Politique
Rapprochement sous fond de calcul électoraliste Macky, Wade et l’électorat mouride
Publié le lundi 6 novembre 2017 | Rewmi
© Autre presse
Macky et Wade |
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Des rapprochements sont annoncés entre l’ancien Président Abdoulaye Wade et le nouveau, Macky Sall. Et le porte-parole des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre, y a apporté la bénédiction du Khalife général de cette importante confrérie qui s’apprête à fêter le retour d’exil de leur guide Cheikh Ahmadou Bamba.
Une déclaration qui arrive dans un contexte où diverses sources nous avaient déjà mis la puce à l’oreille sur des tractations souterraines pour rapprocher les deux hommes politiques.
Aujourd’hui, les signes avant-coureurs de retrouvailles apparaissent sur le ciel gris des relations entre l’ancien et le nouveau Président. Des biens sont restitués et Wade vient de bénéficier du service de l’Armée nationale pour un transport aérien sur la ville sainte. Un autre signe qui ne trompe pas.
Ce sur quoi il importe alors de s’attarder, ce sont les motivations des uns et des autres. Nous savons en effet que toute démarche à ce propos obéit à une logique politique bien calculée.
Si du côté de Wade, le monde tourne autour de son fils qu’il souhaiterait voir suivre ses traces jusqu’à occuper la plus haute fonction dans ce pays, du côté de Macky, on est aussi loin d’être seulement philanthropique.
Il se susurre, en effet, que depuis son arrivée au pouvoir, l’électorat mouride lui tourne majoritairement le dos, même s’il lui arrive d’avoir de gros bonnets à ses côtés.
Bien sûr, tout n’est pas de sa faute et ses représentants dans la ville sainte ont parfois brillé par une extravagance qui a longtemps faussé les cartes.
Qu’à cela ne tienne, au regard des résultats des législatives de juillet 2017, il ressort clairement une évidence, c’est que la majorité au pouvoir est en chute libre, étant passé de 65% à 49%, malgré tout ce qui s’est passé de pas du tout mouride dans l’organisation du scrutin.
Travailler à conquérir l’électorat mouride
Alors, une urgence s’impose à Macky : Travailler à conquérir l’électorat mouride. Pour ce faire, il a toujours élaboré des scénarii, mais aucune d’eux n’a vraiment pas fonctionné jusqu’ici.
Aujourd’hui, il souhaite ainsi changer de fusils d’épaule en s’attaquant à ce qui lui parait être la racine du mal. Il s’agit en clair, des relations d’osmose entre l’ancien Président et non seulement avec l’intelligentsia mouride, mais aussi avec les talibés. Touba est reconnaissant de Wade estampillé « talibé » comme eux et prêt à rendre service. Du coup, tant qu’il sera actif sur le terrain politique, il sera difficile de le remplacer dans le cœur de toutes ces personnes étant entendu que dès le début de son magistère, Macky a eu à prononcer des propos et adopté parfois de attitudes qui ont été très mal perçus dans ce milieu.
En conséquence, dans la dynamique du rapprochement annoncé et qui semble être réel, Macky compte davantage convaincre Touba et ses proches de sa bonne foi selon la logique du ‘’l’ami de ton ami est ton ami’’. Wade est ici, une sorte de porte d’entrée pour dissiper des malentendus parfois entretenus.
Ainsi, ce n’est point un hasard si c’est Serigne Bass Abdou Khadre lui-même qui en parle dans la presse. Ce qui s’est passé aux législatives a montré que Macky n’a pas forcément de problèmes avec le « Clergé » mouride, mais avec les talibés eux-mêmes.
Les violences notées dans la Sainte ville, malgré les mises en garde de la haute hiérarchie, ont poussé cette dernière et les autorités politiques à chercher les voies et moyens de « contenter » cette base. Et à ce propos, Wade est un gros ‘’poisson’’ qui pourrait ouvrir pas mal de portes.
Est-ce que la mayonnaise va prendre ? C’est toute la question.
Si Wade continue à se taire sur ses rapprochements et fait adopter à son fils le même silence sur son supposé exil et ses plans politiques réels, peu de citoyens de Touba et environs seront convaincus de la sincérité de leur démarche.
En gros, Macky et Wade nous doivent des explications sur nombre de dossiers, notamment sur celui de Karim Wade dont l’exil a été plus que préoccupant pour quelqu’un qui a été gracié.
Si le mystère continue à être entretenu sur ces questions clefs et bien d’autres comme l’attitude future du PDS lors de la future présidentielle, la tactique de ‘’l’ami de mon ami est mon ami’’ ne va pas prospérer.
Les citoyens sénégalais de toutes obédiences religieuses et confrériques ont assez montré de maturité pour s’affranchir de toute tutelle lorsqu’il arrivera le moment de voter.
Assane Samb/Rewmi quotidien
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