Les jours de Khalifa Sall et de ses amis au sein du Ps sont-ils comptés ? C'est, en effet, samedi prochain que le Bureau politique est convoqué pour statuer sur leur exclusion. En prélude à cet événement historique, Banda Diop, Maire de Patte d’Oie et proche de l’édile de Dakar, appelle Tanor et ses camarades à la raison.
Le Parti socialiste prévoit de convoquer son Bureau politique samedi prochain pour statuer sur l’exclusion de Khalifa Sall et Cie. Quelle analyse en faites-vous ?
Je voudrais faire deux précisions. D’abord, les textes du parti : le Congrès est l’instance suprême du parti. Après le Congrès, il y a le Comité central (Cc) qui doit se réunir une fois tous les trois mois. En dehors de cette instance, il y a le Bureau politique (Bp). Enfin, vient le Secrétariat exécutif national qui a été créé lors du dernier Congrès.
C'était pour rendre plus efficace l'exécution des décisions du parti. Maintenant, les instances se réunissent plus par courtoisie, par amitié que pour d'autres considérations. A partir de ce moment, nous ne pouvons plus être solidaires des décisions qui en sont issues. En dehors du Congrès qui se tient dans une période cyclique, il y a le Comité central qui est presque le parlement du parti. C’est cette entité qui est habilitée à prendre toutes les décisions avant de faire injonction soit au Bp, soit au Sen de les appliquer. Ce qui veut dire que ces instances ne prennent pas de décisions. Leur rôle est de préparer l’ordre du jour du Comité central pour permettre aux militants de discuter. Une fois que les décisions sont prises, elles sont chargées de les exécuter.
Au cas où cette exclusion serait actée, quelle sera l’avenir politique de Khalifa Sall et ses partisans ?
Ce serait une exclusion prise sur la base d’une décision fallacieuse. On ne peut envisager la suite d’un tel acte. Ce sont des conneries de bas étage.
Vu les problèmes internes dans votre parti, peut-on s’attendre à ce que votre coalition soit transformée en formation politique ?
Non, je n’ai assisté à aucune réunion où on a parlé de transformer cette coalition en parti politique. Par contre, c’est déjà une force politique. Mais, sur le plan formel, je n’ai pas eu d’information sur une éventuelle transformation. C’est une coalition circonstanciée qu’on a mise en place durant les élections législatives avec les résultats que cela a donnés.
Ne pensez-vous pas que la vente des cartes entamée et le conclave tenu à Kaolack ont davantage empiré les relations avec la direction du parti ?
Non. La réunion de Kaolack n’avait pas pour objectif de vendre les cartes du parti. Ce n’était pas l’objet principal. Pour tuer son chien, on peut l’accuser de rage et aujourd’hui peut-être que nous sommes devenus des amis ou camarades encombrants, tous les prétextes peuvent être utilisés pour procéder à notre liquidation. Ce dont je peux assurer personnellement, c’est que la rencontre de Kaolack avait pour objet de redynamiser les bases. Il y a des gens qui sont solidaires au maire de Dakar et qui veulent fortifier son action politique. C’est pour cela que nous mettons à leurs dispositions des cartes pour matérialiser leur intégration dans ces mouvements de masse.
Ne donnez-vous pas raison à ceux qui estiment que vous voulez créer un parti dans le parti ?
C’est loin de ça. C'est-à-dire que c’est la personne du député-maire de Dakar qui a été emprisonné dans des conditions que tout le monde connait. Et c’est ce qui a suscité aujourd’hui cette adhésion de beaucoup de militants qui sont souvent apolitiques et qui veulent se rapprocher de l’élan politique de ce dernier. Nous allons leur souhaiter la bienvenue et éventuellement procéder à leur orientation.
Comment analysez-vous la posture du Ps par rapport au procès de Khalifa Sall ?
C’est encore une matérialisation de la dérision de certains camarades du Ps. Dans notre société en général, si une personne est dans des difficultés, quelle que soit l’origine, il y a au moins une vague de compassion. Chez nous, c’est comme cela que ça se passe. Si quelqu’un a un événement gai, on sympathise avec lui et s’il a un événement triste, on fait dans la compassion. Mais nous sommes en face de camarades qui sont vraiment obnubilés par le pouvoir. Ils ne sont là que pour les intérêts de Benno Bokk Yaakaar.
