Un violent incendie a ébranlé le populeux quartier de Santhie, samedi dernier. Deux enfants morts, d’autres gravement brûlés. ‘’EnQuête’’ est retourné sur les lieux du drame. Reportage.
Quelques jours après l’incendie qui s’est déclaré dans un ‘’daara’’ au quartier Santhie, l’émotion, la tristesse et la désolation continuent d’étreindre les habitants. Le quartier accueille plusieurs ‘’daara’’ qui squattent tous des maisons inachevées. Dans les lieux du drame, un spectacle désolant s’offre aux regards des curieux et voisins venus soutenir le maître coranique Abdoulaye Sarr. Ce dernier retrace le film du drame.
Il était en déplacement dans son fief, au Saloum, au moment du drame. Il a appris la triste nouvelle vers les coups de 00 h 04 mn, informé par le maître coranique du ‘’daara’’ voisin, à qui il avait confié la garde et la surveillance de ses protégés. ‘’Nous avons l’habitude de procéder ainsi. Des fois, c’est lui qui me demande de surveiller ses talibés’’, renseigne Abdoulaye Sarr.
Vers 2 h 28 mn de la même nuit, poursuit-il, le commissaire de Diamaguene, en charge de l’enquête, l’a appelé, à son tour, pour l’informer du drame. ‘’Il m’a demandé de venir le plus rapidement possible. Je suis rentré le matin et je suis arrivé à l’hôpital vers 13 h, accompagné des parents des victimes’’. En effet, son ‘’daara’’ se trouve dans l’enceinte d’une mosquée inachevée. Il y réside depuis trois ans avec douze enfants. Le lieu fait à peu près un demi-hectare. Plusieurs constructions inachevées se trouvent dans l’enceinte. Le maitre du ‘’daara’’ y occupe un bâtiment de deux chambres et y vit avec les douze enfants.
La chambre qui a pris feu mesure au moins 4m2. Huit talibés y dormaient. La chambre est noircie par la fumée, les murs sont craquelés, la porte d’entrée a été défoncée de l’extérieur. Djim Sarr et Cheikh Tidiane Sarr, des cousins germains, ont péri dans l’incendie. ‘’D’après les explications données par le maître du ‘’daara’’ voisin, le vendredi vers 20 h, il est venu s’enquérir de la situation des enfants. Il les a trouvés dans la chambre et ils avaient allumés une bougie. Il les a sommés de l’éteindre, tout en leur signifiant qu’on leur interdit d’en allumer. Le lendemain samedi, jour du drame, il a encore trouvé la bougie allumée. Il leur a demandé de l’éteindre, ce que les enfants ont fait. Quand il est allé se coucher, l’un des enfants est sorti pour se rendre au ‘’daara’’ voisin discuter un peu avec les autres talibés. Quand il est rentré se coucher, il a rallumé la bougie et mis la chaine sur la porte. Et il a attaché la clé de la chambre à sa taille. Il s’est couché et n’a pas éteint la bougie. Il s’en est suivi ce que tout le monde regrette’’, confesse Abdoulaye Sarr qui tripote les touches de son portable.
‘’Quand la chambre a pris feu, l’enfant ne s’est pas souvenu où il avait mis la clé. Nous sommes en période de froid et les habitants regagnent très tôt leurs chambres. C’est une voisine qui a ameuté le quartier, elle a été attirée par les cris des enfants. Le voisinage est venu à leur secours. On les a sortis, mais l’un d’eux était déjà mort. Ils croyaient d’ailleurs que l’autre était également décédé. Mais ils l’ont vu bouger. Ils ont tous été acheminés aux urgences de l’hôpital de Grand Mbour. L’autre est mort le lendemain à l’hôpital. Deux des garçons ont rejoint leur domicile au Saloum, deux autres ont été acheminés à Dakar. Ils sont brûlés au second degré. Un autre est toujours à l’hôpital de Mbour’’, explique Abdoulaye Sarr.
Les parents des victimes parlent de volonté divine et ne comptent déclencher aucune poursuite. Abdoulaye Sarr, cultivateur de son état, s’était rendu dans le Saloum pour s’occupait de ses récoltes. Il ajoute, le regard hagard : ‘’C’est très douloureux pour moi. J’habite dans la même concession que les deux enfants morts dans l’incendie. Leurs pères et moi avons le même père. Ce sont mes enfants.‘’
Dans le voisinage, on déplore l’incendie. Quand certains évoquent la volonté divine, d’autres parlent de laxisme.