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Coupe abusive de bois : Les députés exigent un durcissement des peines
Publié le mardi 12 decembre 2017  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Le nouveau ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mame Thierno Dieng




En séance plénière hier, les députés de la 13e législature ont invité le ministre de l’Environnement et du Développement durable à durcir les peines pour faire face à la coupe abusive de bois.



La coupe abusive de bois inquiète la représentation nationale. Les députés de la 13e législature se sont montrés, hier, préoccupés par la préservation de nos ressources forestières. Dans un contexte national où la déforestation devient de plus en plus un fléau qui décime nos forêts, surtout dans les régions frontalières du pays, ils ont interpellé le ministre de tutelle sur les mesures de préservation de nos ressources.

En séance plénière, hier, lors du vote du budget du ministère de l’Environnement et du Développement rural, ils ont réclamé au ministre Mame Thierno Dieng l’adoption d’une loi draconienne contre ceux qui coupent frauduleusement les forêts, à l’instar de la loi sur le vol de bétail.

A cette invite, le ministre a rassuré sur les dispositions de l’Etat à corser la note. ‘’Dans le nouveau code forestier qui est en train d’être adopté, il est prévu de durcir les lois’’, a-t-il souligné.

Les députés ont, en effet, attiré l’attention du ministre de tutelle sur la situation qui prévaut dans les forêts classées en Casamance qui, selon eux, sont très agressées. C’est pourquoi ils ont demandé au ministre de prendre les dispositions nécessaires par rapport aux scieries clandestines qui foisonnent dans les villages polarisés par les forêts, favorisant ainsi le déboisement à outrance. ‘’Le bois est transporté durant toute la nuit par des charrettes, sans problème, malgré tout le dispositif sécuritaire et l’implication de tous les services de défense et de sécurité’’, déplorent les députés.

‘’Assises de l’environnement’’

Pour éviter que la forêt ne soit plus qu’un vieux souvenir en Casamance, les députés ont ainsi demandé à Mame Thierno Dieng d’agir vite et de prendre les dispositions nécessaires pour stopper nettement le trafic illicite de bois dans cette zone.

Pour lutter globalement contre ce fléau sur le territoire national, les députés ont invité le ministre de tutelle à poser le débat pour que l’ensemble des acteurs puissent être imprégnés des conséquences de ce phénomène. A cet effet, ils ont demandé l’organisation des assises de l’environnement et la journée de l’arbre que le président de la République présidera lui-même.

Parallèlement au durcissement des peines, les députés de la 13e législature ont réclamé des moyens de locomotion pour le service départemental des eaux et forêts, lui permettant d’assurer la gestion des forêts, mais aussi la formation et la sensibilisation des populations. Dans la même veine, ils ont sollicité le renforcement des services des eaux et forêts en personnel ainsi que leur positionnement dans les communes, car le travail qui les attend est énorme et leur présence dissuasive.

Par ailleurs, lors de cette plénière, la représentation nationale a affiché toute son inquiétude par rapport à l’agression du domaine maritime de Dakar. Ils ont, à cet effet, signalé l’occupation de la plage par les hôteliers, de sorte que les populations ne peuvent plus profiter de la brise maritime.

Les changements climatiques ont aussi été au cœur des préoccupations des représentants du peuple. Le réchauffement de la terre, l’avancée de la mer, les feux de brousse et les ordures constituent autant de goulots d’étranglement, au moment où des mesures idoines devront être prises pour protéger notre environnement. C’est pour cette raison que les députés ont interpellé le ministre de l’Environnement sur la stratégie mise en place dans la zone sylvo-pastorale qui présente beaucoup d’opportunités, en vue de la protéger.

‘’Nous sommes confrontés à une coupe abusive de bois dans le département de Sédhiou par un pays voisin. Nous savons tous que les Chinois sont établis en Gambie et ce sont eux qui favorisent ce fléau. Le bois transite entre la Gambie et la Guinée-Bissau. Si nous ne faisons rien, nos forêts seront dévastées au détriment des populations’’, relève la députée Ami Ndiaye. Pour son collègue Mame Bounama Sall du Parti socialiste, l’heure est de privilégier la communication et la sensibilisation sur l’importance de la préservation de nos ressources forestières auprès des populations. ‘’On ne peut pas défendre sa forêt en distribuant des quotas de coupe’’, renchérit le député Lamine Ba. Pour sa part, le député Sidy Traoré pointe un doigt accusateur sur les agents des eaux et forêts. ‘’En 1965, un seul garde forestier gardait toute une forêt, parce qu’on appliquait les dispositions de la loi.

Aujourd’hui, une équipe pléthorique s’attelle à cette tâche et n’y parvient pas, parce qu’on n’applique pas les textes. Les gardes forestiers ne font pas leur travail correctement. On ne pourra jamais reboiser tout ce qu’on est en train de perdre dans nos forêts’’, fulmine-t-il. De son côté, Mamadou Diop Decroix, sur un ton ironique, menace de porter plainte contre le président de la République pour non protection de l’intégrité du territoire national, avec tout ce qui se passe non seulement dans les forêts, mais également sur le littoral sénégalais menacé de disparition avec l’érosion côtière. Mais la réplique lui est aussitôt apportée par le député Pape Sagna Mbaye en ces termes : ‘’Le président de la République a bon dos. Il est responsable de tout, dans ce pays.’’ ‘’En quoi le président de la République est-il responsable de la remontée de la mer dans ce pays ? Si on doit porter plainte contre quelqu’un, on sait qui a causé beaucoup de dégâts environnementaux dans ce pays’’, soutient-il d’un ton sec.

Réagissant aux interpellations des députés, le ministre Mame Thierno Dieng s’est montré sceptique quant à la résurgence des feux de brousse pour cette année. Selon lui, on peut s’attendre, cette année, à des feux de brousse très dévastateurs, parce que l’hivernage a été très pluvieux et le tapis herbacé qui a couvert la totalité du pays commence à s’assécher, en précisant que le facteur humain constitue la cause majeure.

Toutefois, Mame Thierno Dieng considère que la prévention est le moyen le plus efficace pour endiguer la coupe illicite de bois. C’est pourquoi, indique-t-il, à l’échelle du pays, des comités locaux de prévention de feux de brousse sont mis en place avec l’accompagnement du ministère par l’installation de pare-feux.

Au-delà de la prévention, le Pr. Mame Thierno Dieng en appelle à la responsabilité des populations. Car, pour lui, l’environnement, c’est d’abord la maitrise des comportements humains. ‘’La plus grande malédiction du pétrole est d’abord environnementale. La déforestation et la disparition de certaines espèces animales est un facteur de majoration de réchauffement climatique. Ces causes sont le fait de l’homme. Il faut un changement de comportement, si nous voulons venir à bout de ces fléaux’’, soutient-il. Non sans ajouter : ‘’L’exploitation ne détruit pas la forêt. C’est l’exploitation sauvage qui la détruit’’.
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