La production et l’utilisation des statistiques du genre en Afrique restent une dimension très peu maîtrisée et prise en compte dans les politiques publiques. Des experts d’ONU Femmes et de la Banque africaine de Développement (BAD) l’ont relevé hier lors d’un atelier conjoint de deux jours à Dakar.
La production, l’utilisation et la maîtrise des statistiques revêtent un enjeu politique central dans les différents processus de développement socio-économique des Etats. C’est cette dimension fondamentale que l’ONU Femmes et la Banque africaine de Développement ont essayé de ressortir et mettre en relation avec la question genre, lors d’un atelier sur ‘’l’amélioration de la production et de l’utilisation des statistiques du genre en Afrique pour une mise en œuvre et un suivi efficace des engagements politiques’’.
Selon le Directeur général de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), les données statistiques constituent un des objectifs stratégiques du domaine d’intervention portant sur les mécanismes institutionnels chargés de favoriser la promotion de la femme. Cet objectif stratégique met l’accent sur la production et la diffusion des informations sur les femmes aux fin de planification et d’évaluation’’.
‘’La production de ces statistiques et leur diffusion permettent aux pouvoirs publics d’identifier correctement les problèmes d’inégalités entre les hommes et les femmes et, par conséquent, de trouver les solutions adéquates à ces problèmes’’, a déclaré M. Babacar Ndir qui avoue la non-couverture par les enquêtes de son institution de plusieurs domaines où des données n’existent pas du tout de nos jours.
Pourtant, reconnaît-il, la prise en compte de la dimension genre dans la collecte et le traitement des données s’avère indispensable afin de mettre correctement en évidence les différences existant entre les sexes dans un domaine donné. Il est également important d’examiner ces données recueillies pour répondre aux questions fondamentales posées dans une perspective d’égalité des sexes.
Après avoir listé les efforts de l’Etat pour l’intégration et la prise en compte de la question genre, le représentant de la ministre de la Femme, de la famille et de l’Enfance a quant à lui indiqué que son département vient d’achever l’identification de l’ensemble des normes discriminatoires à l’égard des femmes. Pour la première fois, ajoute-t-il, le Sénégal dispose d’un document national sur le genre arrimé au budget 2018.
La notion de genre dans les politiques publiques apparaît pour la première fois lors de la 4ème conférence mondiale des Nations unies sur les femmes en 1995 en Chine. Les gouvernements des pays participants à cette conférence s’étaient engagés à faire progresser les objectifs d’égalité de développement et de la paix pour les femmes du monde. Un instrument international appelé ‘’Plateforme d’action de Pékin’’ était adopté pour la réalisation de ces objectifs. Parmi lesquels, la suppression de toutes discriminations à l’égard des femmes afin d’aboutir à une réelle égalité.
MAMADOU YAYA BALDE