Ce qui les intéresse, c’est la répartition du gâteau. Nous les appelons à revenir aux valeurs socialistes prônées par Senghor. Nous les appelons à la retenue, à la solidarité, mais aussi au dialogue. Notre seul tort est d’avoir des ambitions. Ce flambeau, nous le portons bien. Nous sommes dans une posture de nous battre pour la conquête du pouvoir. C’est cela la mission première d’un parti politique. Nous voulons faire rebondir le Ps, revenir au pouvoir et vendre notre projet politique aux Sénégalais.
Le jour de la commémoration du 16e anniversaire du décès de Léopold Sédar Senghor, le député Cheikh Seck a déclaré que le Ps compte 136 coordinations dont les 117 suivent la ligne légale du parti. Il a aussi soutenu qu’aucun département n’est avec Khalifa Sall et sur les 19 communes d’arrondissement de Dakar, seules 7 sont avec lui. Ces chiffres sont-ils avérés ?
Ce ne sont pas des chiffres avérés et je le défie de montrer un texte du parti où on a reconnu le regroupement des coordinations comme une instance du parti. Même si toutes les coordinations étaient avec l’actuelle équipe qui est dans la direction du parti, elles ne sont pas des instances formelles de prise de décisions. Donc, je leur demande de retourner aux textes du parti. Les coordinations sont des entités de base qui permettent d’encadrer et d’inciter l’action militante. Ce n’est pas une instance reconnue formellement. Je les invite à retourner et à se familiariser avec les textes du parti, mais surtout dans le sens du dialogue et de la discussion. Ils sont des responsables égarés, il faut qu’ils se remettent sur les rails et toujours avoir en bréviaire les orientations de Senghor.
Est-ce à dire que vous êtes prêts à négocier ?
Il faut toujours discuter, parce que la discussion a la pédagogie de donner une orientation claire de faire ressortir la raison.
Quels sont les points sur lesquels vous souhaiteriez discuter ?
Il faut des termes de référence pour ces discussions-là. C’est vraiment la pédagogie de la réflexion, de l’orientation, c’est un peu le sens de l’organisation. Vous savez que le Ps a toujours été caractérisé par son organisation, le fonctionnement correct de ses instances de base. Si, aujourd’hui, nous avons des soucis par rapport à cela, il faut que les gens se mettent autour d’une table pour discuter de ces questions.
Quels sont les départements du Sénégal et communes de Dakar contrôlés par Khalifa Sall ?
Nous n’en sommes pas au contrôle des départements ou régions. Aujourd’hui, nous devons enclencher le processus de renouvellement des instances de base, discuter au sein du Congrès avec des thématiques et une orientation claire que le parti devrait prendre. Nous n’en sommes pas dans cette tendance phagocytaire. C'est-à-dire dans la logique de dire que nous sommes majoritaires ou non dans tel département. L’essentiel est que nous avons parcouru tout le Sénégal, pendant que notre leader était en liberté. Nous avons senti qu’il y a un élan de solidarité et de sympathie par rapport à la personne du maire de Dakar. Et c’est le plus important pour nous.
Pensez-vous pouvoir faire le poids face à la direction du parti ?
Nous sommes dans le camp de la raison qui l’a toujours remporté devant la dérision.
Le procès du maire de Dakar est renvoyé jusqu’au 3 janvier prochain. Selon vous, qu’est-ce qui attend votre leader ?
Le renvoie du procès a été d’office, parce que même le tribunal n’était pas dans les dispositions administratives correctes et normales pour l’organiser. Nous restons sereins à l’image de notre leader qui est apparu au tribunal avec un moral d’acier, de la verve. Pour le 3 janvier, nous nous attendons à un démarrage du procès dans les conditions réglementaires et dans le respect du droit positif sénégalais, et éventuellement que son innocence soit prouvée parce que nous en avons les preuves.