Dakar - Les procédures pénales auxquelles les acteurs des banques sont confrontées dans le cadre de recouvrement de créances et "le niveau élevé" des dettes bancaires peuvent exposer les acteurs du secteur et fragiliser le financement de l’économie sénégalaise, a soutenu, mardi, à Dakar, le président de l’Association des professionnels des banques et des établissements financiers du Sénégal (APBEF), Bocar Sy.
"Nous voudrions souligner qu’il nous arrive dans le recouvrement de nos engagements d’être attraits personnellement en procédure pénale pour des affaires commerciales", a-t-il avancé lors d’une rencontre entre le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ et les acteurs du secteur des banques.
De telles situations sont de nature à exposer les travailleurs des banques et à fragiliser le financement de l’économie, sans compter "le niveau élevé des impayés dont la gestion contentieuse" peut également être "source d’une grande inquiétude de la part de notre profession", a indiqué M. Sy.
Le président de l’Association des professionnels des banques et des établissements financiers du Sénégal a déploré les attitudes et comportements de "certains débiteurs", avant de saluer "les efforts de l’Etat" à travers les réformes judiciaires engagées, aboutissant à la création d’un Tribunal de commerce par exemple.
Bocar Sy a dit souhaiter la poursuite de ces réformes "pour renforcer le financement des PME", soulignant que de leur côté, les banques et établissements financiers ont démarré depuis le 1er janvier la mise en œuvre du nouveau plan comptable banque révisé et la transposition du dispositif Bâle 2 et 3.
"Nous suivons l’impact que ces mesures auront sur le crédit, la bancarisation, la fiscalité, le traitement des créances en souffrance et la performance de nos institutions", a-t-il souligné.
Les dispositifs Bâle 2 et 3, liés à des accords sur le plan international, visent à instaurer des normes internationales de renforcement de chaque établissement financier afin d’éviter des crises de plus en plus importantes.
Ils devraient occasionner "des changements très importants pour la banque’’ et transformer la manière de faire le crédit, de percevoir le crédit et d’évaluer le risque, selon les autorités de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Le président de l’Association des professionnels des banques et des établissements financiers du Sénégal a par ailleurs demandé que "les charges de mise à niveau" des systèmes d’information des établissements bancaires fassent l’objet d’un "amortissement étalé" pour en réduire l’impact sur les charges et le coût du crédit.
Le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, a de son côté réaffirmé l’ambition des pouvoirs publics de "renforcer le cadre d’exercice de la profession et la confiance entre partenaires, afin de hisser le secteur bancaire à la hauteur des ambitions d’émergence économique".
Selon Amadou Bâ, cette perspective est conforme aux exigences de la profession avec les normes et standards internationaux.
"Cette émergence économique vers laquelle nous tendons suppose l’existence d’un système bancaire fort, dynamique, résilient et inclusif qui accompagne l’activité de création de richesses au niveau des secteurs prioritaires et stratégiques définis par l’Etat’" a-t-il dit aux acteurs des banques.
Le secteur bancaire au Sénégal totalise près de 28 banques et établissements financiers, 5150 collaborateurs permanents, 412 agences à travers le pays et 1 million 597 comptes bancaires, malgré un taux de bancarisation jugé faible (18%).
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