Hier, en marge d’un atelier de formation des formateurs sur les mécanismes de lutte contre la corruption, le Forum civil et la Raddho ont manifesté leur inquiétude quant à la corruption qui gagne de plus en plus du terrain au niveau des démembrements de l’Etat.
«Le Sénégal est un pays corrompu parce que nous sommes toujours dans la zone rouge : 45 points en deçà des 50 points. Ce sont des études et des enquêtes qui l’ont montré au niveau international à travers l’Indice de perception de la corruption (Ipc). Nous avons fait des recommandations, mais on a remarqué que la corruption au niveau étatique a pris des proportions inquiétantes», alerte Abdoul Aziz Diop, coordonnateur régional du Forum civil à Thiès. Selon M. Diop, l’Ofnac a été mis sur pied pour traquer ceux qu’il considère comme des «bandits à col blanc», mais pourvu, dit-il, que l’organisme puisse mener à bien ses missions. Il regrette le fait que le rapport de l’ex-présidente de l’Ofnac, Nafi Ngom Keïta, et de son équipe, n’ait pu avoir des suites judiciaires. Ce, malgré le fait qu’il a désigné des gros pontes de l’Etat qui sont aux affaires sous l’aile protectrice du pouvoir. «Les rapports produits l’année dernière ont épinglé, avec des preuves, des personnalités de l’Etat. Mais, il n’y a eu aucune suite judiciaire», fustige-t-il. Pour lui, ce qu’on constate dans notre pays, ce sont des règlements de comptes politiques. Et cela, souligne-t-il, ne milite pas pour l’éradication de la corruption. De son avis, la petite corruption du bas de l’échelle a des impacts minimes. C’est, selon lui, la grande corruption (marchés publics, des infrastructures, ressources naturelles, etc.) qui porte un coup dur à l’économie du pays. «Il nous faut des mesures hardies et une volonté politique réelle de la part de l’Etat du Sénégal. Nous sommes un pays pauvre très endetté», indique-t-il.
«La corruption a abouti, dans certains pays, à une faillite de l’Etat. Des efforts ont été faits mais ça reste. Les institutions de contrôle et de régulation de la corruption sont assez faibles», déclare Aliou Tine, directeur du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.