque d’aller vers des conflits et des tensions», souligne le sociologue et enseignant chercheur à l’Ucad. Pour qui les jeunes font face à beaucoup de défis sur le plan politique, social, économique, éducatif, etc. Et il soutient que le chômage est une réalité dans des zones comme Grand-Yoff. L’accès à l’emploi est une difficulté, la formation fait défaut en plus du problème d’organisation des jeunes autour de grandes structures pour le financement de leurs projets.
Selon Pr Diakhaté, tous ces aspects devraient être des sujets
préoccupants pour les dirigeants. Mais, malheureusement, regrette-t-il, ces derniers sont préoccupés par la politique politicienne. «Il ne faut pas attendre que la tension se présente pour chercher des solutions. Pour les indemnités pour les enseignants, ce sont des activités qui ont été faites depuis longtemps. Ils ont attendu des mois sans rentrer dans leurs fonds. On attend aujourd’hui qu’ils posent les problèmes pour chercher des solutions, y compris au niveau du conseil des ministres. C’est quand-même un problème», déplore-t-il. A son avis, lorsqu’on gère une entité, on doit se situer dans une
dynamique préventive et non dans une dynamique curative. Mais au Sénégal, on n’est plutôt enclin à aller vers le curatif, non pas vers le préventif. En outre, le sociologue affirme que le Sénégal va vers des élections présidentielles, alors qu’aucune disposition n’est prise pour éviter les violences sur tous les plans. A l’en croire, dans les pays africains, il y a des périodes pré-électorales plus ou moins marquées par des paroles très épicées qui traduisent des formes d’exclusion, des accusations et des contre-accusations. Il y a aussi des violences physiques qui peuvent atteindre des proportions élevées, des tensions sur le plan social. «Il faut appeler les uns et les autres à la raison et construire le pays avec tous les acteurs, et partout où ils sont. Mais, on attend le jour j pour inviter les protagonistes à dialoguer. C’est dommage», regrette-il.