Soupçonné d’avoir participé à un trafic de plusieurs millions d’euros, le musicien risque la cour d’assises. Mais la somme contrefaite serait en réalité bien inférieure. Ce que la justice tarde à admettre.
À l’heure où la présidence sénégalaise entend partir en croisade contre les informations frelatées, communiquant autour du nouveau hashtag #StopFakeNews, les conseillers du Palais de la République devraient se pencher rétrospectivement sur l’affaire Thione Ballago Seck, qui défraya la chronique il n’y a pas si longtemps. Quel plus bel exemple, en la matière, que la procédure judiciaire qui vise depuis plus de deux ans la star du mbalax et qui pourrait lui valoir un procès aux assises ?
Le 29 mai 2015, l’affaire démarre dans les colonnes des journaux, puis se répand aussitôt sur les télés et radios. Le célèbre chanteur à la voix d’or a été placé en garde à vue par la section de recherche de la gendarmerie de Colobane, à Dakar, en attendant d’être déféré au parquet. Soupçonné d’être au cœur d’un gigantesque trafic de faux billets, il était filé depuis plusieurs jours, ainsi que ses complices présumés.
Des sommes colossales, mais des chiffres incohérents
Manifestement alimentés par les enquêteurs, les journaux livrent des chiffres à couper le souffle : le montant des devises contrefaites découvertes à son domicile (en euros et en dollars) s’élèverait à 38 milliards de F CFA (58 millions d’euros) selon le quotidien sénégalais Libération, voire à 100 milliards (152 millions d’euros) selon Le Témoin.
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