Les titulaires du marché du Train express régional (Ter) et l’Administration sénégalaise, à travers l’Apix, s’activent sur le terrain afin de relever les défis auxquels ils font face pour le respect des délais de livraison de l’ouvrage prévue le 14 janvier 2019. Le Dg de l’Apix l’a dit, hier, en marge d’une visite de chantier de l’ambassadeur de France au Sénégal.
Les titulaires du marché du Train express régional (Ter) n’ont plus qu’environ 12 mois pour livrer le chantier attendu pour ‘’révolutionner’’ le transport de masse au Sénégal, en particulier à Dakar. A la ‘’maison du Ter’’ située dans les locaux de l’ancienne gare ferroviaire, les ouvriers s’activent dès les premières heures de la journée. Le temps est encore à la démolition et à la réhabilitation des anciens bâtiments. ‘’Les travaux qui sont en cours sont ceux de déconstruction des quais qui existaient. Puisque la gare de Dakar est entièrement réaménagée. Ce sont 4 voies qui vont arriver dans cette gare emblématique. Elles se rejoindront sur deux voies pour aboutir à l’Aibd’’, précise le chef de projet Etienne Thibaut. Ainsi, sur les 6 premiers kilomètres du chantier, le constat sera le même. Des camions de sable, des pistes, des ouvriers au travail sont aperçus le long du parcours.
A la base logistique de Bargny, qui va accueillir tous les trains travaux pour la réalisation de la voie du chemin de fer, des camions déversent du béton sur un terrain bitumé et des ouvriers mettent en place des traverses en bois. ‘’Avant d’accueillir le matériel de construction qui doit venir de la France, il est important de faire une base-travaux. C’est une base provisoire, c’est pourquoi il y a des traverses en bois. Celles de la future voie du Ter seront en béton. C’est 3 km de voie que nous faisons côté nord pour accueillir les trains travaux’’, explique l’ingénieur français. De l’autre côté du terrain, il est prévu la même chose pour accueillir les engins ferroviaires du marché 3 qui, eux, vont servir à réhabiliter la voie métrique existante.
‘’Nous sommes en train de construire la base vie, des magasins de stockage du matériel. Des milliers de tonnes de ballast ont été livrés. A terme, c’est un stockage de 300 000 t que nous allons faire ici. Ce chantier va prendre 50 % de la production sénégalaise en ballast, qui varie entre 15 et 20 000 t/j’’, ajoute-t-il. Pour un gain de temps, partout où les emprises sont libérées, il y a une piste en latérite. Et, d’ici la fin de l’année, selon Etienne Thibaut, la base-travaux qui est primordiale sera terminée. En début d’année prochaine, la mise en place des sous-couches sera démarrée.
Ne pas confondre vitesse et précipitation
Toutefois, le chef de projet indique qu’il ne faut pas qu’on ‘’confonde vitesse et précipitation’’. ‘’Pour un chantier de cette envergure, il était nécessaire d’avoir un temps de préparation pour laisser les ingénieurs travailler’’, signale-t-il. Des blocages et des contraintes, il y en aura lorsque les voies ferrées seront entamées. C’est ce que déclare le directeur général d’Eiffage, Gérard Senac. ‘’Le projet demandera à tout le monde, que ce soit l’Administration, les entreprises, une communication importante. Il y aura des blocages, des contraintes, lorsqu’on va attaquer les voies ferrées. Tout le monde devra comprendre que ce chantier va causer quelques petits soucis et qu’il faudra lever’’, affirme-t-il.
D’ailleurs, l’objet de la visite a été de faire la revue d’étapes avec les titulaires des marchés. ‘’Parce qu’il y a un enjeu énorme, à leur niveau, de respecter les délais et de rentrer dans la phase active de la mise à disposition des ressources physiques. Mais aussi, en contrepartie, un défi majeur pour l’Administration sénégalaise. Parce qu’elle servira de support pour accompagner ces titulaires’’, renchérit, pour sa part, le directeur général de l’Apix, Mountaga Sy.
En effet, il est attendu 3 000 conteneurs qui viendront au port de Dakar, un bateau de 10 000 tonnes qui transportera les rails et les ferrailles pour le chantier et tous les trains de travaux. Pour cela, le Dg de l’Apix estime que dans l’horizon actuel du projet, il va falloir s’organiser au niveau du port et de la douane et mettre en place une commission logistique portuaire qui va permettre d’accélérer le processus de dédouanement.
Le Ter aura à bord du wifi et des dispositions de commande afin d’identifier ou de localiser le train à tout point du tracé. Dès lors, l’Autorité de régulation des télécoms et postes (Artp) mettra à disposition une largeur de bande de fréquence 900 mégahertz.
Le Petit train de banlieue (Ptb) doit également fonctionner durant la phase d’exécution du projet. ‘’Il y aura ainsi des schémas de dispositions avec des voies de contournement avec des ripages voies afin de permettre un fonctionnement optimal du Ptb’’, poursuit le Dg de l’Apix. En attendant la fin du projet, le terminus du Ptb est reculé jusqu’à Colobane. Les passagers descendent là-bas où, en relation avec Dakar Dem Dikk, il y a eu une voie dédiée aux bus qui reprennent les passagers et les amènent sur deux axes majeurs. Il s’agit de l’Assemblée nationale et devant le tribunal de Dakar. ‘’Ceux-ci sont des défis majeurs que l’Administration doit relever pour être dans les délais’’, souligne Mountaga Sy.
La France ‘’très attentive’’ à l’état d’avancement du projet
Le Ter est un chantier ‘’essentiel’’ pour la coopération franco-sénégalaise, selon l’ambassadeur de France au Sénégal Christophe Bigot et c’est un des premiers du genre entre les deux pays. Il a rappelé que l’histoire entre les deux pays était marquée par la construction du rail entre Saint-Louis et Dakar. ‘’Donc, nous continuons cette histoire en apportant un train moderne, performant qui va changer la donne dans cette région et unique en Afrique de l’Ouest. (…) Ce que j’ai vu témoigne une mobilisation très forte. La France est très attentive à l’état d’avancement du projet, afin qu’il puisse être réalisé, comme le président l’a souhaité, pour le 14 janvier 2019’’, déclare l’ambassadeur.
Selon ses dires, il a été convenu, le 19 octobre dernier, lors d’un séminaire intergouvernemental présidé par les deux Premiers ministres à Paris, d’avoir un groupe de travail, un comité bilatéral qui se tiendra le 19 janvier prochain à Dakar. Cela pour faire en sorte, dit-il, ‘’qu’à la fois bailleurs-entreprises et autorités sénégalaises puissent atteindre ce grand objectif. Qui est à la fois complexe, difficile et qui nécessite une grande coordination. C’est avec cette coordination-là, si tout le monde travaille avec le même rythme, qu’on pourra obtenir les délais très courts qui nous sont demandés’’.
Il faut noter que la France contribue au projet en tant que bailleur à hauteur de 215 millions d’euros, soit environ 141 milliards de francs Cfa, à travers l’Agence française de développement, le Trésor français et la Banque publique d’investissement.