L’Union des routiers du Sénégal n’est pas satisfaite de sa rencontre avec le ministère en charge des Transports terrestres. Le syndicat appelle les transporteurs à engager la lutte, en respectant le mot d’ordre de grève en cours depuis minuit.
Les routiers bandent leurs muscles. Leur rencontre, vendredi dernier, avec le ministre chargé des Transports terrestres, Abdoulaye Daouda Diallo, n’a pas donné les fruits escomptés. Pourtant, tout était bien parti, si l’on en croit le témoignage du secrétaire général de l’Union des routiers du Sénégal, Gora Khouma. Initiateur du mouvement d’humeur, il raconte : ‘’Je pense que le ministre était dans de bonnes dispositions. Il a été véridique, en nous disant clairement que sur certains points de notre plateforme, il ne pouvait rien faire. Sur d’autres, il s’était engagé à trouver des solutions, dans le court terme. Il avait aussi proposé des solutions à long terme…’’
Alors pourquoi le mot d’ordre n’a pas été levé ? Le syndicaliste refuse catégoriquement d’entrer dans les détails. N’ayant pas obtenu la signature d’un protocole d’accord, il se borne à la remarque suivante : ‘’Tout ce que je peux dire, c’est que, si l’Etat avait accepté de signer un protocole d’accord ou même un procès-verbal, on aurait retiré notre mot d’ordre. Puisqu’il ne l’a pas fait, nous maintenons la grève prévue à partir de minuit.’’
Ainsi, le secteur des transports risque de connaitre des perturbations, à partir d’aujourd’hui. Ce, jusqu’à nouvel ordre. Gora Khouma précise : ‘’Nous nous sommes limités à dire que la grève débutera, le 14 novembre à minuit. Nous ne pouvons dire si elle va durer un jour ou deux. Tout dépendra de l’attitude du gouvernement. Il faut juste savoir que ce sont les camionneurs qui en sont les initiateurs, même si nous avons appelé au soutien des autres transporteurs qui sont également concernés.’’
Le patron des routiers ne veut pas livrer les propositions du gouvernement qu’il n’a pas manqué de saluer. ‘’C’est pour ne pas être démenti’’, dit-il. Je suis un responsable. Je ne veux pas dire quelque chose et être démenti le lendemain’’.
Permis à points
A propos du permis à points, qui constitue l’une des pommes de discorde, Gora Khouma assure que, lors de la rencontre ‘’secrète’’, dont les décisions sont toujours attendues par l’opinion, il a été trouvé un accord avec les autorités. ‘’C’est vrai que le ministre a dit qu’il ne peut revenir là-dessus, puisque c’est une mesure prise par le chef de l’Etat. Mais, par rapport à la mise en œuvre, il a fait des propositions intéressantes sur lesquelles nous sommes tombés d’accord. Nous attendons que lui-même les rende publiques’’.
Néanmoins, le syndicaliste ne s’est pas empêché de développer ses arguments pour justifier leur opposition au projet du gouvernement. ‘’Le Sénégal veut prendre exemple sur la France, prétextant que, depuis l’application de ce permis, les accidents ont diminué. Or, le contexte n’est pas le même. Là-bas, une voiture ne peut circuler au-delà de cinq ans d’existence, les routes sont séparées, les trottoirs dégagés… Il faut comparer ce qui est comparable’’, plaide le transporteur. Aussi, demande-t-il la mise en place des préalables pour une application efficace de la mesure.
‘’Corruption et tracasseries’’
Outre ces difficultés, M. Khouma s’insurge contre la ‘’corruption et les tracasseries’’ sur les routes. Il fulmine : ‘’Il y a beaucoup de magouilles au niveau de la délivrance des permis et de la visite technique. Vous voyez, tous les jours, des véhicules, à l’œil nu, vous savez qu’ils ne remplissent pas les conditions pour circuler. Et pourtant, ils le font librement. Parfois, ils ont leur visite technique en bonne et due forme. Vous voyez, tous les jours, des personnes qui ne savent pas conduire et qui ont leur permis. Tout ça, on n’en parle pas. On ne parle pas du policier ou du gendarme qui voit ces manquements et ne fait rien pour y remédier, moyennant 1 000 F. Quand il y a accident, on tape uniquement sur le chauffeur. On ne s’intéresse ni à celui qui délivre les papiers, encore moins au gendarme ou policier’’.
Les grévistes réclament, par ailleurs, la réhabilitation de la route Tamba - Kidira, l’assainissement du transport en commun infesté par les ‘’clandos’’ et autres motos ‘’jakarta’’… Pour eux, Dakar Dem Dikk doit rester dans sa vocation initiale, en assurant le transport interurbain. Ils disent souffrir d’une concurrence déloyale de la part de l’entreprise publique de transport.
MOR AMAR