Diass n’est pas encore Orly. Si les gros œuvres ont déjà été réalisés, il reste encore quelques travaux de moindre envergure. L’Etat minimise et maintient le cap pour l’inauguration de l'Aéroport international Blaise Diagne le 07 décembre prochain.
Pendant que Léopold Sédar Senghor se meurt, Blaise Diagne revit. Le nouvel aéroport du Sénégal sera baptisé le 07 décembre 2017 à 12 heures. En prélude à cet évènement historique, le gouvernement a tenu avant-hier un Conseil interministériel dans le ventre même de l’infrastructure qui, désormais, trône sur les terres de Diass longtemps en jachère dans le département de Mbour, loin de la ville, de ses immeubles et embouteillages.
Ainsi, l’Etat a dompté la nature, mais pas complètement. Les traces de la savane et de la forêt sont encore visibles sur la vaste étendue de terre. La surface occupée par les arbustes et autres herbes sauvages domine encore celle accueillant les bâtiments et autres installations. Les ouvriers, à quelques jours de l’évènement, s’activent encore. Accroupi à même le sol, ce journalier, en jean et t-shirt blanc noirâtre, œuvre dans la réalisation du pavage. Interpellé sur l’avancement des travaux, il répond : ‘’Nous travaillons d’arrache-pied pour l’achèvement du chantier le plus tôt possible. Mais je ne pense pas que d’ici le 07 décembre prochain, tout puisse être réceptionné. Il y aura encore des ouvriers bien au-delà de cette date. Mais l’essentiel sera livré.’’
A quelques mètres, c’est le parking en construction pour les administratifs. 19 heures, les travailleurs, pointés depuis 08 heures, sont encore sur place. Ils se battent contre le sol dur en latérite pour atteindre les résultats à eux assignés. L’un d’eux, le visage avachi, confie : ‘’Nous attendons le béton. On nous a dit que c’est en route. Il est tard mais nous sommes obligés d’attendre parce que la date butoir est presque arrivée. Et nous sommes ici dans l’un des secteurs prioritaires que nous avons l’obligation de livrer avant le 07.’’
‘’60 à 70% des travaux ont été exécutés’’
Pour sa patronne debout à côté du bâtiment administratif, les cahiers de charges seront respectés à la lettre. ‘’C’est vrai que la pression est énorme, mais on gère. Nous avons l’habitude de travailler dans ces conditions. Je ne peux pas dire que tout sera livré avant le jour de l’ouverture. Mais les secteurs prioritaires pourront être réceptionnés avant cette date. En termes de pourcentage, c’est environ 60 à 70% des travaux qui ont été exécutés’’, a déclaré la conductrice des travaux, une jeune dame sympa dans son body bleu assorti d’un jean aux couleurs du ciel.
A ce jour, il reste donc des chaussées à dresser, du pavage à installer, des canaux encore à finaliser. Des travaux qui s’effectuent sur neuf secteurs, dont 07 sont des priorités. A la fatigue se mêlent le stress et la pression. Mais le plaisir de graver son nom sous le béton de l’infrastructure semble avoir pris le dessus sur les autres considérations. ‘’C’est difficile mais exaltant. Nous sommes heureux de contribuer à la réalisation de cette infrastructure de grande envergure’’, renchérit la technicienne, la voix encore douce, malgré l’ampleur et la pénibilité de la tâche.
Ainsi dans quelques jours, le Sénégal étrennera son bijou, l’un de ses plus grands projets réalisé dans ce siècle, ou même dans l’autre, voire de toute son histoire. Ses futurs visiteurs seront désormais obligés de se poser loin de la capitale, sur une piste moderne, dans un paysage mi-urbain, mi-rural.
A l’horizon 2023, l’Etat attend pas moins de 5 millions de visiteurs par an. Il table sur un total de 10 millions de passagers en 2035.
Dans l’enceinte et en dehors, les travaux sont encore en cours. Des routes de dernière génération y sont en train d’être érigées. Sous une forte canicule, la délégation gouvernementale a effectué une visite de chantier. De 11 heures à 14 heures, le Premier ministre et sa suite ont fait les trajets Dakar-Aibd-Thiès. Si dans le deuxième tronçon (Aibd-Thiès), il reste quelques travaux de finition, dans le premier (Dakar- Aibd), tout semble fin prêt pour recevoir les milliers de personnes en partance ou arrivés au pays de la Teranga.
L’offre de Dakar Dem Dikk
L’entreprise de transport public Dakar Dem Dikk, aussi, s’apprête à assurer le trafic dans des conditions défiant toute concurrence. Silèye Anne, responsable de la communication, explique : ‘’Il y aura cinq lignes normales et une express de grand standing. Pour cette dernière, nous avons proposé un prix entre 3 000 à 6 000 francs. Pour les autres lignes, c’est au maximum 1 000 francs. Mais, ces prix ne sont pas encore validés. L’Etat va faire des arbitrages’’. Ces bus, selon M. Anne, partiront du Palais, Centre-ville, Dieupeul, Parcelles Assainies et Thiaroye. L’entreprise va aussi mettre en place des lignes AIBD-Thiès et Mbour.
‘’Ainsi, explique le responsable de la Communication, les populations, où qu’elles soient, par le biais du système d’interconnexion avec les lignes Sénégal Dem Dikk, pourront rejoindre l’aéroport via nos bus’’. Un voyage qui risque de se faire sous les pénombres si l’Etat ne met pas les bouchées doubles pour les installations électriques. Malgré tous les impairs, les installations nécessaires pour le bon fonctionnement d’une infrastructure aéroportuaire ont été réceptionnées, et prêtes pour le grand jour. Il en est ainsi du tour de contrôle, de la piste d’atterrissage, de l’aérogare, entre autres. Suffisant pour ressusciter le premier député noir à l’Assemblée nationale française ; et militariser à défaut d’enterrer le premier président de la République du Sénégal.
MOR AMAR