Le typha, une plante envahissante en zone humide, commence toutefois à surprendre son monde de la vallée du fleuve Sénégal (Nord), en produisant des effets positifs sous les chaumières du Gandiolais et dans l’artisanat local, a appris l’APS auprès de la Fondation Sylla Tati Caap Onlus, basée en Suisse.
Cette fondation cherchait des couvreurs-chaumiers pour l’un de ses projets solidaires appelé Afrika Mandela Ranch, une ferme-école écologique ouverte à Rao, dans le Nord du Sénégal, tandis que l’entreprise bretonne Le Goff, spécialisée dans les toits de chaume en France, voulait transmettre son savoir-faire en Afrique.
‘’Une belle aventure commença alors à Afrika Mandela Ranch avec l’intégration d’un nouveau matériau dans la construction au Sénégal : le typha’’, soulignent les promoteurs de la Fondation Sylla Tati Caap Onlus qui s’exclament aussi pour cette ‘’véritable révolution écologique et économique en cours’’ et cette ‘’belle aventure éthique’’.
La fondation compte doter chaque case de la ferme de Rao d’un toit de chaume, mais aussi permettre la formation de centaines de chaumiers au typha, à travers tout le Sénégal. Cependant, ce projet pourra être étendu à la Mauritanie, au Mali, au Niger et à la Guinée, des pays tout aussi confrontés aux mêmes problèmes d’invasion du typha.
‘’Le typha peut devenir source d’emplois, source de revenus et aussi participer à la revalorisation du patrimoine grâce à la promotion de l’habitat traditionnel. L’aspect écologique de ce projet est essentiel, car participant à l’éradication des problèmes sanitaires liés aux eaux stagnantes et favorisant aussi la biodiversité de la flore, tout en assainissant les marais’’, poursuit le communiqué.
Patrick et Michèle Le Goff ont formé une dizaine de Sénégalais de la région de Saint-Louis dans la réalisation des toits en chaume, dit la Fondation Sylla Tati Caap Onlus qui cite les premiers couvreurs-chaumiers qui utilisent désormais le typha au Sénégal. ‘’Le nouveau projet d’une école des métiers à Afrika Mandela Ranch se voit déjà dotée d’une division +Chaume+.’’
‘’Pour le procédé, il y a d’abord la coupe des typhas dans les marais stagnants de Bango et 1500 bottes de typha sont utilisées pour couvrir de chaume le toit d’une case d’une superficie de 140 m². Les outils nécessaires ont été confectionnés par un forgeron de Gandiol : les chevalets, les jeux d’aiguilles, les palettes, etc.’’, explique la même source.
Outre la constitution d’une équipe de chaumiers formée à cette nouvelle technique, signale-t-elle, l’ensemble des travaux de la première expérience a duré 15 jours. ‘’L’une des cases de l’Ecole Sokhna Bèye a maintenant un toit de chaume en typha, d’une épaisseur de 35 cm, d’une longévité d’au moins 40 ans et avec une isolation thermique exceptionnelle.’’