La réponse ne s’est pas fait attendre du côté des partisans du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, suite aux attaques portées contre sa personne par des députés de l’opposition, lors de la ratification de la liste des membres du comité ad hoc pour lever l’immunité parlementaire du député Khalifa Sall. L’ancien député de l’Alliance des forces de progrès (Afp) à la 12ième législature, Pape Diallo Zator Mbaye, dit Zator Mbaye s’en est pris aux députés non-inscrits Déthié Fall de Rewmi, et Ousmane Sonko du Pastef/Les Patriotes. Dans un entretien téléphonique accordé à Sud quotidien, le «progressiste» estime que ces derniers doivent apprendre comment se comporter dans l’hémicycle. Il est revenu en outre sur les rapports entre son mentor et le maire de la ville de Dakar, non sans indiquer que Moustapha Niasse «est connu pour sa rigueur et sa flexibilité, mais également son ouverture».
Le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse a été accusé par ses collègues députés de l’opposition et les non-inscrits d’avoir violé le règlement intérieur, lors de la ratification de la liste des membres du comité ad hoc pour lever l’immunité parlementaire du député Khalifa Sall. Qu’en est-il ?
Ils l’ont accusé à tort parce que Moustapha Niasse est un homme d’Etat. Il n’est pas un homme d’Etat comme certains qui s’illustrent de manière aussi choquante. L’Assemblée nationale fonctionne sur la base d’une loi organique qui porte sur son fonctionnement, et qui s’appelle le règlement intérieur. Le président de l’Assemblée nationale est connu pour sa rigueur et sa flexibilité, mais également son ouverture. Cependant, c’est un homme qui reste dans le champ et les limites des textes de l’Assemblée nationale qui, en la matière, organise une séance pareille. L’opposition parlementaire qui, en tout cas, nous a habitués à des shows parlementaires, à des dérives de langage, tout en sachant qu’elle ne pouvait pas infléchir sur cette dynamique qui est logique, pour l’insulter, ruer sur les pancartes, tout en prenant part à cette commission. J’aurais compris que l’opposition dise qu’elle boycotte la commission, puisque c’est une commission illégale. C’est ça qui devrait être à mon sens l’attitude de l’opposition. Mais, pas de dire publiquement que nous ne sommes pas d’accord et dans les coulisses dire nous participons quand même, même si nous ne sommes pas d’accord. Je pense que c’est cette hypocrisie qui les a perdus lors des élections législatives. Parce que, si tant est que tout ce qu’ils sont en train de dire était vrai, je pense qu’ils se seraient tous rangés derrière Khalifa Sall pour lui permettre d’avoir peut-être une majorité parlementaire qui lui aurait permis aujourd’hui d’appliquer leurs désidératas.
Des députés s’en sont pris au président de l’Assemblée, à l’image d’Ousmane Sonko de Pastef et de Déthié Fall. Que répondez-vous à ces attaques contre votre leader ?
M. Déthié Fall, je pense d’abord qu’il s’est trompé doublement d’interlocuteur. Parce que lui, il a tété, comme je l’ai dit tantôt, le lait de la tortuosité, de la honte, de la roublardise, de la rancune auprès de son leader, qui est Idrissa Seck. Naturellement, il ne saurait vomir rien d’autre que la honte qu’il a eu à téter. C’est regrettable pour un parlementaire. C’est pour moi le lieu de lui lancer un appel pour qu’il puisse apprendre, pour comprendre, avant de rendre. Parce qu’on ne peut pas rendre ce qu’on n’a pas appris. Je crois qu’il pense qu’à l’Assemblée nationale, c’est des muscles, des vociférations. Mais, il comprendra à ses dépens que l’Assemblée nationale est une institution sérieuse et que lui, il vient de s’illustrer comme quelqu’un qui ne mérite pas sa place dans cet hémicycle.
