Le numérique n’est pas destructeur d’emplois au Sénégal, il est plutôt créateur. C’est ce qu’a indiqué hier le secrétaire général de l’ADEPME, Mbaye Jean Marie Diouf, lors d’une conférence sur le sujet.
Le Sénégal ne doit pas ‘’se préoccuper’’ de la disparition des emplois face à la percée du numérique, selon le secrétaire général de l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME), Mbaye Jean Marie Diouf. Parce que, dit-il, le pays ‘’n’a pas des emplois à faire disparaître’’. ‘’Nous avons plutôt des emplois à construire. Le Sénégal a une politique en faveur de l’emploi et aujourd’hui, nous pensons que le numérique peut servir à accélérer cette politique’’, a-t-il soutenu hier, en marge d’une conférence publique sur le ‘’numérique au Sénégal : destructeur ou créateur d’emplois’’. Une rencontre organisée dans le cadre des Mardis du numérique.
Pour M. Diouf, le grand défi aujourd’hui, c’est celui de l’employabilité, notamment liée à la formation. ‘’Il faut donner aux jeunes les formations liées aux nouveaux métiers du numérique, mais aussi à tous ses dérivés. Que ce soit dans l’agriculture, la santé, le tourisme etc. Une adaptation de nos formations est nécessaire. C’est tout le système qu’il faut améliorer pour pouvoir répondre aux besoins du monde’’, a-t-il renchéri. Une idée qu’a également soutenue le secrétaire général du ministre en charge de l’Emploi, Gorgui Ndiaye. Selon ce dernier, le numérique est une niche de création d’emplois. C’est la raison pour laquelle il doit être ‘’valorisé’’ pour en tirer tout le potentiel. ‘’Il appartient au gouvernement et au secteur privé de collaborer pour voir comment en tirer le maximum de profits. Car, en 2015, le secteur du numérique a contribué à hauteur de 6,28% au Pib, soit un montant de 475 milliards de francs CFA’’, a-t-il souligné.
De son côté, le Directeur exécutif en charge des Investissements, des TIC, Infrastructures et Services du Fonsis, Pape Demba Diallo, a estimé que le challenge, actuellement, c’est d’avoir confiance en soi-même. Parce que les opportunités se trouvent en Afrique, au Sénégal. ‘’Le numérique doit pénétrer l’ensemble des Sénégalais, l’ensemble de leurs secteurs de vie. Pour ce faire, il faut connaître le Sénégalais. Ce dernier n’est pas l’homme vivant à Dakar qui a tout ce qu’il faut. C’est la population rurale, économiquement moins favorisée. Ce sont ces gens-là qu’il faut aller voir’’, a-t-il affirmé.
Anticiper la transformation digitale des entreprises
D’une manière générale, le danger pour la montée du numérique se situe, selon le président d’African Performance Institute, Ibrahima Nour Eddine Diagne, autour des jeunes qui recherchent de l’emploi. ‘’Les emplois qui tournent autour des besoins vitaux ont vocation à être transformés lentement. Par contre, l’industrie des services est un secteur qui va connaître nécessairement des bouleversements à la fois dans la manière de les produire, de les transporter et de les transformer’’, a-t-il expliqué. Ainsi, M. Diagne a-t-il invité les entreprises qui sont autour de ces secteurs d’anticiper leur transformation digitale pour ne pas disparaître. ‘’Si l’entreprise disparaît, l’emploi disparaît en même temps. Le grand défi, c’est de maintenir ces entreprises et de garantir leur croissance. On ne peut pas empêcher la robotisation. Parce que toutes les entreprises vont chercher à optimiser leurs coûts à travers ce phénomène, pour être compétitives et se positionner sur le marché international’’, a signalé M. Diagne.