A l’instar du chef de l’Etat, Abdoul Mbaye a fait un bilan de l’année écoulée.
Mais contrairement à Macky Sall, il dessine un tableau très sombre de l’année 2017 marquée par des «revirements et de renoncement» aux ruptures qui furent promises.
Le 1er Premier ministre du Président Macky Sall a fait un bilan des cinq années du régime plus particulièrement l’année écoulée. Abdoul Mbaye déclare que 2017 a été celle de la poursuite de la «remise en cause d’engagements forts» qui avaient créé l’alternance politique et l’espoir en mars 2012. «2017 restera assurément l’année de la confirmation d’une trajectoire de reniements, de revirements et de renoncement aux ruptures qui furent promises», poursuit le leader de l’Act dans son discours à la Nation. «L’emprisonnement du maire de Dakar, Khalifa Sall, a confirmé l’utilisation de la justice pour écarter ou chercher à écarter des adversaires politiques», dit-il encore.
D’autre part, Abdoul Mbaye accuse le pouvoir de «graves mensonges» sur les productions agricoles qui ont permis de construire des taux de croissance particulièrement avantageux dans la perspective des échéances électorales. «La famine dans le nord est du Sénégal, la poursuite des importations de riz à un niveau très élevé, des centaines de milliers de tonnes de graines d’arachide que l’on ne retrouve ni dans les exportations ni dans l’industrie d’huilerie, sont venues démentir l’autosuffisance en riz et cette nouvelle richesse statistique invisible des Sénégalais», dit-il, ajoutant que l’énergie de nos gouvernants a été consacrée à construire des contrevérités. «Les gouvernants doivent à leur peuple la vérité. La vérité, c’est évidement de ne pas dire des mensonges qui créent les faux espoirs et les lendemains qui déchantent. La vérité, c’est aussi ne pas se dédire», fustige l’ancien Premier ministre.
S’agissant des législatives de 2017, Abdoul Mbaye affirme qu’ils ont atteint un «niveau de fraude jamais vécu» par le Sénégal, pourtant l’une des plus vieilles démocraties de notre continent. Il affirme que «l’obsession» de ne pas voir une «impopularité croissante» se traduire par une perte de majorité à l’Assemblée, a conduit au «viol» de la loi. C’est le cas de l’implication «illégale» du président de la République dans la campagne et la violation des règlements de la Cedeao.
«La promesse du gouvernement de 25 membres a été sacrifiée aux projets politiciens et électoralistes. (…) Il est difficile de taire la poursuite du scandale Petrotim qui désormais prend l’allure d’une débandade. Les parts dans les permis pétroliers et gaziers dont le peuple a été spolié au profit de l’ami du frère du président de la République ont continué d’être cédées sans aucune contrepartie pour l’État. Cela représente des centaines de milliards de Fcfa dont on laisse l’évaluation précise aux tribunaux américains ou sénégalais le jour venu», fustige Abdoul Mbaye qui indique que le Sénégal de 2018 dépendra du retour ou non de nos gouvernants à la raison et à la vérité. Et d’après lui, la raison appelle le rejet de cette logique familiale et clanique dans laquelle la gouvernance du Sénégal a été enfermée depuis de trop nombreuses années. «La voie que nous souhaitons au Sénégal pour l’année 2018 n’est pourtant pas un chemin impossible. Elle est celle dans laquelle nous nous étions engagés en 2012 sous la direction d’un chef de l’Etat encore prisonnier de ses promesses, et d’un gouvernement de 25 membres», note Abdoul Mbaye.
Charles Gaiky DIENE