L'Association des maires du Sénégal (AMS) a signé vendredi à Dakar, le "Pacte d’engagement pour l’élimination du paludisme au Sénégal" élaboré par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), a constaté APA.
« Les partenaires internationaux exigent aujourd'hui l'implication des collectivités locales et du secteur privé, on a dès lors besoin de l'engagement politique des élus locaux. Cette mobilisation des collectivités locales est nécessaire car la santé est une compétence transférée. Toutes nos interventions ont besoin de votre appui en identifiant des points qui ont plus besoin des financements injectés. Vous pouvez aussi identifier les secteurs qui ont besoin de gratuité », a déclaré Dr Moustapha Cissé, coordonnateur national du PNLP, au cours de la cérémonie de signature dudit pacte.
Le pacte d’engagement pour l’élimination du paludisme au Sénégal représente une opportunité d’engager une profonde mutation de la gestion de la santé et du paludisme en particulier en s’appuyant sur la mobilisation collective. C’est dans ce contexte que le Cadre de concertation des partenaires de la lutte contre le paludisme propose que cette mutation s’organise autour d’un « Pacte d’engagement pour l’élimination du paludisme au Sénégal ».
« Nous sommes à un tournant décisif dans la lutte contre le paludisme qui a reculé grâce à un engagement de l'État et des partenaires techniques et financiers. Quand un pays arrive au tournant où nous sommes avec une tendance vers l'éradication, il est important que les ressources domestiques augmentent car les interventions coûtent plus cher en faisant un travail communautaire et en mettant en place des outils pointillés. D'où ce pacte engagement déjà signé par l'Assemblée nationale", a poursuivi Dr Moussa Cissé, coordonnateur national adjoint du PNLP.
Selon Oumar Bâ, secrétaire permanent de l'Association des maires du Sénégal, « il n'y a pas un secteur aussi pris en compte par les collectivités locales que celui de la santé. La présence massive des élus locaux à cette cérémonie est également un engagement pour la santé. L'acte symbolique ne doit pas être considéré comme une fin en soi mais comme un point de départ de notre lutte efficace contre le paludisme. Cela suppose qu'on puisse mettre en place un dispositif d'appui et de suivi que chaque collectivité locale mettra en place pour qu'on puisse un jour évaluer la lutte », a dit M. Bâ.
Il a plaidé pour des sessions de renforcement des capacités et la mise en place d’un dispositif de suivi de l'évolution de la maladie dans les collectivités locales.
« Nous devons réfléchir sur un dispositif global de l'implication des maires dans les questions de santé. Nous souhaitons être des acteurs de développement de la santé. Pour ce faire, nous voulons être impliqués en amont et en aval. Le maire doit être à la pointe de la lutte et cela nécessite qu'on lui donne tout l'arsenal juridique qui lui permet de le faire », a-t-il suggéré.
Pour les spécialistes, l’élimination du paludisme est caractérisée par l’interruption de la transmission locale d’un parasite du paludisme dans une zone géographique définie. La rapidité des progrès dépendra de la solidité du système national de santé, du niveau d’investissement consenti pour la lutte contre ce fléau et d’un certain nombre d’autres éléments, y compris des facteurs biologiques et environnementaux. Il convient de compter aussi avec les réalités sociales, démographiques, politiques et économiques de chaque pays.
Entre 2001 et 2013, la forte intensification des interventions de lutte antipaludique a contribué à réduire l’incidence mondiale de 30 % et à faire reculer de 47 % le taux de mortalité au niveau mondial évitant ainsi, selon les estimations, 4,3 millions de décès. C’est ainsi que dans la région Afrique de l’OMS, ce taux a baissé de 58 % chez les enfants de moins de 5 ans.
On observe une baisse en 2015 de plus de 65% des cas et plus de 70% des décès dus au paludisme par rapport à 2000 et entre 2009 et 2015, la prévalence parasitaire est passée de 3% à 1,2%.
Le Sénégal est caractérisé par une zone en pré élimination au nord du pays et une zone de contrôle dans certaines régions où le fardeau de la maladie est toujours lourd et les décès qui lui sont attribuables persistent.
Des défis demeurent encore notamment l’accès universel aux interventions majeures et la mise en œuvre d’interventions spécifiques selon les zones épidémiologiques pour aller vers la pré- élimination en 2020 et vers l’élimination en 2030.