Le Grand Magal de Touba a été célébré ce mercredi 8 novembre à Touba. Mais, la fourniture de l’eau a été perturbée par endroit, obligeant les populations à acheter la citerne à 35000 F Cfa.
La distribution d’eau a connu des perturbations au niveau de la cite religieuse de Touba durant le Magal. Dans certains quartiers périphériques de la ville religieuse, il est souvent difficile de trouver le liquide précieux. Il faut dès lors se rabattre sur les bouteilles d’eau vendues par les charretiers où les citernes cédés à 35.000 F Cfa le contenu (l’unité). Cette pénurie d’eau a été durement ressentie par les vendeurs établis au rond point de Dianatou Mahwa. Au total plus d’une vingtaine de charrettes sont stationnées aux alentours du bassin du forage Ainou Rahmati de l’unité de potabilisation à la recherche du liquide précieux. Ces vendeurs d’eau, pour la plupart, passent souvent la nuit à la belle étoile, sans pour autant avoir la moindre goutte d’eau. Modou Diop, la cinquantaine révolue, explique: «on achète le bidon d’eaux de 20 litres à 100 F Cfa au niveau de l’unité de potabilisation Aynou Rahmati que nous revendons entre 200 et 400 F Cfa.» Le travail ne marche pas car, selon lui, le bassin qui les ravitaillait en eau est vide. «Si les choses marchent, on peut avoir deux voyages en raison de 3000 F Cfa par voyage. Mais, aujourd’hui, il nous est difficile de faire un seul voyage», a-t-il ajouté.
Ameth Diop, âgé de 30 ans, soutient pour sa part que des perturbations ont été notées dans la distribution plusieurs jours avant le Magal. «Il m’arrivait, en période de Magal, de réaliser un chiffre d’affaire de 10.000 F Cfa par voyage. Mais, cette année, je ne peux pas avoir un seul voyage à cause de la pénurie constatée dans les quartiers périphériques à Touba». Au quartier Madiyana, les populations ont du mal à trouver le liquide précieux. Là, la citerne d’eau est cédée à 35.000 F Cfa.
Les fidèles entre prières et recueillements
Le Grand Magal de Touba, commémorant le départ en exil forcé au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme, a été célébré hier, mercredi 8 novembre dans la ferveur, dans la cité religieuse. Très tôt le matin, les fidèles venus de différents horizons ont pris d’assaut la grande mosquée de Touba pour les prières et recueillements. Jeunes, femmes et enfants hommes et vieux se confondent dans une foule immense. Les hauts parleurs de la grande mosquée distillent des «zikr» partout. Dans chaque coin de la mosquée, une longue file se dresse. Chacun attend, avec impatience, son tour pour se recueillir aux mausolées de Cheikh Ahmadou Bamba et certains de ses fils notamment Serigne Fallou Mbacké et Serigne Saliou Mbacké.
Au sortir des mausolées, la joie et la plénitude se lisent sur les visages des pèlerins. Agé d’une trentaine d’années, Djibrilou Diallo, les sandales en main, se confie. «Le Magal de Touba est un jour très spécial dans la vie du talibé mouride car célébrant l’exil du Cheikh. C’est pourquoi chaque année, je quitte ma région de Kolda pour venir me ressourcer dans cette ville sainte. Même si c’était nécessaire, j’attendrai toute une journée pour entrer dans la mosquée. Je le faire avec plaisir.»
A l’image de Djibrilou, Moussa Ndiaye a quitté Dakar depuis lundi pour la célébration du Magal. Vêtu d’un boubou en Getzner, des lunettes de soleil bien vissées, l’homme se dit très satisfait d’avoir accompli son devoir de talibé mouride. «C’est encore une fierté pour moi de venir à Touba pour les besoins du Magal. J’ai prié pour moi, pour ma famille et pour tout le Sénégal. Je souhaite aussi un bon retour à tous les fidèles qui ont fait des kilomètres et des kilomètres pour répondre à l’appel de Khadim Rassoul».
A quelques jets de pierres, Ndeye Seck, accompagnée de deux de ses filles, trouve agréable l’ambiance du Magal. «Vraiment tout s’est bien passé pour nous. Le climat est bon. Les «berndés» (nourritures) aussi ne manquent pas. On est bien accueilli à Touba», dit-elle.
