La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) va étudier en décembre prochain "les tenants et les aboutissants" du projet d’adhésion du Maroc à cette organisation d’intégration régionale, en tenant compte des mesures nécessaires à la sauvegarde de l’économie de la région.
"Avant l’adhésion du Maroc, nous allons étudier les tenants et les aboutissants" du projet d’adhésion du Maroc à la Cédéao, a-t-il dit lors de l’ouverture du 13ème Conseil présidentiel de l’investissement, à Dakar. Macky Sall a été interpellé sur la question par un porte-parole du secteur privé sénégalais, Mansour Kama, qui lui a fait part de l’inquiétude causée aux entrepreneurs du Sénégal par le projet d’adhésion du Maroc à cette organisation.
"La Cédéao a commis des experts, qui se sont rendus au Maroc [afin de lui] soumettre un rapport en décembre, sur les tenants et les aboutissants, les avantages et les inconvénients" de l’intégration du Maroc à cette organisation, a dit M. Sall.
"Les chefs d’Etat, il faut quand même les respecter. Ils sont dotés d’intelligence minimale pour défendre les intérêts de leur pays, de leur région. Nous n’avons absolument rien à défendre du Maroc", a-t-il argué.
"Si les analyses et les études montrent clairement que nos économies seront en péril, nous pourrons prendre les mesures de sauvegarde nécessaires. Cela se fera en décembre, le président de la commission de la Cédéao va nous soumettre le rapport des experts commandités", a assuré Macky Sall.
Il a invité le secteur privé sénégalais à considérer l’Afrique comme "un continent unifié, dans un esprit unifié". "Le Maroc, c’est une question africaine, une question de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. C’est pour vous dire que les leaders africains [veulent aller] vers une zone de libre-échange [qui couvre] l’ensemble du continent", a poursuivi le président sénégalais.
La future zone de libre-échange devrait voir le jour en 2018, a-t-il dit, rappelant que la réalisation de ce projet a été l’objet d’"une directive de l’Union africaine".
"Nous devons travailler ensemble, les gouvernements et le secteur privé, pour que la compétitivité de notre secteur privé puisse préserver les intérêts nationaux. Nous allons vers la zone de libre-échange continentale, ce qui veut dire que, sur l’ensemble du continent, il n’y aura pas de droits de douane" à payer, a expliqué Macky Sall.
"Tous les secteurs de notre économie seront touchés", a averti Mansour Kama, un porte-parole du secteur privé sénégalais, indiquant que les entrepreneurs de son pays étaient inquiétés par les conséquences de l’adhésion prochaine du Maroc à la Cédéao.
"Monsieur le président, récemment, nous avons soumis à votre autorité un mémorandum dans lequel (…) toutes les organisations patronales, les syndicats des travailleurs, les associations de la société civile et les représentants du monde universitaire vous expriment unanimement leurs vives préoccupations par rapport à la procédure accélérée de l’adhésion du Maroc à la Cédéao et ses conséquences", a dit M. Kama.
Il intervenait à l’ouverture de la 13ème session du Conseil présidentiel de l’investissement, en présence, outre le président Macky Sall, des membres du gouvernement sénégalais et des représentants d’institutions financières partenaires de l’Etat du Sénégal.
"Rarement une préoccupation n’a jamais été aussi largement partagée par autant d’acteurs, dont nos amis ivoiriens et nigérians", a ajouté Mansour Kama, en parlant encore du projet d’adhésion du Maroc à la Cédéao.
"Nous sommes tous contre cette procédure accélérée. Et nous pensons que vous allez nous prêter une oreille attentive avant qu’une décision définitive ne soit prise en décembre prochain, lors de la conférence des chefs d’Etat" de la Cédéao, a insisté M. Kama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES).
Les "études d’impact" réalisées, concernant l’adhésion du Maroc à cette organisation, montrent "clairement que tous les secteurs de notre économie seront touchés, et certains le sont déjà, sans compter les menaces qui pèsent sur les emplois", a averti le président de la CNES, l’une des plus importantes organisations patronales au Sénégal.