Alors qu’une résolution est en passe d’être proposée par la commission ad hoc à la plénière de demain samedi, pour procéder à la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall, les députés de l’opposition parlementaire ont décidé de joindre leurs efforts aux fins d’internationaliser le combat.
L’opposition parlementaire poursuit le combat pour la libération de Khalifa Ababacar Sall. Renforcée cette fois-ci par le groupe des non-inscrits, elle a décidé d’intensifier la lutte. Au moment où l’Assemblée nationale s’apprête à lever l’immunité parlementaire du député-maire de Dakar, ils ont décidé d’informer leurs mandants, les chancelleries représentées au Sénégal, les parlements sous-régionaux et l’Union internationale des parlements sur ce qu’ils considèrent comme des ‘’dérives attentatoires aux droits et libertés du parlementaire Khalifa Sall’’.
Face à la presse hier à Dakar, les députés de l’opposition et les non-inscrits sont revenus sur les différentes péripéties qui ont jalonné cette affaire depuis l’incarcération de Khalifa Sall. Selon Me Madické Niang, Président du groupe parlementaire Liberté et démocratie, les droits même les plus élémentaires du député de Mankoo Taxawu Senegaal ont toujours été piétinés. Pis encore, l’ancien ministre des Affaires étrangères sous Abdoulaye Wade estime qu’‘’au regard des dispositions des articles 61 de la Constitution et 51 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la procédure de levée de l’immunité parlementaire du député Khalifa Ababacar Sall ne devrait pas être enclenchée tant qu’il n’est pas libéré, puisqu’il est désormais admis par le procureur de la République qu’il jouit d’une immunité parlementaire qui rend automatique, et de droit, sa libération’’.
Poursuivant sa plaidoirie, Me Madické Niang relève que la saisine de la commission des lois pour instruire la commission ad hoc ‘’est illégale parce qu’elle est incompétente dans la forme et dans le fond’’. Mais ce qui est le plus déplorable dans toute cette affaire est, selon Me Niang, le comportement du président de ladite commission, Aymérou Gningue, ‘’qui a procédé de manière unilatérale à la convocation de Khalifa Sall sans concertation avec les autres membres’’. A en croire le responsable libéral, il se dessine que la commission ad hoc va déposer ses conclusions sans jamais avoir entendu le maire de Dakar. ‘’Nulle part les droits élémentaires du député Khalifa Ababacar Sall n’ont été respectés. Pas une seule fois sa version des faits et son droit de se défendre n’ont prévalu’’, s’est offusqué l’avocat.
Face à cette situation, l’opposition parlementaire, après avoir réitéré son total soutien au maire de Dakar, dénonce une ‘’cabale politico-judiciaire dont il est victime, avec la complicité de la majorité parlementaire’’. ‘’Les Sénégalais que nous représentons et pour lesquels nous travaillons méritent de savoir le sort injuste, le traitement cynique, illégal et sans fondement juridique qui est fait à notre collègue Khalifa Ababacar Sall. Le droit voudrait que nous soyons tous égaux devant la loi. C’est pour cela que nous tenons à décrier et à dénoncer avec vigueur les violations et entraves inacceptables des droits de notre collègue’’, renchérit le leader du parti Les démocratique réformateurs, par ailleurs coordonnateur des non-inscrits.
‘’Vile tentative du régime d’éliminer un adversaire politique’’
Selon Modou Diagne Fada, qui a lu la déclaration liminaire faite à cet effet, c’est pour toutes ces raisons qu’ils ont décidé de claquer la porte de la commission ad hoc, après le départ de Me Madické Niang. ‘’Les députés de nos deux groupes, membres de la commission ad hoc, ont décidé, unanimement, de quitter cette commission ad hoc et, solidairement, nous rejetons, par avance, le terrorisme d’Etat qui cherche à discréditer, par l’arbitraire, un acteur politique’’, fulmine le président du Conseil départemental de Kébémer.
Derrière cette affaire politique, le vice-président du Rewmi continue de déceler une vile tentative du régime d’éliminer un adversaire politique. ‘’Macky Sall définit de manière insidieuse la politique de liquidation de ses adversaires politiques et Moustapha Niasse l’exécute de vile manière’’, accuse Déthié Fall. Avant d’avertir ses alliés en ces termes : ‘’Si l’opposition n’oppose pas une véritable force politique à Macky Sall, elle serait elle-même responsable de ses malheurs et de tout ce qui se passera.’’
ASSANE MBAYE