Un public hétéroclite composé notamment de présidents de conseils ruraux, de conseillers municipaux et de représentants de la société civile, a pu s'imprégner des contours de l'Acte 3 de la décentralisation, samedi au cours d'un forum organisé lors du passage à Tambacounda (est) de la caravane de sensibilisation sur cette réforme réorganisant les collectivités locales.
Cette caravane a organisé un forum au Conseil régional de Tambacounda, avant-dernière étape de son périple qui la conduira à partir de dimanche à Bakel et Koumpentoum, avant la phase finale de Kédougou où elle est attendue à compter du 31 mars.
Des présidents de conseil ruraux, des conseillers municipaux, des représentants de la société civile, de l'administration déconcentrée, des délégués de quartiers, entre autres, étaient venus à la rencontre des caravaniers, qui avaient auparavant paradé à travers la ville.
L'Acte 3 de la décentralisation est "une réforme partagée qui cherche le consensus" à travers une approche participative, a relevé d'emblée Mbagnick Diouf, Directeur des stratégies de développement territorial, dans une présentation introductive de la réforme.
Lancée depuis le 27 novembre à Bambilor, la caravane de sensibilisation composée de plus de 90 personnes, a visité 12 régions du pays, Tambacounda étant la 13-ème, pour vulgariser cette réforme des collectivités locales, visant des "territoires viables, compétitifs et porteurs de développement".
Parmi les grandes lignes de l'Acte 3 de la décentralisation, figure la communalisation intégrale qui transformera toutes les communautés rurales en communes de plein exercice, la suppression des conseils régionaux qui seront remplacés par des conseils départementaux pour une plus grande proximité.
Enfin, l'Acte 3 de la décentralisation vise la création de pôles de développement à travers lesquels ces conseils départementaux, dans le cadre d'alliances, mutualiseront leurs efforts. La réflexion se poursuit sur le meilleur statut à accorder à ces pôles : politique, administratif ou autre.
Il a noté que dans le "Yoonu Yokkuté" (voie de l'émergence), document politique du candidat Macky Sall, ainsi que dans la Stratégie nationale de développement économique et social (SNDES), il est fait état de l'ambition de réorganiser les territoires.
Le travail sur cette réforme, a-t-il ajouté a démarré depuis mars 2012. En ce moment, "nous sommes à la phase institutionnelle et il reste la phase fonctionnelle", a poursuivi M. Diouf, selon qui celle-ci devrait prendre plus de temps.
L'exposé du Directeur des stratégies de développement territorial avait laissé place aux interventions des participants qui avaient évoqué une panoplie de préoccupations.
Elles avaient trait à la formation des élus locaux, au financement des collectivités locales nées de cette réforme, au mode d'élection des conseillers départementaux, à l'élargissement des compétences qui seront transférées aux collectivités locales, ou encore au rôle des conseils de quartier dans la nouvelle réforme, etc.
Relativement à la démarche, le coordonnateur local du Forum civil à Tambacounda, Oumar Diallo, a relevé un "paradoxe" consistant à promulguer la loi portant sur le Code des collectivités locales, avant de consulter les populations. Il s'est demandé comment les contributions issues de ces foras populaires pourront être prises en compte.
Pour Mbagnick Diouf, la promulgation de la loi émanait d'une volonté d'organiser les élections locales à date échue, pour ne pas violer la réglementation de la CEDEAO interdisant toute modification d'un texte régissant les élections six mois avant la tenue du scrutin.
Concernant le sort des agents des conseils régionaux, il a relevé que l'offre d'emplois proposée par la réforme est "plus importante" que la demande, dès lors que les conseils départementaux les remplaçant seront plus nombreux et auront besoin de bras. Les communautés rurales qui deviendront des communes voudront un personnel plus étoffé.
Pour ce qui est de la mobilisation des ressources par les nouvelles communes, Alassane Mbengue a insisté sur la nécessité d'un effort accru pour un meilleur recouvrement fiscal, par un recensement des activités économiques de la localité de nature à élargir l'assiette fiscal. L'appui de l'administration sera aussi nécessaire, a-t-il estimé.
Certains participants ont fait valoir que le déficit d'information sur les tenants et les aboutissants de l'Acte 3 était à l'origine des "réticences" suscitées par cette réforme à ses débuts. Ils ont préconisé la désignation de répondants au niveau local, à même de perpétuer la sensibilisation à la base, après le passage de la caravane.