Depuis trois mois, le leader du parti Rewmi est en tournée de proximité ‘’Orange’’. Ce week-end, il était dans la région de Louga. Face à la presse, il a donné son point de vue sur les points saillants de l’actualité.
Depuis la nomination de l’ambassadeur Seydou Nourou Bâ à la tête du Comité de concertation du processus électoral (Ccpe), il y a quelques jours, les réactions affluent de tout bord. Ce week-end, en visite à Nguirile, une commune située dans la région de Louga, le secrétaire général du parti Rewmi, Idrissa Seck, s’est montré sceptique sur la question. ‘’Il (Ndlr : Seydou Nourou Bâ) peut être un bon ambassadeur, mais on ne peut pas résoudre une situation née des agressions du régime, qui sont des faits qu’il pose quotidiennement, par la parole et la diplomatie’’, déclare l’ancien Premier ministre qui attend plus du régime. ‘’L’Etat n’a qu’à poser des actes concrets, précis. Il n’a qu’à changer son ministre de l’Intérieur, mettre en place une institution indépendante. Quand il commencera des choses comme ça, on le prendra au sérieux’’, avance-t-il. Car, sans ces préalables, rien ne pourra se faire, à l’en croire.
Idrissa Seck considère qu’un ministre de l’Intérieur membre du parti au pouvoir ne peut être ‘’neutre’’. Donc, il faudrait ‘’une personnalité neutre pour s’occuper de l’élection’’. Aussi, concernant le dialogue social, il estime qu’il n’a pas sa raison d’être. ‘’Les cartes d’identité doivent être données aux populations. Cela ne nécessite pas des dialogues formels, des discours dans un palais, etc. En tout cas, moi, personne ne m’y verra’’, dit-il d’un ton sans appel. Avant de faire une précision : ‘’Je voudrais être très clair. Il n’y a que les personnes qui honorent leurs paroles et leurs engagements qui sont dignes d’être mon interlocuteur en matière de dialogue politique.’’ Et ‘’le président de la République n’en fait pas partie’’.
A son avis, ‘’on ne peut pas modifier par la parole une situation née d’actes précis. Le président de la République ne peut pas passer son temps à manipuler la justice et en faire une arme de destruction de ses adversaires politiques, à être un agresseur contre ses adversaires politiques et à les appeler au dialogue. Ça n’a aucun sens’’. Faisant référence au maire de Dakar Khalifa Sall et à Karim Wade, il réclame la libération du premier nommé et le retour de son exil forcé du second. ‘’Notre justice doit cesser d’être manipulée pour servir d’instrument de destruction d’adversaires. Cela doit être un combat prioritaire. Il faut que la justice recouvre sa crédibilité’’, fulmine-t-il.
Pour lui, cette dernière ne s’attaque pas aux partisans du président qui ne sont pas exempts de reproches.
‘’L’ouverture précipitée de l’Aibd, c’est une catastrophe’’
Le patron de Rewmi a aussi demandé au chef de l’Etat de se rappeler des populations du Sénégal des profondeurs. D’après lui, au cours de ses trois mois de tournée, ces dernières lui ont dit ne pas sentir la politique de l’Etat qui semble ne concerner que Dakar et Diamniadio. ‘’Il faut que les précipitations, les slogans cessent et qu’on s’occupe des véritables préoccupations des populations. Ces dernières souffrent. Partout où je suis passé, les paysans m’ont parlé de la catastrophe que constitue la campagne agricole. L’Etat fixe le prix au producteur à 210 F, mais n’amène pas le produit.
Les paysans sont obligés, pour faire face à leurs besoins, d’aller dans les ‘’loumas’’ (Ndlr : marchés hebdomadaires) pour essayer de vendre leurs productions à des prix dérisoires compris entre 175 et 190 F’’, a-t-il déclaré. ‘’Ils sont obligés de brader leurs productions à ces prix-là, parce que l’Etat n’est pas présent et n’apporte pas l’argent. Il se contente simplement de fixer, sur le plan théorique, un prix que les gens ne retrouvent pas sur le marché’’, selon lui. Et ‘’tout cela traduit ce que j’ai toujours appelé l’incompétence du président de la République à gérer le pays’’, a-t-il souri.
Cette dernière expliquerait d’ailleurs tous les soucis notés depuis l’ouverture de l’aéroport international Blaise Diagne. ‘’Quand on se précipite pour un aéroport qui n’a pas toutes ses certifications, qui n’est même pas prêt, qui n’a pas de zone de fret, mais c’est une catastrophe. Comment vous voulez appeler cela si ce n’est de l’incompétence’’, a enfoncé l’ancien maire de Thiès.
C’est pour toutes ces raisons, a-t-il dit, qu’il appelle le président à prendre à bras le corps les préoccupations des Sénégalais. ‘’Je veux qu’il soit sérieux, je veux qu’il arrête de faire semblant’’, a expliqué M. Seck.