Membre du Bureau politique du Parti de l’indépendance et du travail, Ibrahima Sène estime que le massacre de Boffa Bayotte appelle plus à un sursaut national qu’à une vague d’indignation qui ne résout pas la question.
Le massacre de Boffa Bayotte ayant fait 14 morts et 6 blessés, continue de faire couler beaucoup d’encre. Mais loin de la vague d’indignation qui a fusé de toute part, Ibrahima Sène pense que ce massacre odieux de masse appelle à un sursaut national pour rassembler les forces vives de la nation, au pays et dans la diaspora, pour que toute la lumière soit faite et que les ‘’auteurs’’ et ‘’commanditaires’’ soient arrêtés et traduits en justice, quels que soient leur statut social, leur appartenance ethnique, religieuse ou politique et où qu’ils se trouvent.
Dans une contribution qu’il a transmise hier à ‘’EnQuête’’, ce membre du Bureau politique du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) relève que jamais autant d’unanimité, dans l’opinion publique, ne s’est dégagée pour condamner cette tuerie de masse, depuis le début de la rébellion en 1982. Selon lui, ni les nombreux accrochages avec mort d’hommes entre l’armée nationale et des ‘’éléments armés supposés appartenir aux Mfdc’’ ni les braquages de villages et ou de transports souvent émaillés de mort d’hommes, encore moins les prises d’otages n’ont jamais ébranlé, outre mesure, l’opinion publique. ‘’Tout se passait comme si tout cela qui se produisait en Casamance n’était juste que l’affaire de l’armée nationale en butte avec quelques irrédentistes et/ou quelques groupes armés de malfrats, de sorte que semblait régner une indifférence totale sur les actes de violence répétés dans cette partie sud du Sénégal’’. Cela, dit-il, ‘’à l’exception de certains ressortissants sénégalais de Casamance pour appeler à la paix et d’Amnesty International pour condamner des cas supposés de violation de droits humains, notamment avec l’utilisation des mines antipersonnel, les actes de violence en Casamance étaient, à la longue, considérés comme des ‘’faits-divers’’ au sein de l’opinion publique’’.
Cette situation de violence en Casamance avec un climat de ‘’ni guerre ni paix’’, selon Ibrahima Sène, a fortement contribué à cette attitude d’indifférence de l’opinion publique’’. Il regrette ainsi que ‘’la paix en Casamance et les conditions à réunir pour l’obtenir aient toujours été les grandes absentes des débats publics, même en campagne électorale pour briguer la présidence de la République’’.
Mais, aujourd’hui, il se réjouit que l’attitude de l’opinion vis-à-vis de la violence dans cette région ait radicalement changé. Notamment ‘’après la sortie du communiqué du gouvernement condamnant sans équivoque cet odieux massacre et annonçant la décision de traquer sans répit les auteurs, pour les arrêter et les traduire en justice, tout en menant une enquête pour faire toute la lumière sur les causes de cet assassinat de masse’’.
Aux yeux d’Ibrahima Sène, cela est d’autant plus réel que ‘’même le Mfdc, qui n’a jamais revendiqué un acte de violence en Casamance, mais qui ne s’en démarquait jamais publiquement et ne s’offusquait même pas du doigt accusateur pointé vers des ‘’éléments supposés appartenir à lui’’, a senti la nécessité, cette fois-ci, de clamer son innocence dans un communiqué officiel, tout en condamnant cette tuerie barbare’’.
Toutefois, il regrette qu’après s’être démarqué de cette tuerie, le Mfdc n’ait pas résisté à pointer du doigt des ‘’supposés commanditaires’’, alors qu’il aurait dû exprimer publiquement sa volonté d’apporter, auprès des forces de défense et de sécurité nationale, sa contribution dans ‘’la traque des auteurs en cabale’’, pour donner plus de crédit à son communiqué. ‘’Cela aurait été un beau geste historique d’un engagement sans faille pour trouver des solutions acceptables pour le rétablissement de la paix dans cette partie sud du Sénégal’’, estime-t-il.
ASSANE MBAYE