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Concertations en l’absence du Pds et du Mts: Une rencontre et des réticences qui n’arrangent personne
Publié le mardi 21 novembre 2017  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Forum économique Sino-Sénégalais
Dakar, le 3 Juillet 2015 - Un Forum économique Sino-Sénégalais s`est ouvert ce matin à Dakar. Plusieurs autorités des deux pays étaient présentes à la cérémonie. Photo: Aly Ngouille Ndiaye




Demain s’ouvre une rencontre d’échanges entre le ministre de l’Intérieur et les partis politiques. Le pouvoir cherche à (se) donner les gages d’une élection moins litigieuse en 2019, mais l’opposition représentative, écœurée par l’organisation des dernières législatives, pose des préalables.

La mission d’Aly Ngouille Ndiaye est très délicate avec l’opposition. C’est comme conduire, à la table de négociations, une brouette de grenouilles qui sautent dans tous les sens. Vers un échec programmé du dialogue politique du 21 novembre ? Avec l’absence des têtes de gondole de l’opposition sénégalaise, les autorités s’en tiennent, certes, à leur calendrier, mais que valent les négociations avec 294 partis officiellement répertoriés, si les deuxième et troisième des législatives de juillet dernier, totalisant 940 283 voix, refusent de participer. Ceci pour des questions aussi cruciales que ‘‘la mise en place d’un cadre d’évaluation de la refonte partielle des listes électorales’’ ou ‘‘la réflexion sur le processus électoral à venir’’, selon les deux points dégagés par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique (Mintsp).

La réticence du Parti démocratique sénégalais (Pds) constitue, d’office, la plus grande déconvenue pour ces concertations politiques tant attendues. Paradoxe de taille et timing politique, c’est à l’annonce de la tenue de ce dialogue que l’ancien président Abdoulaye Wade, Sg du Pds, a fait monter la fièvre avec deux sorties virulentes qui coupent le mince filet d’espoir de retrouvailles avec Macky Sall annoncées officieusement. Il y a une dizaine de jours, à la veille du Magal, il s’en est pris au bilan économique de son successeur, dénonçant notamment une hausse de la dette sénégalaise. Mercredi dernier, il s’était fendu d’une menace de plainte contre Macky Sall, s’il baptisait l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) à son nom. Une surenchère à laquelle les derniers résultats des législatives ne sont pas étrangers.

Retrouvant la chefferie d’une opposition qui semblait tendre les bras au maire de Dakar Khalifa Sall, le ‘’Pape du Sopi’’, qui se sait en position de force, fait valoir son atout : faiseur de roi. Il ne pourra certes plus gagner d’élections, mais sera déterminant dans une élection ou dans une chute. Le train que conduit le Pds, la Coalition gagnante Manko Wattu Senegaal, ne semble pas non plus dans les dispositions de participer, même si un cadre affirme qu’il ‘‘n’y a pas de position commune’’. Pourtant, pour la première édition, le 28 mai 2016, c’est ce parti qui avait contribué au succès de ce dialogue, au point de déboucher sur l’élargissement de Karim Wade, quelques jours plus tard.

Le cas de ce dernier, justement, n’a pas encore été mentionné publiquement, mais pas de doute qu’il a été déterminant dans le refus de Me Wade de participer au dialogue. Quant à l’autre coalition représentative, Manko Taxawu Senegaal, elle a coupé court, dès que cette invite s’est confirmée, en octobre dernier, en conditionnant son éventuelle participation à la libération de Khalifa Sall. Une position que soutiennent même certains membres de l’opposition extra-parlementaire.

Chaise vide

L’Assemblée nationale a adopté, en août 2016, en session extraordinaire, la loi n°21/2016 portant refonte partielle des listes électorales. Une procédure d’urgence qui a conduit à un audit physique de tous les électeurs par leur passage devant des commissions administratives, pour recueillir la confirmation de leur inscription. Une mesure contre laquelle l’opposition avait déjà nourri beaucoup d’appréhensions, en mettant en cause le caractère non urgent de cette refonte, plaidant pour le maintien du fichier existant, beaucoup plus fiable. Un boycott s’ensuivit, qui fit perdre l’initiative aux opposants et ouvrit un boulevard pour le pouvoir qui, non seulement créa un fichier biométrique, mais fit passer unilatéralement le nombre de députés de la diaspora de dix, passant outre les avis de l’opposition qui le trouvait déjà exagéré, à quinze.

