Lors de l’audience qu’il avait accordée lundi dernier aux Lions et à leur encadrement, après la qualification acquise pour Russie-2018, le président de la République avait rappelé les ‘’erreurs’’ qu’il y a eues dans le passé. Macky Sall faisait sans doute allusion à cette fameuse campagne de 2002 qui avait réussi à faire parler d’elle en bien et en mal. En bien, parce que la génération conduite par le technicien Abdou Karim Metsu avait marqué d’une empreinte indélébile l’histoire du foot sénégalais en ayant porté très haut les couleurs du pays (elle s’était hissée en quart de finale pour une première participation à ce rendez-vous).
En mal, parce que les retombées avaient fait jaser. Et jusqu’à aujourd’hui, nombre de Sénégalais ne peuvent dire à quoi l’argent récolté en Corée du Sud-Japon a servi. Facette négative, les faits en coulisses avaient nourri beaucoup de journaux, avec notamment le côté fêtard de certains footballeurs pourtant professionnels...
Cette nouvelle qualification pour le Mondial est sur le point de réveiller d’autres démons, car il y a, de jour en jour, des signes de risques que l’atmosphère de la Tanière soit polluée. La discorde pourrait, cette fois-ci, être enclenchée par la prime spéciale offerte par le président de la République aux Lions et leur encadrement. C’est la répartition de cette prime annoncée, ce dimanche, par le ministre sénégalais des Sports qui intrigue plus d’un.
En parlant de ‘’chance’’ dans cette affaire plus que complexe pour justifier le dispatching qui ‘’concerne les joueurs qui ont joué les deux matches contre l’Afrique du Sud’’, le ministre sénégalais des Sports, Matar Ba, a peut-être rajouté de l’air irrespirable au-dessus de ce groupe construit par Aliou Cissé. Car cela ressemble fort bien à un manque de respect et de considération vis-à-vis de ceux qui ont autant sué que les autres, face au Cap-Vert et au Burkina Faso. Même ceux qui ont honoré la Nation, dans la souffrance, contre Madagascar qui a marqué le point de départ de ce marathon qualificatif, peuvent se sentir frustrés.
Les plus hautes autorités doivent donc comprendre que la qualification ne s’est pas jouée sur cette seule double confrontation avec les Bafana Bafana. Le ministre sénégalais des Sports, qui veut couper la poire en deux dans la répartition de cet argent du palais, doit revoir sa copie avec les membres de la Fédération sénégalaise de football (FSF), pour ne pas compromettre la future aventure des Lions à la prochaine Coupe du monde 2018. Parce que l’histoire des terrains demandés par les joueurs a indigné les nombreux ‘’goorgoorlu’’ (débrouillards) sénégalais qui, malgré leur peine à joindre les deux bouts, se sacrifient pour payer leur billet d’entrée au stade... pour soutenir des multimillionnaires de footballeurs...
Seigneur, faites, je vous prie, que les démons d’une qualification à un Mondial soient vite conjurés !
Adama Coly