Les fortes retenues opérées sur les salaires des enseignants étaient une erreur. L’Etat promet de rembourser au plus tard mardi, à travers une émission spéciale. Les syndicats, eux, se retrouvent ce matin pour voir comment engager une lutte commune.
La nouvelle a failli mettre le feu aux poudres, avant que les choses ne reviennent au calme. Alors que les enseignants se préparaient à reprendre la lutte syndicale, ils découvrent que l’Etat a opéré des coupes parfois drastiques sur leurs salaires du mois de novembre. Les sommes vont de 20 000 à 60 000 F Cfa. Ce qui était ressenti comme un casus belli, d’autant plus que, selon Saourou Sène, personne ne pouvait les convaincre qu’il s’agit de retenues d’impôts. Mais, au sortir d’une rencontre jeudi avec le directeur général des Finances, les enseignants ont été moins irrités. ‘’Lorsqu’il nous a reçus, le Dg du Budget s’est montré surpris et a interpellé le directeur de la Solde. Ce dernier a dit que c’est une erreur commise par ses services, dans le cadre du traitement des allocations familiales. Mais il s’est engagé à payer avant mardi, à travers une émission spéciale’’, explique Saourou Sène.
En fait, d’après Abdou Faty et Souleymane Diallo, le directeur de la Solde a fait comprendre qu’il y a beaucoup d’irrégularités qui ont été notées sur les allocations familiales. A titre indicatif, il y a un compte sur lequel était viré 8 salaires. En plus, une lourde ardoise a été payée aux structures hospitalières. Décision a donc été prise de procéder à un toilettage. C’est au cours de ces opérations que l’erreur est intervenue. Elle concerne donc, au-delà des enseignants, tous les fonctionnaires.
N’empêche, même si les leaders syndicaux semblent avoir accepté les arguments, il n’en demeure pas moins que le patron du Sels/Authentique, Abdou Faty, estime qu’il fallait aviser. ‘’Quand on fait du toilettage, il faut quand même avoir l’élégance d’informer les partenaires’’, lance-t-il. Par ailleurs, bien que rassurés pour le moment, les enseignants se disent vigilants pour voir ce qui va se passer d’ici la date butoir. D’autant plus que quelqu’un comme Saourou Sène se montre perplexe. ‘’On ne peut pas couper les salaires des gens et dire que c’est une erreur. Rien ne nous dit que ce n’est pas une manière de payer avec ce qu’ils ont pour compléter après’’, renchérit le Sg du Saems.
‘’Nous avons remarqué un vol organisé sur nos salaires’’
Par ailleurs, les syndicalistes ont également profité de l’occasion pour interpeller le directeur du Budget sur la fiscalité appliquée aux agents de l’Etat en général, les enseignants en particulier. Les trois leaders syndicaux ont tous indiqué qu’il a été remarqué qu’à chaque fois qu’un enseignant perçoit un rappel (validation, avancement, reclassement), il y a une surimposition. Abdou Faty pense même qu’on donne par une main pour retirer par l’autre. ‘’Nous avons remarqué un vol organisé sur nos salaires. C’est de la rackette’’, s’insurge-t-il. Pour trouver une solution à cette préoccupation, les enseignants ont demandé à avoir une rencontre avec le directeur général des Impôts et des Domaines. Moustapha Ba s’est engagé à ce qu’il y ait cette rencontre pour échanger et modifier, en cas de besoin.
Les enseignants sont d’autant plus convaincus d’être les victimes de la Dgid que le député Ousmane Sonko a révélé récemment à l’Assemblée nationale qu’un enseignant qui perçoit 400 000 F Cfa paye 70 000 F d’impôt, pendant qu’un parlementaire qui gagne 1 million 300 mille est imposé à hauteur de 1 500 F Cfa. Une injustice écœurante pour Saourou Sène qui précise, au passage, que c’est l’enseignant plafonné qui perçoit cette somme. ‘’On fait payer à celui-là 70 000 F. Et le député qui est payé pour applaudir, pour faire du cinéma politique, on ne lui fait payer que 1 500 F. Nous n’avons pas le droit de laisser passer cette injustice. Nous allons faire face’’, promet-il.
Abdou Faty, qui n’a pas été surpris, regrette que les pauvres payent les dépenses ‘’d’une race’’ qui ne fait rien pour mener une vie aisée. Selon lui, c’est une ‘’honte pour le pays de faire payer 1 500 F à une Assemblée de dormeurs’’.
En outre, la rencontre avec le Dg du Budget a aussi permis d’aborder le paiement des indemnités de déplacement liées aux examens. La date limite a été retenue au 30 novembre. Or, jusqu’ici, les concernés attendent. D’après Saourou Sène, le Dg du budget leur a fait comprendre que 1 milliard 350 millions ont été envoyés au ministère de l’Enseignement supérieur. Ce qui veut dire que le retard est à ce niveau. Sur le crédit Dmc, par contre, il n’y a pas de réponse. Depuis 2015, l’enveloppe est prévue dans le budget de l’Etat, mais les détenteurs de convention de prêt sont restés sans virement. C’est pourquoi Souleymane Diallo et Cie demande une réunion avec le ministre de Budget pour aborder toutes ces questions.
Réunion des 7 leaders aujourd’hui
Il s’y ajoute que non seulement les lenteurs administratives n’ont pas disparu, d’après les enseignants, en dépit de la dématérialisation, mais surtout les questions essentielles, c’est-à-dire l’indemnité de logement et le système de rémunération des agents de la Fonction publique, n’ont pas trouvé de réponses. Abdou Faty qualifie même cette erreur sur les salaires de diversion. Il faut croire d’ailleurs que la confrontation est inévitable.
Saourou Sène indique que le Saems a déjà son préavis de grève. Le document a été envoyé à l’ensemble des sous-sections départementales pour avis. Une fois les observations prises en compte mercredi, lors de la réunion du secrétariat permanent, il sera déposé sur la table du gouvernement. Ce qui ne saurait tarder. Et dans cette lutte à venir, ajoute-t-il, figurera en bonne place le système de rémunération. Le Saems n’entend plus laisser l’Etat différer cette question de manière indéfinie. Le Cusems, le Sels et le Sels/Authentique ont déjà déposé leur préavis. Pour le cas du Sels, par exemple, Souleymane Diallo note, avec regret, que le délai est arrivé à expiration sans une réaction de la part de l’Etat.
Afin d’avoir une action commune et concertée, les 7 leaders des syndicats représentatifs se sont donné rendez-vous aujourd’hui au siège du Saems.