Les alentours de la mosquée également grouillent de monde. Commerçants, pèlerins et voitures se partagent la route. Ce qui rend difficile la circulation en cette matinée du Magal. Le petit commerce marche bien. On y vend toute sorte de produits et les marchandises sont accessibles à toutes les bourses. Des chaussures, des chaussettes, des tissus et autres produits sont déposés par terre à la vue des clients.
ALIMENTS IMPROPRES A LA CONSOMMATION : 3 tonnes de produits périmés et 13 tonnes de sel non iodé saisies
Les services du Commerce de Diourbel ont saisi 3 tonnes de produits périmés et 13 tonnes de sel non iodé. L’annonce est du chef du service régional de Commerce de Diourbel, Amadou Touba Niang. Par ailleurs, dit-il, 86 boulangeries et 109 dépôts de pharmacie ont été contrôlées. Selon Amadou Touba Niang, il n’y pas eu de rupture des denrées de premières nécessités.
SENS DU MAGAL : Couronnement de la mission de Cheikh Ahmadou Bamba
Le Grand Magal célèbre le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Les récitals de Coran et de Khassaïdes (poèmes de Cheikh A. Bamba) et des «berndés» marquent cet événement. Assane Diouf, membre du Comite scientifique de Hizbou Tarkhiya, explique que le Grand Magal a été le couronnement de la mission d’un homme, Cheikh Ahmadou Bamba, qui a consacré toute sa vie au service de son Prophète (PSL).
Selon lui, en 1895, le Prophète (PSL) lui est apparu pour qu’il signe avec lui un contrat. Et de poursuivre que ce contrat était une mission à accomplir pour la face d’Allah. Il devait quitter son peuple pour aller dans les horizons lointains, subir toute épreuve de vexation pour pouvoir être le serviteur privilégié du Prophète (PSL).
Le jour de son départ, il appelé les siens pour leur dire: «je vais retenir cette date pour rendre grâce à Dieu parce que c’est le jour que j’ai obtenu ce que je voulais c’est-à-dire accomplir une mission au nom du Prophète (PSL), contrairement à ceux-là qui rendent grâce à Dieu après la fin des épreuves. Il savait qu’il allait partir et revenir parce que c’était une mission de son Seigneur».
Le Magal célèbre le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba dans les horizons lointains, 7 ans au plus, il est revenu plus fort, couronné de bienfaits et de faveur en provenance de son Seigneur.
LE BERNDE, UN ACTE DE DEVOTION
Le «bernde», dit-il, occupe une place de choix dans le Grand Magal. Cheikh Ahmadou Bamba a dit, selon lui, que le «bernde» ou donner à manger à un musulman, ne serait-ce qu’une poignée de nourriture, est meilleur que la construction de 1000 mosquées. Cheikh Abdoulahat Mbacké disait qu’il y a des péchés que rien ne pouvait effacer si ce n’est d’assister un musulman qui a faim et qui a soif. Cheikh Ahmadou Bamba dit dans le Massalikoun Djinane (titre d’un de ses poèmes) que le jour du jugement dernier, quand les hommes seront dans les affres, les difficultés, attendant le jugement dernier, «un crieur va demander: «où sont ceux-là qui assistaient les musulmans en cas de nécessité ? Ils diront nous sommes là». Il dit que le Seigneur vous a ordonné d’aller directement au paradis.»
APPORT DU MAGAL DE TOUBA DANS L’ECONOMIE NATIONALE : Plus de 240 milliards de gain par année
Les dépenses effectuées pour l’organisation du Magal de Touba s’élèvent à plus de 240 milliards de F Cfa. Ce qui représente un apport considérable dans l’économie sénégalaise. C’est une étude menée par le Comité d’organisation du Magal de Touba et l’Université Alioune Diop de Bambey, qui montre ainsi l’impact économique du Grand Magal de Touba.
Une enquête sur l’impact économique du Grand Magal de Touba, réalisée par l’Université Alioune Diop de Bambey et le Comité d’organisation du dit événement religieux a été publiée avant-hier, mardi 7 novembre, à la vielle du Magal, lors d’une réception organisée par le porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre. Il est ressorti de l’enquête que le Magal de Touba apporte à l’économie sénégalaise plus de 240 milliards de F Cfa, plus précisément 249.882.782. 297 F Cfa. Un apport qui se fait sous la forme de plusieurs dépenses.
