Au troisième trimestre de l’année 2017, les systèmes financiers décentralisés (Sfd) ont totalisé plus de 2 millions de clients, soit un taux de pénétration du secteur de 18,6 %. C’est ce qu’a souligné, hier, le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, lors d’une concertation avec les acteurs du secteur.
‘’La vitalité du secteur de la microfinance sénégalais n’est plus à démontrer’’. Cette affirmation est du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan Amadou Ba. Il s’exprimait hier, en marge d’une réunion de concertation avec les acteurs du secteur. ‘’Au troisième trimestre de l’année en cours, les Sfd (systèmes financiers décentralisés) totalisent plus de 2 millions de clients, ce qui a permis d’atteindre un taux de pénétration du secteur de 18,6 %. Sur la même période, les dépôts et les crédits ont atteint respectivement 309 et 351,1 milliards de francs Cfa. Les fonds propres sont ressortis à 114 milliards, alors que les emprunts se situent à 66,3 milliards, essentiellement constitués de ressources longues (96 %)’’, a expliqué le ministre des Finances.
En réalité, la contribution des Sfd au financement de l’économie s’établit à 10,4 %. Ce qui confirme, pour lui, l’effort de financement de l’activité économique par le secteur de la microfinance. ‘’Toutefois, la pérennisation de ces performances devient une exigence aussi bien pour l’Etat que pour les acteurs qui doivent s’engager à consolider l’efficacité du cadre d’exercice des activités, en particulier par l’adoption d’une meilleure gouvernance pour s’éloigner du spectre des crises et des faillites’’, a signalé Amadou Ba.
Selon le ministre, la viabilité des Sfd concerne plusieurs parties prenantes. Il s’agit, notamment, des investisseurs désireux de fructifier leur capital, des déposants exigeant la sécurité de leur épargne, des emprunteurs demandant un accès pérenne au crédit, des partenaires techniques et financiers visant l’appui à des initiatives de développement, mais également de l’Etat, garant, en définitive, de la stabilité du système.
Sous ce rapport, le ministre des Finances a indiqué que son département s’est engagé à s’investir dans la gouvernance des Sfd. Ceci, en privilégiant la concertation et l’accompagnement pour ‘’une meilleure connaissance’’ des bonnes pratiques et des risques. D’après Amadou Ba, c’est ainsi que l’autorité a pris la décision de mettre en place un nouveau cadre institutionnel, particulièrement la création de la Direction générale du secteur financier et de la compétitivité, entité regroupant la Direction des assurances, la Direction de la monnaie et du crédit, la Drs/Sfd et la Direction de l’appui au secteur privé.
L’équation de la fiscalité dans le secteur des assurances
La journée d’hier a aussi été l’occasion, pour le ministre de l’Economie, d’échanger avec les acteurs du secteur des assurances. Le directeur général du Secteur financier et de la Compétitivité, Pape Amadou Sarr, a fait remarquer que le caractère immatériel de l’assurance ‘’masque le rôle du secteur’’ dans l’économie nationale. ‘’Pourtant, elle contribue à stimuler la croissance, à accroitre la résilience des économies locales et à faciliter l’accès des ménages à travers une solidarité de distribution entre les couches les plus défavorisées. Le secteur de l’assurance pourrait être un vecteur fondamental pour l’atteinte des objectifs de croissance économique et de réduction de la pauvreté’’, a-t-il dit.
En Afrique, la pénétration du secteur dans le Pib reste encore très faible. Elle tourne autour de 1 %, loin des 5 % de l’Asie. Et son futur, sur le continent, passerait, ‘’forcément’’, selon M. Sarr, par la micro-assurance, comme l’ont fait la microfinance et le numérique. ‘’Cela va demander une innovation, la flexibilité de la part des compagnies d’assurance pour s’adapter aux nouveaux canaux de distribution à travers le numérique. La fiscalité, dans le domaine d’assurance, pose problème’’, a souligné le Dg du Secteur financier et de la Compétitivité.
Il n’empêche que le ministre de l’Economie a magnifié la dynamique dans laquelle le secteur s’est inscrit ces dernières années, avec un taux de croissance moyen supérieur à 10 %. Un taux tiré par l’assurance-vie qui connait une croissance supérieure à 20 %. ‘’Ce dynamisme de l’industrie des assurances devrait nous rassurer davantage sur votre capacité à contribuer efficacement au financement de l’émergence économique de notre pays’’, a-t-il lancé. Aujourd’hui, les découvertes récentes de pétrole et de gaz susciteraient, selon le ministre, de nouveaux besoins d’assurance, avec des risques aussi variés que les activités d’exploration, de production et de distribution pétrolière et gazière.
MARIAMA DIEME