DAKAR -- Le procès du maire de Dakar Khalifa Sall et de ses co-inculpés a été renvoyé au 3 janvier 2018, peu de temps après son ouverture devant le tribunal correctionnel de Dakar, a constaté Xinhua.
L'ajournement et le renvoi du procès en audience spéciale ont été demandés par les avocats du maire de Dakar dés l'ouverture de l'audience.
Pour sa part, le procureur de la République a plaidé pour la tenue d'une audience spéciale.
Le juge, l'ancien président de l'Union des magistrats Sénégalais (UMS), Magatte Diop, a accepté ces requêtes et a renvoyé le procès au 3 janvier.
Khalifa Sall est en détention préventive depuis mars dernier pour des malversations présumées portant sur 1,8 milliard de F CFA.
Le doyen des juges d'instruction l'a inculpé en mars en même temps que le directeur financier de la mairie de Dakar, pour "association de malfaiteurs", "détournement de deniers publics et escroquerie portant sur les deniers publics", "faux et usage de faux dans des documents administratifs", "blanchiment de capitaux", et "complicité de faux et usage de faux en écriture de commerce".
Six autres collaborateurs du maire sont aussi poursuivis pour divers délits.
L'inculpation du maire de Dakar a soulevé une vive polémique. Les défenseurs de M. Sall soutiennent qu'il n'y a pas eu de malversations car leur client a utilisé de manière discrétionnaire des fonds politiques qui pouvaient être dépensés sans justification.
L'accusation affirme pour sa part qu'il ne s'agit pas de fonds politiques, mais d'une caisse d'avance destinée à venir en aide aux nécessiteux.
Lors de l'enquête, il a été révélé que 30 millions de francs CFA étaient remis tous les mois au maire, sur la base de fausses factures.
Khalifa Sall a nié tout enrichissement personnel, estimant qu'il s'agit d'un procès politique visant à écarter un éventuel candidat à la présidentielle de 2019, contre le président Macky Sall.
Ancien membre de la coalition au pouvoir Benno bokk yakaar (BBY), le maire socialiste de Dakar s'est progressivement démarqué de cette alliance et du Parti socialiste, au point que les observateurs lui prêtent des ambitions présidentielles. A plusieurs étapes de la procédure, ses défenseurs ont dénoncé des manquements en la qualifiant de politique. Alors que la liberté provisoire lui a été refusée, Khalifa Sall a été investi par une des deux grandes coalitions de l'opposition et élu député en juillet 2017.
Les députés sénégalais ont récemment voté la levée de son immunité parlementaire à la demande du procureur de la République.
Début décembre, les avocats du maire de Dakar ont déposé une caution pour sa libération provisoire, mais celle-ci a été rejetée par le doyen des juges.