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Mouhamadou Makhtar Cissé (Dg Senelec): ‘’Des émeutes de l’électricité, nous sommes aujourd’hui à la vente de l’électricité à des pays voisins’’
Publié le samedi 30 decembre 2017  |  Enquête Plus
Énergie:
© aDakar.com par DF
Énergie: La BM et la SENELEC signent des accords
Dakar, le 14 août 2015 - Le Sénégal et la Banque Mondiale ont procédé à la signature à Dakar des accords pour la garantie partielle des risques du projet de production d’énergie indépendante de Taïba Ndiaye. Cet accord permettra à la SENELEC d`accroître ses capacités de production. Photo: Mouhamadou Makhtar Cissé, Directeur général de la Senelec




L’année 2017 aura été la bonne pour Senelec qui vient de recevoir une notation financière. Son directeur général, Mouhamadou Makhtar Cissé, qui était hier face à la presse, s’en réjouit tout en soulignant que la note serait davantage meilleure si certains démembrements de l’Etat et entreprises publiques honoraient leurs factures d’électricité.

Qu’elle est cette distinction que Senelec a reçue ?

En ce lendemain de Noël et veille de fin d’année, nous avons souhaité partager la bonne nouvelle de la notation de Senelec. Une notation financière qui nous a été décernée par le cabinet Broomfield Investment qui permet à Senelec, avec la note AA-, - Investment Great comme ils disent - d’apprécier la solvabilité de l’entreprise à court comme à long terme. Sur le long terme, les fournisseurs et banquiers de Senelec ne courent aucun risque de défaut. Ceci est matérialisé par la bonne tenue de l’entreprise qui bénéficie d’un soutien important de l’Etat. Cela a été d’ailleurs le critère le plus déterminant. Je parle du soutien du président de la République, de celui du ministre du Pétrole et des Energies, mais aussi de celui des Finances qui assure la tutelle financière de la Senelec.

Grâce à tous ces facteurs, au dynamisme des travailleurs et à la clairvoyance des membres du Conseil d’administration, à la mobilisation du Top management que je salue, nous avons pu obtenir ces résultats qui ont été certifiés. Cela devrait nous rendre confortable sur la place financière de Dakar et de l’Uemoa.

Est-ce que cela pourrait avoir une influence sur vos taux d’emprunt ?

Quand on va sur le marché, le souhait est d’obtenir le taux le plus bas. Et cela dépend de la confiance qu’on nous accorde. Et cette note permet aux investisseurs, aux souscripteurs d’avoir un peu plus confiance à Senelec. Aujourd’hui, cette notation nous permettra d’avoir la confiance des investisseurs. Je peux affirmer que nous allons emprunter à moins cher par rapport au passé. Car, sur le long terme, le risque est vraiment maitrisé. Sur le court terme, il est quasi nul. C’est ce que signifie cette note que nous allons publier. Dans quelques jours d’ailleurs, nous comptons lancer un emprunt obligataire avec Cgf Bourses. Ce qui nous permettra de lever des fonds sur le marché de l’Uemoa. Cette levée de fonds devrait se faire à des conditions beaucoup plus favorables que par le passé. Justement parce qu’il y a le redressement de Senelec qui se poursuit et qui se conclura cette année par un exercice bénéficiaire comme l’année dernière. Mais il y a surtout cette note qui vient d’arriver comme un merveilleux cadeau de Noël ou de fin d’année qui permet de soulager les investisseurs, mais également Senelec.

Quand est-ce qu’il y aura une nouvelle baisse de l’électricité promise par le chef de l’Etat ?

Le président, quand il promet, il le fait. Mais je n’ai pas eu souvenance de cette promesse. J’en ai entendu parler. Si c’était au mois d’avril, j’aurais dit que les gens veulent nous faire un poisson d’avril. Puisque nous sommes au mois de décembre, je n’ai pas entendu cette baisse. Certainement, il parlait de la baisse intervenue l’année dernière durant cette même période en 2016. C’était quelque chose d’exceptionnel, car c’était une baisse de 10 %, alors que le baril avait commencé à remonter. Au moment où je vous parle, le cours n’est pas retombé. Donc, les conditions économiques, aujourd’hui, ne se prêteraient pas à une autre baisse et je n’ai pas été saisi d’une possibilité de baisse.

Combien de milliards comptez-vous lever ?

Nous allons sur le marché pour 30 milliards de francs Cfa. Il peut y avoir des souscriptions supplémentaires. Nous ne fermons pas entièrement la porte. Mais le besoin identifié est de 30 milliards pour des projets d’investissement importants contenus dans le cadre du plan stratégique Senelec que nous déroulons sur l’horizon 2020, pour mettre notre outil industriel, notre outil de transport, de production et de distribution à niveau. Cette mise à niveau requiert des investissements extrêmement importants pour lesquels nous avons le soutien des bailleurs multilatéraux, mais aussi de l’Etat du Sénégal. Celui-ci supporte la partie la plus importante, soit directement en empruntant ou en nous rétrocédant les crédits. Donc, ces financements importants ont permis de lancer de nombreux chantiers qu’il faut continuer à financer en prélevant des fonds sur le marché financier et banquier. En ce moment, nous sommes sur des montages financiers extrêmement complexes et lourds. Mais ce qui est important à noter, c’est l’amélioration de la qualité du service.

Est-ce que les Sénégalais ont une plus grande disponibilité de l’électricité ? Je crois que oui, car les coupures sont devenues épisodiques. Nous en avons de moins en moins et quand elles arrivent, elles sont moins longues. C’est un constat unanime de nos clients. Est-ce que la qualité s’est améliorée en termes de stabilité des réseaux ? Les indicateurs du contrat de performance auquel nous sommes soumis et qui est surveillé à la fois par l’Etat et les bailleurs disent oui. Et il ne faut pas avoir la mémoire courte et banaliser les efforts qui ont été faits, parce qu’il y a quatre ans, on parlait des émeutes de l’électricité, mais aujourd’hui, on parle de vente de l’électricité à des pays voisins. Nous parlons de surplus de production, de réserves qui permettent d’irriguer peut-être l’équivalent de parc de certains pays voisins. C’est dire que des efforts importants ont été faits, car la qualité du service est sensiblement améliorée. Toutefois, nous avons les yeux rivés sur ce qui reste à faire et pour nous, c’est beaucoup plus important, car ceci permettra de stabiliser définitivement le système, pour que définitivement la question de l’électricité soit banalisée et qu’elle ne soit plus un débat de société.

Le non-paiement des factures par l’Etat n’a-t-il pas d’impacts négatifs sur Senelec ?

Nous sommes une société nationale, donc nous sommes une propriété de l’Etat. Si nous existons, parvenons à faire des performances bien notées, c’est parce que nous avons le soutien de l’Etat. Naturellement, la relation ne peut pas être parfaite parce que l’Etat est propriétaire, mais également client. Dans cette relation de clientèle, nous avons parfois quelques soucis de recouvrement de la part de ses démembrements comme les collectivités locales, les sociétés publiques.

Toutes les entreprises publiques qui savent qu’elles ne s’exposent pas à une coupure ne font pas souvent l’effort d’honorer leurs factures. Ce qui, à terme, peut handicaper ou impacter négativement les performances de l’entreprise et il est dit dans la notation que si les créances de l’Etat étaient recouvrées de manière régulière, la note aurait été sensiblement meilleure. Celle que nous avons est excellente et se double à moins. Le long terme intègre ces arriérés que nous avons sur l’Etat et sur lesquels nous travaillons avec l’appui du ministre pour pouvoir les recouvrer dans des délais raisonnables.
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