Dakar – L’ancien député européen, Fodé Sylla a plaidé dimanche pour "une véritable politique de co-développement" entre l’Europe et l’Afrique dans l’optique de résoudre la crise migratoire.
"Il faudra une véritable politique de co-développement entre l’Europe et l’Afrique et on ne peut pas dire que nous avons les destins liés si une partie de notre âme meurt à chaque fois que des hommes traversent la Méditerranée, le désert libyen", a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.
L’ancien président de SOS Racisme ajoute : "à chaque étape, c’est le destin commun qui est brisé". Selon lui, "cette communauté de destin ne peut pas se faire sans prendre en compte précisément la question du droit humain et celle des migrants".
Parlant du sommet Union africaine-Union européenne prévue du 29 au 30 novembre à Abidjan (Côte d’Ivoire), il a soutenu que "cette rencontre doit être l’occasion de ne pas taire la situation des migrants d’Afrique sub-saharienne sur le territoire libyen".
Pour se faire, "les deux parties ne doivent pas faire de la migration une question taboue, mais soulever la question de fond, changer de paradigme et arrêter de criminaliser la migration, etc.", a suggéré l’ambassadeur itinérant du Sénégal.
"Il faut qu’à cette occasion que chacun prenne sa responsabilité. Il faut qu’une commission d’enquête soit diligentée le plus rapidement possible" sur la vente aux enchères de migrants originaires d’Afrique subsaharienne en Libye, a-t-il insisté.
Il a indiqué que l’Union européenne a aussi "sa responsabilité" dans cette situation des migrants, en décidant de "faire de facto de la Lybie, une sorte de frontière sud de l’Europe".
Fodé Sylla a évoqué le renvoi systématique de migrants africains vers la Libye où ils se retrouvent dans des camps. "Aujourd’hui, l’indignation doit changer de camp (…) qu’on arrête de nous parler de trop plein de migrants", a-t-il martelé.
"Il faut arrêter de traiter de façon différenciée les migrants suivant qu’ils viennent d’Afrique sub-saharienne ou d’autres parties du monde. Il n’y a pas des bons et des mauvais migrants", a-t-il déploré, soulignant qu’"il n’existe pas de monde sans migration".
Fodé Sylla a par ailleurs exhorté les pays africains à engager "une politique de réflexion" pour donner des raisons aux jeunes d’espérer par l’éducation, la formation, l’emploi, etc.", citant les propos du président Macky Sall lors du sommet de l’Union européenne sur la crise migratoire en février dernier à Malte.
Des journalistes de la chaîne américaine CNN ont diffusé récemment un reportage, en caméra cachée, sur une vente aux enchères d’êtres humains, en Libye, non loin de la capitale, Tripoli.
Plusieurs intellectuels, animateurs, responsables politiques de partout dans le monde se sont indignés de ces pratiques.
En avril déjà, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) avait fait savoir que la traite d’êtres humains était devenue "une pratique de plus en plus fréquente" chez les passeurs de migrants.
ASB