Une enveloppe de 300 millions de francs Cfa a été dégagée pour venir en aide aux artistes qui gravitent autour des cultures urbaines. Mais, hier, en recevant des membres du Fdcu, Africulturban, Guédiawaye hip-hop, 99 records, Doxandem Squad, Kaay Fecc et Yakaar ont plaidé pour une revue à la hausse de ladite subvention.
Plus d’une trentaine de projets ont été soutenus par le Fonds de développement des cultures urbaines (Fdcu) en 2017. Avant de choisir les bénéficiaires pour cette année, le comité de gestion a tenu à faire le suivi des premières subventions. C’est dans ce cadre qu’il a rendu, hier, visite à certaines des structures ayant reçu les plus grands montants de financement. Le comité a été reçu, d’abord, par Didier Awadi au studio Sankara. Dans le cadre de la structuration, ce dernier a été soutenu. Il a pu s’équiper ou encore renouveler certains matériels. Et si certains pensent que 10 millions de francs Cfa n’est pas une somme assez conséquente, eu égard à ce que veulent faire ces jeunes, Didier Awadi croit le contraire. ‘’Même si ce n’était que 1 000 F Cfa, cela pourrait toujours aider’’, a-t-il déclaré. Il veut ainsi dire que la somme importe peu face au geste.
Pendant presque 30 ans, c’est-à-dire depuis la naissance du hip-hop au Sénégal, ce mouvement n’a jamais été soutenu. Les acteurs ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Les premiers qui ont voulu se structurer bénéficiaient de fonds étrangers, tel que l’a rappelé le rappeur et boss de Guédiawaye hip-hop, Fou Malade. Lui aussi a bénéficié d’un financement du Fdcu. Avec la somme reçue, il a pu aménager son studio et acheter du matériel hi-tech. ‘’Qu’on ait ce fonds ou pas, on se débrouillera. Mais il est important qu’il soit là et que son montant soit revu à la hausse. Parce qu’on fait des choses concrètes avec ce que nous recevons et pour une fois, ce n’est pas de l’argent de structures étrangères qui soutiennent nos projets, mais celui de notre pays’’, s’est-il félicité.
La dotation pourrait être revue à la hausse, les années à venir. Du moins, c’est ce qu’espèrent le chargé de projet à Africulturban, Amadou Fall Bâ ainsi que le boss de Yakaar Safouane Pindra. Eux également ont reçu hier la visite de l’équipe du Fdcu. Pour le premier nommé, la première année d’existence du Fdcu n’était qu’une phase test. ‘’Le président nous a donné 300 millions de francs Cfa. C’est à nous de lui démontrer que nous les méritons. J’étais triste de voir, lors de la cérémonie de remise du Grand Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres, que presque tous les fonds dédiés à la culture ont été doublés, sauf celui du Fdcu. Mais je me dis également que c’est parce que le premier exercice n’a pas été évalué, qu’après cela on pourra aspirer à une hausse’’, souhaite-t-il. Mieux, pour Pindra, les cultures urbaines méritent bien d’avoir autant ou plus que le cinéma, parce qu’elles sont capables de créer des milliers d’emplois. ‘’Il y a beaucoup de métiers qu’on peut créer. Il en existe déjà de manière informelle. Que le président nous appelle et nous lui créeront ces 5 mille emplois avant la fin de l’année 2018’’, promet-il.
Pour Simon, le patron de 99 records, le plus important était la mise en place de ce fonds. C’est maintenant aux acteurs de se battre pour avoir plus que les 300 millions.
Par ailleurs, pour l’instant, avec le peu qu’ils reçoivent, ils arrivent à faire des merveilles. ‘’Grâce au Fdcu, on a pu changer nos moniteurs, nos ordinateurs. On a maintenant un Imac 6 qu’on a acheté à 2 millions’’, a-t-il fait savoir. ‘’Cela fait 5 ans que je galère et que je peine à faire soutenir correctement mes projets. Mais, cette année, on a vraiment pu faire des choses’’, a renchéri Pindra, trouvé dans un local flambant neuf, un studio bien équipé et très spacieux, et des bureaux hyper propres.
Malal est dans le même cas. ‘’Aujourd’hui, les jeunes de Guédiawaye n’ont plus besoin d’aller chez Ama Diop ou à Dakar pour enregistrer leurs sons. Ils peuvent le faire ici et avoir des sons de qualité. C’est dans ce studio qu’on enregistre mon prochain album ‘’Ousseynou ak Assane’’, a-t-il d’ailleurs révélé.
L’association Kaay Fecc, Doxandem Squad et 99 records ont reçu, elles aussi, l’équipe du Fdcu. Ces trois structures ont mutualisé leurs forces et leurs idées pour monter un projet ensemble et leurs bureaux se trouvent au Centre culturel régional Blaise Senghor de Dakar. Une avancée notoire pour certaines de ces organisations qui n’avaient pas d’adresse physique. Elles ont des bureaux bien équipés avec tout le matériel requis. ‘’Avec ce fonds, nous avons pu acheter des équipements et réaliser certaines choses’’, a déclaré Simon.
Coordonnateur du comité de gestion, Oumar Sall se dit satisfait de ce qu’il a vu. ‘’Nous faisons régulièrement ce travail de suivi, même si ce n’est pas toujours sur le terrain que nous le faisons. Nous avons vu des choses intéressantes, ce matin. Nous sommes très satisfaits de ce que nous avons vu’’, a-t-il dit.
BIGUE BOB