Les organisations d'éleveurs et d'agriculteurs membres du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) présentes dans la zone sylvopastorale, domaine de prédilection de l’élevage, et dans la vallée du fleuve, zone de production irriguée, de décrue et de cultures pluviales, tirent la sonnette d'alarme. Elles prédisent «une situation très difficile» dans les mois à venir en raison de la faible pluviométrie enregistrée dans la zone.
Dans un communiqué parvenu à Seneweb, ces organisations soutiennent qu’«une longue période de soudure» est à prévoir. «L'absence de pâturage due à l'inexistence du tapis herbacé crée un manque de nourriture pour le bétail et la productivité des cultures de décrues est affectée par le manque d'eau. Cela engendre le bradage du bétail et une augmentation du prix des autres produits agricoles sur les marchés. Ce qui a pour effet de diminuer l'accessibilité alimentaire et les revenus des exploitations familiales. Le démarrage hâtif de la transhumance noté depuis le début du mois d'octobre risque d’être à l’origine de conflits dans les zones de repli autour l'accès aux ressources si des mesures ne pas prises», note le Cncr.
Face à cette situation, ces organisations appellent à la mobilisation. «Suite à un suivi sur la campagne agricole 2017-2018, nous, les agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, sylviculteurs membres des 28 fédérations membres du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) lançons un appel aux différents acteurs à la mobilisation pour éviter une crise d'insécurité alimentaire au Nord du Sénégal», note le document.
Elles invitent aussi l’Etat à réagir le plus vite possible. «Le Cncr reconnait les efforts fournis par l’État et l’invite à déployer le plus tôt possible son dispositif de secours d'urgence, l'opération sauvegarde du bétail notamment, en s'assurant qu'il réponde réellement aux besoins des acteurs affectés. Un appui à la production de cultures fourragères comme le niébé, le riz et le maïs est souhaité. Un suivi étroit de l'évolution de la production et de la disponibilité alimentaire doit également être assuré dans les prochains mois de manière à suivre l'évolution de la sécurité alimentaire des populations. L'appui aux communautés par la mise en place d'infrastructures permettant la conservation des productions est aussi à envisager dès maintenant».
Par ailleurs, le Cncr incite également les producteurs et productrices et leurs fédérations à mieux s'organiser pour veiller à une distribution équitable de cette aide tout en prévoyant des stratégies de résilience pour les prochaines années.
Cheikhou Aïdara