La ‘‘nouvelle’’ opposition représentative n’est apparemment pas refroidie par ces précédents, en posant des préalables pour prendre part à ces discussions. ‘‘Il est incohérent de dénoncer les dysfonctionnements des dernières élections et refuser de prendre part à un dialogue destiné à les évaluer et à envisager avec sérénité les prochaines échéances’’, fait remarquer le porte-parole de la Ld, Moussa Sarr, ce weekend, dans les colonnes de ‘’Sud Quotidien’’.

Malgré les craintes de certains politologues sur cette stratégie de ‘‘bouderie’’, l’opposition persiste. Elle n’en est pas à une exigence près, puisqu’elle demande, avec insistance, qu’une personnalité neutre soit chargée de l’organisation des élections.

Toutefois, le Front pour le socialisme et le développement/Bennoo Jubeul (Fsd/Bj) de Cheikh Bamba Dièye, allié de Mts, est moins dogmatique, puisqu’il a accepté de participer à la rencontre. ‘‘Nous y serons pour écouter et surtout nous faire entendre sur les préalables à une concertation crédible sur notre système électoral’’, a fait savoir ce parti dans un communiqué, la semaine dernière, tout en réaffirmant son ancrage dans l’opposition. Une participation due peut-être au format de la rencontre. On parle abusivement de dialogue national, alors que le Minstp a bien mentionné ‘‘rencontre d'échanges’’ dans son communiqué. ‘‘Il est de tradition que le ministre de l’Intérieur nouvellement nommé s’adonne à cet exercice’’, relativise Jean-Paul Dias dans nos colonnes, vendredi dernier, pour qui pas grand-chose ne devrait sortir de ces entrevues.

Gagner 2019 à la régulière

‘‘Si ce que j’entends est confirmé, notamment qu’il y a une partie de l’opposition qui dit qu’elle ne sera pas là, les partis politiques sont d’égale dignité’’, a clamé l’hôte de la réunion de demain. Une sorte de baptême du feu pour le chargé des futures élections dont l’intérêt a été quelque peu surclassé par le violent incendie de vendredi dernier. ‘‘La majorité sera au rendez-vous’’, ajoutait-il, la semaine dernière, dans une intervention à la Rfm. Une position de principe qui frise le déni, vu le score cumulé des coalitions Mts et Cgws, sans compter les autres partis de l’opposition. De tous les partis ayant franchi la barre des 150 mille voix, seuls les néophytes du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), arrivés quatrièmes aux législatives (155 407 voix) semblent disposer à sauver ces concertations sur le dialogue politique.

Cherchant à imprimer sa marque depuis son arrivée en septembre, les gestes d’apaisement d’Aly Ngouille Ndiaye ne sont pas fortuits, puisque cette concertation ferait du bien au pouvoir en place, raillé sur la marge étriquée de son succès chaotique du 31 juillet 2017. Macky Sall, au lendemain de la proclamation des résultats, affirmait, en réunion devant ses partisans : ‘‘L’essentiel, c’est qu’on a gagné.’’ Un gagne-petit électoral qui cache mal son souhait de ne pas faire pire, pour les prochaines échéances, que des législatives labellisées comme l’une des pires élections du Sénégal indépendant.

En accédant à la requête de l’opposition, d’enlever le contesté Abdoulaye Daouda Diallo à l’Intérieur et en lançant l’appel au dialogue le jour de la Tabaski, gagner avec la manière en 2019 semble aussi important que la gagne elle-même. Aly Ngouille Ndiaye, malgré sa fermeté affichée, lâche du lest, puisque, dans la même intervention radio, il n’a pas exclu l’idée d’un audit du fichier électoral, si tel est la volonté des partis de l’opposition. Le président de l’Apr, confronté à l’obligation de devoir conserver ou même relever davantage le prestige d’un vote sénégalais qui brille, depuis la première alternance en 2000, nourrit l’ambition, dans 15 mois, de ne pas avoir à son actif une présidentielle aussi litigieuse.

Les prochaines joutes électorales étant les plus âprement disputées, l’absence de la frange représentative de l’opposition est certes un risque pour elle-même, mais aussi un premier coup de semonce pour le pouvoir.
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