Selon Pr Cheikh Tidiane Ndour, 12 500 personnes atteintes du Vih et Infections sexuellement transmissibles (Ist) courent les rues, à cause de la stigmatisation.
On les retrouve parmi les homosexuels (18 %), les prostitués (6,6 %) et même les chez les personnes qui s’injectent de la drogue (9 %). Les localités de Tamba, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor sont les plus touchées.
L’alerte est lancée par une voix autorisée au sein du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Selon Pr Cheikh Tidiane Ndour, chef de la Division de lutte contre le Sida et les Infections sexuellement transmissibles (Dlsi), 12 500 personnes sont infectées du Vih Sida, mais non encore identifiées dans le fichier, à l’issue du test de dépistage. Il en a fait l’annonce samedi dernier, lors des journées des portes ouvertes de Dlsi. «En ce qui concerne le dépistage, on a fait un peu de plus la moitié des cas. Il nous reste 12 500 cas à dépister, infectées et non connues», dira-t-il dans un entretien avec les journalistes. Ces personnes vivant avec le Vih/Sida souffrent doublement dans leur chair. En plus de faire face à la maladie, elles sont confrontées à la stigmatisation. A cause de cette situation, plusieurs d’entre elles se sont évaporées dans la nature pour fuir le regard inquisiteur des voisins et s’éloigner des railleries des parents. Et cette stigmatisation a de graves répercussions sur le travail des structures sanitaires habilitées à les prendre en charge.
Pour la mise sous traitement, Pr Ndour soulignera : «On est aussi à plus de 50 %. Il y a donc la moitié à mettre sous traitement. Mais le principal gap qu’on a constaté, c’est la charge virale». Avant de préciser qu’«en dehors des progrès notables qu’on a engrangés en matière de dépistage et de prise en charge, c’est de mettre le focus sur les gaps. On a des objectifs pour 2020 et c’est important de voir où en est-on». Pour le patron de la Division de lutte contre le Sida et les Ist, «il y a beaucoup de progrès dans la prise en charge, mais ils ne sont pas bien partagés avec les populations. Ces journées seront mises à profit pour faire un état des lieux exhaustif à partager avec les populations».
18 % chez les homosexuels, 6 % chez les prostituées
S’agissant de la prévalence nationale, le patron de la Division de lutte contre le Sida et les Infections sexuellement transmissibles (Ist) de faire savoir : «Au Sénégal, l’épidémie est de type concentrée. La prévalence nationale est basse. Elle tourne autour de 0,5 %. Mais elle est de 18 % au niveau des hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, de 6,6 % chez les professionnels du sexe et 9 % chez les personnes qui s’injectent de la drogue». L’essentiel des cas, à l’entendre, «se trouve dans ces populations». Suffisant pour signaler que «pour avoir un accès à ces populations, il faudra lutter contre la stigmatisation. Les Sénégalais doivent savoir qu’il ne s’agit pas d’entités à part. Ces populations sont parmi nous. C’est la même communauté et pour atteindre les objectifs au plan général, il faut l’atteindre sur la population clef».
Tamba, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor plus touchés
En ce qui concerne les zones vulnérables, Pr Ndour indexe les zones Sud et Sud Est. Particulièrement les régions de Tamba, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor mais surtout chez les populations clefs et les fratries. C’est-à-dire les familles de personnes infectées par le Vih. «On s’est rendu compte que c’est seulement le tiers des enfants qui est dépisté or la logique voudrait que tous les enfants de mère séropositive soient dépistés. On a identifié les gaps et des plans d’action seront déroulés durant ces deux ans à venir pour combler ces gaps», a détaillé le patron de la Division de lutte contre le Sida et les Ist.
Magib GAYE