Selon l’étude, les ménages dépensent en moyenne 1.443. 415 F Cfa pour l’organisation. Un montant qui peut atteindre des proportions beaucoup plus grandes s’il est rapporté aux 50.000 ménages que compte la cité religieuse. Les dépenses en alimentation occupent plus d’un quart du budget des ménages. Elles peuvent atteindre 399.655 F Cfa en moyenne. Les dépenses pour les boissons et les produits d’entretien occupent une part important dans les frais. Elles sont évaluées respectivement à 301.210 F Cfa et 243.910 F Cfa. Par ailleurs les résultats de la recherche ont montré aussi que le Magal est une occasion de forte consommation de viande. Plus de 150.000 petits ruminants sont consommés annuellement.
L’AGE MOYEN DES PELERINS EST DE 29 ANS
Les préparatifs du Magal entrainent une hausse de la demande des offres. En effet, il est ressorti des enquêtes que les commerçants et les artisans font en moyenne 5 heures supplémentaires par jour à cause de la hausse de l’activité. Les entreprises locales recrutent en moyenne une à deux personnes pour les besoins du Magal. En effet, les pèlerins du Magal sont composés en majorité de jeunes. La moyenne d’âge est de 29 ans. Ils sont en majorité Wolofs (56,60%) et Sérères (22,32%) et viennent pour la plupart de Dakar, Thiès et Louga.
Les transferts de fonds sont très effectués pendant le Magal. Un pèlerin sur quatre reçoit un transfert de l’intérieur du pays et un pèlerin sur six reçoit un transfert international.
UNE ETUDE A REVOIR PARCE QUE SOUS EVALUEE, SELON SERIGNE BASS ABDOU KHADRE
Cependant le porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre a souhaité une reprise de l’enquête. A son avis, le nombre de ménage estimés dans la cité religieuse par l’étude est en dessous de la réalité. Environ 2.000.000 de personnes vivent à Touba, selon les services de santé, a-t-il dit. Il a demandé, par la même occasion, aux habitants de Touba de coopérer avec les enquêteurs afin que l’impact réel du Magal puisse être mesuré.
LES CHIFFRES MACABRES DU MAGAL : 109 accidents, 43 décès et 538 victimes
Pour la 123e édition du Magal de Touba, une quarantaine de fidèles ne sont pas arrivés au bon port. Et pour cause, ils ont été emportés par des accidents de la route, informe le chef de la Division opération de la Brigade nationale des Sapeurs pompiers. Rien qu’à l’aller, les éléments de la Brigade des sapeurs pompiers ont enregistré 41 décès. 109 accidents de la circulation ont occasionné 494 victimes dont les Sapeurs pompiers ont assisté 453 (personnes). Parmi les deux autres décès, l’un est mort suite à un affaissement d’un balcon à Gouye Mbind, l’autre c’est un cas de mort naturelle. Le mauvais comportement sur les routes est la principale cause des accidents avait déploré, le lieutenant Yatma Dieye, après les 30 premiers décès dont les 25 ont été emportés par la collision survenue sur la route de Kébémer lundi dernier.
SERIGNE CHEIKH MBACKE ABDOU WOUDOD : «Le travail, un acte de dévotion»
En marge de la cérémonie de présentation des résultats de l’etude sur les impacts du Magal sur l’économie du Sénégal, une conférence sur le thème «Le rôle du travail dans la philosophie mouride» a été développé par Serigne Cheikh Abdou Woudod Mbacké. Cet inspecteur de l’éducation, par ailleurs religieux, a démontre que «le travail constitue un acte de dévotion mais une obligation pour le musulman.» Toutefois, il soutient que le travail ne doit pas enfreindre la prière.
«Le travail occupe une place de choix dans le Mouridisme. Le Travail est un acte de dévotion», selon Cheikh Ahmadou Bamba. «C’est est une obligation comme tout piliers de l’Islam. Chacun doit le faire et s’il n’a pas un empêchement. Celui qui ne le fait pas est soumis à une sanction. Vivre à la sueur de ton front est mieux que tout travail. Cela est mieux que de tendre la main. Le prophète (PSL) s est toujours oppose à la mendicité. C’est pourquoi les Mourides considèrent le travail comme un acte de dévotion, mais aussi une obligation divine. Manger ce qu’on gagne honnêtement permet au musulman de bien adorer Dieu. Celui qui ne vit pas de la sueur de son front, il lui sera difficile d’adorer Dieu. Le fondateur du Mouridisme a toujours privilégié le travail. A titre d’exemple, il demandait de donner en aumône son repas si la femme qui cuisinait ne s’était pas acquitté de ces prières.»