Pour ce qui est de M. Ousmane Sonko, qui a également insulté, je pense que lui, il a quitté le statut d’inspecteur d’impôts à un statut d’inspecteur d’une inculture politique. Parce qu’ils viennent, justement, d’inaugurer leurs premiers pas comme parlementaires et ils se doivent tous, tant qu’ils sont, de comprendre le règlement intérieur, de le lire, de le relire, de poser des questions pour que nul n’en ignore, pour qu’ils puissent savoir comment se comporter dans un hémicycle, dans une institution aussi importante que l’Assemblée nationale.
-En tant qu’ancien parlementaire, comment comprendre l’acceptation de l’Assemblée nationale de vouloir lever l’immunité parlementaire de Khalifa Sall alors qu’elle le lui avait été refusée un moment ?
Vous savez, tout député élu, naturellement je crois, doit avoir son immunité parlementaire. L’immunité parlementaire veut dire quoi ? Ça protège le député de ce que l’on appelle l’irresponsabilité et l’inviolabilité. L’irresponsabilité dans tout ce qu’il aura à faire, à dire et l’inviolabilité s’il venait à commettre un délit ou un crime dans l’exercice de sa fonction. Immunité parlementaire ne saurait être synonyme d’amnistie parlementaire. Parce que, les gens semblent nous pousser vers cette voie en disant puisque quelqu’un a une immunité parlementaire, il est amnistié de tout ce qu’il a eu à faire bien avant. Moi, je ne suis plus député. Pendant que j’étais député, j’avais mon immunité parlementaire. Je ne pouvais pas être poursuivi pendant cette période. Avant que je ne le sois, je ne bénéficiais pas des avantages de l’immunité. Aujourd’hui, je n’en bénéfice plus. Alors, l’immunité ne veut pas dire qu’il faudrait que les hommes politiques se réfugient derrière cette immunité parlementaire pour faire tout ce qu’ils veulent faire. Alors, ça voudrait dire que chacun peut tuer, faire ce qu’il veut, puis se réfugier derrière cette soit disant immunité parlementaire. Je pense que ce n’est pas juste. Même les juges en la matière sont divisés sur la question. Mais, je m’en réfère à ce que dit le texte de l’Assemblée par rapport à la faculté que peut avoir l’Assemblée d’arrêter les procédures. Je dis bien que c’est une faculté car l’Assemblée peut, comme l’Assemblée ne peut pas. On ne dit pas que l’Assemblée doit.
Deuxièmement, il y a le principe d’antériorité des demandes, entre la demande du député El Hadj Issa Sall et la demande du ministre de la Justice. Je pense que face à ces deux demandes, il y a le principe de l’antériorité des deux demandes. On ne peut pas traiter une demande, avant qu’elle soit terminée, pour ouvrir l’autre demande. Je pense que c’est ce qui s’est passé.
Et tel que je connais le président Moustapha Niasse, qui je voudrais le rappeler, en 2009 était le premier à parrainer la candidature du maire Khalifa Sall à la mairie de Dakar pendant que tous les autres leaders n’y croyaient pas, le président Moustapha Niasse a dit que Khalifa Sall était son candidat à la mairie de Dakar et l’a accompagné avec sincérité et dévouement. Deuxième niveau, quand des problèmes ont commencé à surgir entre le président Macky Sall et le maire Khalifa Sall, moi-même qui vous parle, j’étais témoin d’une rencontre où on n’était pas plus de 5 au domicile du président Moustapha Niasse, en la présence de Khalifa Sall. C’était pour lui demander simplement, d’être dans les bonnes dispositions et de travailler avec le président Macky Sall. Et beaucoup de gens sont témoins des bonnes relations qui ont toujours existé entre le président Moustapha Niasse et Khalifa Sall. Donc, en quoi, le président Moustapha Niasse devrait aujourd’hui faire entorse à la loi pour simplement essayer d’amener Khalifa Sall à la guillotine ? L’Assemblée nationale n’est pas le juge en la manière, il appartiendra à la justice de dire le droit. Par contre, l’Assemblée ne peut pas faire entrave, ne peut pas faire obstruction à l’avancée de la justice quel que soit le député qui sera incriminé.