Le Premier ministre Aminata Touré a réaffirmé, avant-hier à Dakar, la volonté du gouvernement sénégalais de poursuivre jusqu'au bout la traque des biens présumés mal acquis, invitant les mis en cause et leurs soutiens à faire profil bas.
"Au Sénégal, on est dans un pays paradoxal où c'est ceux qui doivent le moins parler qui parlent le plus. Malheureusement, ce sont souvent les voleurs qui crient au voleur. Ceux qui parlent d'acharnement feraient mieux de faire profil bas et de se trouver de bons avocats", a-t-elle dit.
Aminata Touré présidait la cérémonie officielle d'ouverture d'un atelier portant sur le thème "Prospective et sociologie du Plan Sénégal émergent ou essai de décryptage sociologique des pesanteurs : freiner, bloquer ou annuler l'élan du PSE". La rencontre était organisée par le Centre international de recherches stratégiques et prospectives (Ciersp) de Dakar.
Selon Mme Touré, "le président de la République, Macky Sall, a voulu rompre avec le passé du point de vue de la gouvernance. Cela demande un changement de comportement radical qui a été incarné dès son arrivée. C'est-à-dire une autre manière de gérer nos deniers publics".
"Il est évident que nous sommes à une étape de notre histoire économique où une ère de nouvelle gouvernance est inaugurée avec le régime du président Macky Sall", a-t-elle affirmé. "Cette nouvelle démarche n'est pas simplement une profession de fois au niveau du président de la République, il a également été à travers plusieurs" initiatives, dont la loi récemment votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale, a-t-elle dit.
"Les députés estiment que la redevabilité des acteurs publics doit être la règle. Désormais, la haute administration, tous ceux qui sont gérants de deniers publics, devront déclarer leur bien à l'entrée et à la sortie", a indiqué le Premier ministre, estimant que c'est une situation nouvelle "quasiment unique en Afrique".
"Cela est valable pour ceux qui sont en place, mais pour ceux qui étaient là, qu'ils le comprennent. Ils auront beau gesticulé, ils auront beau inventé mais justice se fera", a prévenu Aminata Touré, selon qui "la redevabilité est désormais un comportement instruit dans l'ordre normal des choses dans ce pays".
Le Premier ministre a évoqué à ce sujet "un changement de comportement à noter, à renforcer bien entendu et à expliquer aux populations puisque lorsqu'on parle de la corruption, c'est la grande corruption d'Etat qui fait le plus de mal. C'est autant de ressources publiques déniées qui auraient pu être investies ailleurs".