Pour avoir infligé deux coups de couteau à un ami et poignardé mortellement un autre, le ressortissant malien Moussa Keïta a été condamné hier à 20 ans de travaux forcés.
‘’Des dommages et intérêts, c’est bien beau, mais mon fils est parti et rien ne peut le remplacer’’, ont tour à tour déclaré hier les deux parents de feu Amadou Dione Diouf. Leur fils a été tué à la fleur de l’âge, le 25 janvier 2008. Tout ce qu’ils voulaient, c’est que le meurtrier de leur fils paie pour son crime. Et ça a été fait hier, car Moussa Keïta a été condamné à 20 ans de travaux forcés, par la Cour d’assises de Dakar.
L’accusé n’a pas écopé de dommages et intérêts, car les parents n’en ont pas demandé. Six ans après la mort de leur fils, ils n’arrivent toujours pas à faire le deuil. ‘’J’avais deux enfants. Sa sœur cadette et lui. Il étudiait et dispensait des cours pour m’aider’’, a dit la mère de la victime qui a craqué, en voyant le visage de son fils. Avec qui, selon le père, ‘’ils avaient envisagé beaucoup de choses’’.
Mais tous leurs projets sont tombés à l’eau par la faute de Moussa Keïta, qui a poignardé la victime, et aussi du destin, parce que le coup fatal n’était pas destiné à Amadou Dione Diouf, mais plutôt à Amadou Sagna, ami de l’accusé. ‘’Amadou Diouf était quelqu’un de cool. Je n’avais aucun problème avec lui’’, a déclaré l'accusé.
Le jour du drame, la victime s’était rendue chez son oncle pour l’aider à débarquer un conteneur de marchandises. A un moment, une bagarre a éclaté entre Amadou Sagna et l’accusé. Voyant que son ami avait reçu un coup à l’omoplate et à la cuisse, Amadou Dione Diouf est intervenu. Mal lui en a pris, car il a reçu un coup en plein cœur.
Après son forfait, Moussa a affrété un taxi, mais n’a pu aller loin. Car, a raconté le témoin Moussa Seydi devant la Cour d’assises : ‘’J’ai crié au voleur et le taximan s’est arrêté’’. Cependant, l’accusé a soutenu que son intention n’était pas de fuir, car il ignorait avoir porté un coup mortel à Amadou Diouf Dione. En revanche, il a confirmé avoir asséné deux coups à Amadou Sagna pour ‘’se défendre’’.
‘’La veille, dit-il, nous avons eu un différend à cause de deux ceintures qu’on nous avait offertes’’. Mais, la procédure fait état d’une pochette que l’accusé avait pris au moment du débarquement, avant d’être prié de le rendre par la victime.
Quoi qu’il en soit, d’après l’accusé, le lendemain, lorsqu’il a croisé Amadou Sagna, celui-ci l’a attaqué. Son antagoniste, plus costaud, a rapidement pris le dessus. ‘’Je me suis saisi d’un couteau et il a tenté de s’enfuir pour chercher un objet, alors je l’ai atteint.’’
L’avocat général a présenté l’accusé comme une personne particulièrement violente. ‘’Il tue gratuitement. Il a prémédité son acte, pour se venger de ce qu’il a pris comme un affront’’, a-t-il dit, avant de requérir 20 ans de travaux forcés. L’avocat de l’accusé a déclaré que son client n’avait pas l’intention de tuer. Me Ibrahima Mbengue a demandé que l’assassinat soit disqualifié en coups mortels. Dans son verdict, la Cour a disqualifié l’assassinat et les coups et blessures volontaires (CBV) avec préméditation, en meurtre et CBV.