Vainqueur du deuxième tour de la présidentielle libérienne récoltant 61,5% des voix, Georges Weah, l’ancienne star du football vient de marquer le but le plus précieux de sa carrière politique en accédant à la magistrature suprême de son pays.
Pour ce faire, le Ballon d’or 1995 a terrassé son adversaire, Joseph Boakai, le vice-président sortant crédité de 38,5% des suffrages exprimés et seul obstacle qui pouvait l’empêcher de secouer les filets comme il savait le faire durant sa belle et prolifique carrière sportive.
Weah rêve de ce but magique depuis 2005, année durant laquelle il a créé son parti, le Congress for Democratic Change (CDC).
Pour cette année, le rêve est double car il est question dans la foulée de la présidentielle de remporter également la majorité des 73 sièges de la Chambre des représentants. Un atout qui permettrait à l’ex avant-centre du PSG et du Milan AC de diriger plus facilement les 4.773.061 habitants du Liberia dont il brigue pour la deuxième fois les suffrages comme président de la République.
Sa première tentative, il l’a perdue en 2005 face à Ellen Johnson Sirleaf, la première femme à être élue chef d’Etat en Afrique. Six années plus tard, Weah revient comme colistier de Winston Tubman mais le ticket perd face à Sirleaf.
Sportif dans la défaite, Weah avait, en mordant la poussière pour la première fois, invoqué son manque d’expérience pour s’excuser auprès de ses partisans. Pour ses adversaires, Sirleaf a l’avantage d’être mieux instruite.
Les contempteurs de l’ancienne gloire du football n’ont jamais raté l’occasion de le taxer de « baby-in-the-woods », (une personne innocente et naïve), histoire de lui signifier que son manque de diplômes universitaires le rend incapable de gouverner le pays.
Né dans un bidonville de Monrovia, la capitale, il n’a pas fréquenté les bancs des écoles. Un handicap qu’il a largement comblé en étant, à ce jour, le seul Africain à avoir remporté le prestigieux Ballon d’or.
Cette fois-ci, les quolibets ont fortement diminué car, d’une part Ellen Johnson Sirleaf qui a épuisé ses deux mandats n’est plus là pour susciter le débat intellectuel et, d’autre part, Weah a appris de ses échecs en s’entourant de certains poids lourds comme sa colistière la sénatrice Jewel Taylor, ex-épouse de Charles Taylor, l’ancien président du Liberia de 1997 à 2003.
Toujours dans l’optique de gommer ses handicaps, Weah n’a raté aucune occasion pour exhiber son patriotisme. A plusieurs reprises dans sa carrière de footballeur professionnel, il a, en effet, supporté tout seul les charges financières de l'équipe nationale pendant les compétitions africaines. A l’époque, le pays était en proie aux guerres civiles et les autorités avaient d’autres priorités que de s’occuper de football.
Qu’importe, Weah achetait les équipements et les billets d’avion du « Lone Star», l’équipe nationale de football du Libéria.
Aujourd’hui c’est sur ce retour sur investissement et une indéniable maturité politique que George Weah, 51 ans, a pu compter pour se faire élire président du Libéria.
Cette victoire est une belle revanche sur le sort pour le natif de Clara Town, un bidonville de Monrovia, la capitale. C’est également une grande fierté pour sa grand-mère paternelle, Emma Klonjlaleh Brown, et tous les Kru, le groupe ethnique du sud-est du pays auquel est issu Weah.
Le collège musulman de Monrovia et le lycée de Wells Hairston, toujours dans la capitale libérienne, seraient fiers aussi de savoir qu’un de leurs anciens pensionnaires dirige le pays.
Après avoir régné sur les terrains en raflant le titre de meilleur joueur africain en 1989, 1994 et 1995 et 1996, Weah qui fut technicien de surface dans une société de télécommunications avant d’opter pour le football, vient enfin de connaître la consécration politique.