Même si la situation est moins critique, comparée à certaines maisons d’arrêt et de correction, la maison d’arrêt de Thiès a dépassé sa capacité d’accueil. Conçue pour 1000 détenus, elle accueille présentement 1066 pensionnaires dont 706 sont en détention préventive. Les chiffres sont du régisseur de ladite prison, le commandant Boubacar Diatta. Il s’est exprimé hier, mardi 28 novembre, lors de la visite du garde des sceaux, ministre de la justice Ismaïla Madior Fall à son établissement.
Les prisons sénégalaises sont surpeuplées. Et la maison d’arrêt de Thiès n’en fait pas l’acception. Même si la situation est moins dramatique que dans les autres établissements pénitentiaires comme Rebeuss, elle accueille plus que sa capacité initiale. 1066 détenus y sont actuellement, or, elle est conçue pour accueillir 1000 pensionnaires. Parmi les locataires de cette citadelle du silence, 706 détenus ne sont pas encore jugés. Ils sont composés de 657 hommes 25 mineurs et 2 femmes. Ces détentions préventives dépassent parfois une année.
En effet, 24 personnes sont détenues provisoirement entre 2 et 3 ans. 31 détenus ont une détention provisoire de plus de 3 ans. 6 détenus ont vu leur jugement renvoyé en 2014. Pis, leur face à face avec le juge n’est toujours pas programmé. Un détenu n’a pas été jugé depuis 2012 après le renvoi de son procès. Un autre détenu, incarcéré depuis 2012, attend toujours son retour à la cour d’appel, car son dossier a été renvoyé au commissariat central de Thiès pour expertise médicale. Toutes ces précisons sont du régisseur de la maison d’arrêt de Thiès. 362 condamnés séjournent dans cette prison. Les 344 sont des hommes. 7 parmi les détenus sont des mineurs dont une fille. 11 femmes y purgent aussi une peine d’emprisonnement.
Malgré les efforts d’activité de réinsertion qui y sont faites, le régisseur de la maison d’arrêt de Thiès sonne l’alerte. « Nos difficultés se résument surtout à la surpopulation carcérale avec un fort taux de prévenus accentué par les longues détentions provisoires. Cette situation impacte négativement le morale des détenus et pourrait avoir des préjudices à la sécurité de la prison avec le risque de mouvements d’humeur », a prévenu le commandant Boubacar Diatta. Pis, déplore-t-il, le manque d’espoir des détenus d’être libérés sous une condition. « A la mesure d’aménagement des peines, la plupart des détenus commencent à perdre espoir quant à la libération conditionnelle dont 1 seul en a bénéficié sur 25 dossiers envoyés», affirme-t-il.
LA DAP S’EFFORCE A AMELIORER LES CONDITIONS DE DETENTION
La direction de l’administration pénitentiaire sous la conduite du colonel Daouda Diop essaie d’améliorer les conditions de détention dans cette maison d’arrêt. Deux chambres d’une capacité de 75 places chacune y ont été construites et réceptionnées en présence du garde des sceaux, Ismaïla Madior Fall hier, mardi 28 novembre. Les détenus avec un handicap, ceux ayant séjourné longuement dans la prison et ceux qui ont eu un comportement exemplaire seront transférés dans les chambres nouvellement construites et qui disposent de téléviseurs, lits superposés et une climatisation. Par ailleurs un quartier spécial pour les femmes disposant de plusieurs toilettes, a été également érigé dans cette prison. La main d’œuvre est exclusivement composée de détenus, a dit le colonel Daouda Diop.
Les autorités pénitentiaires ont également installé à la maison d’arrêt de Thiès, une chambre froide pour la conservation des aliments. Ismaïla Madior Fall s’est dit satisfait des réformes engagées en vue d’améliorer le séjour carcéral à Thiès. Mieux, il a annoncé que son département cherche à trouver des peines de substitution à la prison pour lutter contre les longues détentions. A signaler qu’une unité dentaire est également construite à Rebeuss pour l’accueil des détenus souffrant de maux de dents.