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Art et Culture

Reconstruction de l’anthropologie en Afrique post-coloniale: La leçon inaugurale du Pr Paulin Hountoundji
Publié le lundi 13 novembre 2017  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DR
Le président Macky Sall à l`Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Dakar, le 1er Août 2015 - Le président Macky Sall a été visité l`université Cheikh Anta Diop de Dakar. Le chef de l`État a inauguré dans le campus universitaire plusieurs nouveaux bâtiments.




Dans le cadre du symposium de trois jours qui s’est ouvert hier à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Pr Paulin Hountoundji a ouvert les débats par une leçon inaugurale sur le thème : ‘’Reconstruire l’anthropologie en Afrique postcoloniale : enjeux, orientations et méthodes d’une formation doctorale’’.

Connu pour ses remarquables travaux sur la philosophie et la pensée politique africaines en général, le Pr Paulin Hountoundji était, hier, à la salle de visioconférence de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar face à un auditoire composé essentiellement d’étudiants, d’universitaires et de chercheurs. Ils sont venus nombreux suivre religieusement la leçon inaugurale du symposium de trois jours qui va amener les chercheurs à questionner l’anthropologie culturelle, la bio-anthropologie, la linguistique et l’archéologie.

Dès l’entame de son grand oral, le conférencier a précisé que ‘’l’Africain a traditionnellement été à l’origine de l’ethnologie et de l’anthropologie’’. A travers une approche purement philosophique, ce fondateur du Conseil interafricain de Philosophie (CIAP) a structuré sa conférence par un tas de questions. Au nombre de celles-ci, ce que doit être, aujourd’hui, le discours anthropologique et ethnologique, lorsque celui-ci est pris en charge par l’Africain.

Le philosophe béninois constate que le discours anthropologique africain est extraverti, tourné vers l’extérieur, adressé à des non-Africains. Raison pour laquelle il estime que les anthropologues africains doivent réorienter leurs recherches sur les préoccupations des populations africaines et sur les questions que celles-ci se posent. C’est en cela qu’il trouve urgent de lancer un long travail de recherche sur le continent. Abondant dans le même sens, le Pr Ibrahima Thiaw, directeur du laboratoire d’anthropologie et d’ingénierie culturelle de l’Ucad, pense qu’il est grand temps pour les anthropologues africains de revisiter le travail anthropologique occidental sur l’Afrique qu’il qualifie de ‘’bibliothèque coloniale’’ pour enfin commencer à penser par et pour nous-mêmes.

‘’Nos étudiants, pour ce faire, doivent être préparés à être plus critiques, par rapport aux concepts, aux méthodes et aux théories de cette bibliothèque. Il faut encourager un nouveau type de savoir plus digeste pour nos populations’’, soutient M. Thiaw. A en croire ce dernier, ‘’l’anthropologie est une discipline née dans un contexte colonial. C’était une recherche de l’Européen sur l’autre. L’essentiel des ouvrages sur les populations africaines étaient la perception de ces auteurs occidentaux sur l’Afrique, ses cultures, ses modes de vie et de pensée’’, ajoute l’encadreur rattaché à l’IFAN.

Cette thèse du Pr Ibrahima Thiaw trouve toute sa véracité dans l’avant-propos de l’ouvrage du traditionnaliste africain Amadou Hampâté Ba intitulé ‘’Vie et enseignements de Thierno Bocar’’. Dans ce livre, l’écrivain malien décrit en ces termes Marcel Cardaire, un responsable blanc de l’administration coloniale en service dans le Soudan français (actuel Mali) : ‘’Marcel Cardaire, élève du grand ethnologue Marcel Griaule, savait comment, par la confiance, approcher l’Africain, notamment le Soudanais, pour obtenir de lui ce que ni force, ni fortune ne pourrait lui arracher’’, témoigne Amadou Hampaté Bâ pour souligner le rôle et la place du travail anthropologique sur lequel s’est appuyé le système colonial pour la domination des peuples africains.

MAMADOU YAYA BALDE
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