DAKAR -- Le procès du maire de Dakar, Khalifa Sall, et de ses co-inculpés, accusés de malversations, s'ouvre jeudi devant le Tribunal correctionnel de grande instance de Dakar.
Le maire de Dakar et ses collaborateurs sont en détention préventive depuis le 7 mars dernier, pour des malversations présumées portant sur 1,8 milliard de francs CFA.
En mars, le doyen des juges d'instruction a inculpé le maire de Dakar et le directeur financier de la mairie de Dakar pour "association de malfaiteurs", "détournement de deniers publics et escroquerie portant sur les deniers publics", "faux et usage de faux dans des documents administratifs", "blanchiment de capitaux" et "complicité de faux et usage de faux en écriture de commerce".
Six autres collaborateurs du maire sont aussi poursuivis pour divers délits.
L'inculpation du maire de Dakar a soulevé une vive polémique. Les défenseurs de M. Sall soutiennent qu'il n'y a pas eu de malversations car leur client a utilisé de manière discrétionnaire des fonds politiques qui pouvaient être dépensés sans justification.
L'accusation affirme pour sa part qu'il ne s'agit pas de fonds politiques, mais d'une caisse d'avance destinée à venir en aide aux nécessiteux.
Lors de l'enquête, il a été révélé que 30 millions de francs CFA étaient remis tous les mois au maire, sur la base de fausses factures. Khalifa Sall a nié tout enrichissement personnel, estimant qu'il s'agit d'un procès politique visant à écarter un éventuel candidat à la présidentielle de 2019, contre le président Macky Sall.
Ancien membre de la coalition au pouvoir Benno bokk yakaar (BBY), le maire socialiste de Dakar s'est progressivement démarqué de cette alliance et du Parti socialiste, au point que les observateurs lui prêtent des ambitions présidentielles. A plusieurs étapes de la procédure, ses défenseurs ont dénoncé des manquements en la qualifiant de politique.Alors que la liberté provisoire lui a été refusée, Khalifa Sall a été investi par une des deux grandes coalitions de l'opposition et élu député en juillet 2017.
Il n'a cependant pas pu participer à la rentrée de la 13ème législature, n'ayant pas été libéré pour occuper son siège de député. Les députés sénégalais ont récemment voté la levée de l'immunité de Khalifa Sall, à la demande du procureur de la République.
Pour le ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall, le plus important dans le dossier du maire de Dakar "n'est pas d'épiloguer sur l'immunité parlementaire mais de respecter toutes les formes garantissant la tenue d'un procès équitable".
Début décembre, les avocats du maire de Dakar ont déposé une caution pour sa libération provisoire, mais celle-ci a été rejetée par le doyen des juges.