Ziguinchor - Au moins 16 personnes, dont une femme, ont été arrêtées dimanche par la gendarmerie dans l’enquête sur le massacre de 14 personnes en Casamance, région forestière du sud du Sénégal, a-t-on appris de sources concordantes.
Il s’agit des premières arrestations annoncées depuis le massacre, le 6 janvier, de 14 jeunes hommes venus chercher du bois dans la forêt protégée de Bayotte, proche de Ziguinchor, principale ville de cette région agricole et touristique bordée au nord par la Gambie et au sud par la Guinée-Bissau.
Parmi les personnes arrêtées, dans le village de Toubacouta, au sud de Ziguinchor, figurent quatre jeunes membres d’un comité villageois de surveillance des forêts, condamnés puis libérés en octobre à la suite d’un conflit avec des exploitants forestiers, a rapporté l’Agence de presse sénégalaise (APS, publique), citant un témoin.
Un jeune habitant a indiqué au téléphone à l’AFP avoir été arrêté avec 15 autres personnes par des militaires entrés à Toubacouta depuis 05H00 GMT. "Ilsont fouillé le village", a-t-il ajouté sous le couvert de l’anonymat.
Selon le président de l’Association des jeunes de Toubacouta, Abdou Sané, qui a dit avoir fait le tour des familles, "19 jeunes et une femme ont été arrêtés ce matin (dimanche) par des gendarmes". "Ils sont détenus à la gendarmerie de Ziguinchor".
Lors d’une visite sur place jeudi, le chef d’état-major de l’armée, le général Cheikh Guèye, avait affirmé que ses troupes n’avaient "pas encore mis la main sur quelqu’un". "Nous ne sommes pas pressés. Nous ne raisonnons pas en
terme de délais".
Sur le terrain, contrairement aux jours précédents, aucun tir de l’armée n’a été signalé dimanche dans les environs.
Selon des experts et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), le massacre pourrait être lié à l’exploitation illicite du bois précieux en Casamance, région en proie à une rébellion indépendantiste depuis
1982, mais qui connaît une accalmie ces dernières années.
Le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a annoncé le 9 janvier un renforcement de la répression du trafic de bois en Casamance.
Quelques jours avant le massacre, le climat semblait particulièrement propice à une relance du processus de paix.
Dans son message de fin d’année, le président Macky Sall avait lancé un appel à la rébellion pour faire "le pas décisif vers la paix définitive, une paix sans vainqueur ni vaincu", et deux membres du MFDC avaient été libérés le 1er janvier.