Fraîchement diplômé de l’Ecole technique fédérale de Lausanne (Suisse), Me Patrick Remarck veut continuer à apporter sa riche expérience aux plus jeunes. « Le sport sert de développement… », A-t-il répété inlassablement dans cet entretien réalisé depuis son domicile parisien situé à Boulogne-Billancourt.
Diasporas-News : Quelle est votre actualité?
Patrick Remarck : J’ai fait mon parcours. J’ai été athlète. D’athlète, je suis devenu coach en Côte d’Ivoire et aux Etats-Unis. Aujourd’hui, j’ai fait un saut et je travaille désormais au niveau de l’administration. Il s’agit d’établir des programmes très sérieux. J’ai donc appris à Lausanne l’un des meilleurs programmes appelé Académie internationale des sciences, du sport et de la Technologie.
D-N : De quoi ce programme est-il constitué ?
P.R: Il est établi par le Comité international olympique et l’Ecole technique fédérale de Lausanne, l’une des cinq meilleures universités au monde. Ce programme est donc le numéro un dans l’administration du sport. Mon diplôme m’a été remis le 29 novembre 2017 par le président du Comité international olympique.
D-N : Vous venez donc de décrocher un Master dans l’administration du sport et de la technologie. Quels sont désormais vos objectifs ?
P.R: J’espère pouvoir relever les grands défis dans le sport à l’échelle contemporain.
D-N : C’est-à-dire ?
P.R: Le sport est en mouvement. Il y a la technologie qui fait que les performances sont mieux analysées. Il faut une nouvelle approche au niveau des performances des athlètes. De la préparation avec des technologies de pointes aux résultats. J’ai eu la chance de travailler aux Etats-Unis et j’étais basé au Centre olympique américain. Vous savez bien que là-bas, la culture de l’olympisme et de l’excellence est élevée. J’ai pu être au musée américain pour mieux cerner leurs méthodes et autres stratégies. Dans cette même lignée, le diplôme que j’ai obtenu m’aidera à amener d’autres coaches à être plus performants et de pouvoir répondre aux exigences du sport contemporain.
D-N : En tant que premier Ivoirien à obtenir ce diplôme, que ressentez-vous ?
P.R: De la fierté. Nous étions un groupe de 35 personnes et je représentais la Côte d’Ivoire. Durant 14 mois, la formation m’a appris beaucoup. J’ai un stage à faire mais j’ai eu une dérogation spéciale au vu de mon expérience.
D-N : Quels sont vos projets à moyen et à long terme ?
P.R: Le sport sert au développement. Pendant mes recherches, j’ai constaté que la jeunesse est forte en Afrique. 70°/° de la population ivoirienne par exemple est jeune. Nous avons donc une jeunesse forte et des efforts doivent être faits pour canaliser tous ces jeunes. Il faut actualiser leur intelligence créative et les amener à une insertion sociale à travers des stratégies d’entreprenariat pour que chaque jeune soit actif dans le système ivoirien.
D-N : Me Remarck a été champion de Côte d’Ivoire, d’Afrique et du monde de Taekwondo. Il a été directeur technique des Fédérations ivoirienne et américaine de taekwondo. Vous êtes Expert en taekwondo. Qu’est-ce qui vous fait encore courir… ?
P.R: Rires. C’est toujours la culture de l’excellence qui m’anime. Je veux toujours me dépasser, me transcender. Pour moi, le savoir est quelque chose qu’il faut cultiver. C’est un processus continuel, qui n’est jamais accompli. Etre Maître était un objectif. On n’est jamais assez sage. Il faut toujours tendre vers notre humanité et continuer de travailler son potentiel. Et avec le sport, c’est possible. Avoir des médailles reste artificiel car la médaille ne montre que notre caractère humain. Or le respect, le dépassement de soi, la maitrise, gérer ses peurs… reste plus important. Le sport permet donc à tout le monde de grandir et de s’éduquer.
« J’ai peur pour l’après 2020 en Côte d’Ivoire… »
D-N : En tant qu’expert du taekwondo, comment jugez-vous le niveau actuel du taekwondo africain ?
P.R: Il y a des résultats. J’y ai participé. En Côte d’Ivoire par exemple, des choses ont été mises en place depuis Me Siaka Coulibaly jusqu’à Me Bamba Cheick Daniel. Il faut toujours se projeter sur le long terme en sport. J’y ai investi de l’argent. Il faut insuffler de l’expertise dans cette discipline. Actuellement, le niveau est bon mais dans notre vouloir d’avoir des médailles, il y aura des choses à rattraper. L’accent n’ pas été mis sur la formation. Un vide risque de se créer à un moment donné. J’ai peur pour l’après 2020. Il y a des choses à faire dans ce sens.
D-N : Que pensez-vous de ce qui oppose Me Bamba Cheick Daniel et le Général Lassana Palenfo en Côte d’Ivoire ?
P.R: Ce sont deux grands. Quand il y a des défis, il faut savoir ce qu’on gagne et ce qu’on perd. Ce qui s’est passé a endommagé la réputation de la Côte d’Ivoire. Ce sont deux anciens ministres et les problèmes doivent se régler de l’intérieur. Le Général Palenfo est un grand symbole, il est le président de l’ACNOA. Il veut que le droit prévale là où Bamba Cheick Daniel agite son élection à la Fédération ivoirienne de taekwondo. On a un système de lois. Il ne devrait pas avoir d’attaques directes. Je suis pour le respect du droit. Il faudrait que le droit parle. Je remercie Le Général Palenfo pour tout ce qu’il a fait pour le taekwondo. L’Etat ivoirien m’avait promis certaines choses. J’ai participé aux résultats de la Côte d’Ivoire aux Jeux Olympiques. J’ai engagé des frais financiers pour pouvoir réaliser mon programme. Ma famille m’a soutenu. Le Général Palenfo a pris une partie de son budget aussi.
D-N : Combien vous doit la Côte d’Ivoire ?
P.R: Le Général Palenfo m’a remis cinq millions F Cfa. Mon programme tournait autour de 50 millions F Cfa. Il y a donc 45 millions F Cfa que la Côte d’Ivoire me doit. Lors de la cérémonie de remise des médailles olympiques (où j’ai été décoré), des promesses ont été faites dans ce sens mais rien n’a suivi. Je suis l’un des artisans de nos bons résultats. On a tendance à oublier ceux qui travaillent dans l’ombre. C’est à revoir. Aujourd’hui, je suis devenu un administrateur du sport de haut niveau et je peux encore servir à plus grand échelle, pas seulement au niveau du taekwondo.
D-N : Vous verra-t-on un jour à la tête de la Fédération ivoirienne de Taekwondo ?
P.R: C’est possible. Rien n’est exclu… Il y a des actions qui peuvent être faites dans l’ombre. On peut être silencieux et travailler. Des personnes comme Me Ali Bamba, Bayou Charles et moi-même avions fait des dons pour la sélection olympique et aux encadreurs. Tant que les gens donnent la place qu’il faut à chacun, tout reste possible. Ce que le gens doivent retenir, c’est que je peux apporter un plus à cette discipline sans forcément être le patron.
Réalisé par Guy-Florentin Yameogo
Paru dans Diasporas-News n°91 Décembre 2017