Le séminaire intergouvernemental franco-sénégalais s’est tenu hier, jeudi 19 octobre à Paris. Occasion pour le premier ministre sénégalais, Mahammed Boun Abdallah Dionne et son homologue français, Edouard Phillipe de définir les axes prioritaires de la coopération bilatérale entre le Sénégal et la France. Les deux gouvernements se sont, en effet, accordés à promouvoir la mobilité légale, à développer le secteur de l’éducation et de la santé, mais aussi à accentuer la lutte contre l’érosion côtière et le terrorisme dans le Sahel. Autant des décisions contenues dans une déclaration conjointe parvenue à la Rédaction de Sud Quotidien avant que Dionne et Phillipe ne fassent face à la presse.
Le Sénégal et la France sont décidés à donner un nouvel élan dans leur coopération bilatérale. En effet, face au terrorisme qui ne cesse de gagner du terrain dans le Sahel –d’ailleurs l’Ambassade des Etats-Unis a sonné l’alerte hier (voir par ailleurs)-, les premiers ministres sénégalais et français ont fait savoir qu’il est temps de renforcer les dispositifs de lutte contre ce fléau lors du séminaire intergouvernemental franco-sénégalais tenu hier, jeudi 19 octobre, à Paris. «Face au terrorisme, la France et le Sénégal partagent les mêmes valeurs et les mêmes objectifs», ont-ils dit.
Selon Mahammed Boune Abdallah Dionne, «nous ne sommes pas membre du G5 Sahel, mais comme aime à le rappeler le Président Macky Sall, nous faisons qu’accompagner le G5. Au lendemain des évènements, le Sénégal avait déjà dépêché des troupes et c’est la base de ce qui allait constituer la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations- Unies pour la stabilisation du Mali)».
Son homologue français, Edouard Phillip de signaler que «ce qui se passe au Sahel est essentiel pour le Sénégal et la France». En effet, pour le Premier ministre sénégalais, «le Sénégal a joué son rôle et continuer à le faire en se renforçant dans le cadre de la Munisma. Toute initiative qui vise à concourir au retour de la paix dans ce pays et à lutter contre les forces obscurantistes, aura le support du Sénégal».
Les deux pays ont exprimé leur volonté de promouvoir la mobilité légale dans les deux sens. «La France améliorera les conditions de délivrance des visas aux ressortissants Sénégalais, notamment en augmentant la part de visas de circulation délivrés au Sénégal et en réduisant le délai de délivrance des visas», ont fait savoir le premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah Dionne et son homologue français, Edouard Phillipe.
Toutefois, l’amélioration des conditions de délivrance des visas n’empêche nullement la poursuite de la lutte contre l’émigration clandestine. Car, selon les deux premiers ministres, «nos deux pays ont affirmé leur volonté de lutter ensemble contre l’immigration irrégulière et de remédier aux causes profondes de cette dernière. Ils intensifieront le dialogue régulier et constructif initié dans le cadre de l’accord conjoint de gestion des flux migratoires conclu en 2008».
Et pour freiner la migration, les deux pays ont misé sur la «sensibilisation des populations aux risques encourues et éviter ainsi des drames humains dans le Sahara ou en Méditerranée».
Vers la création d’un campus franco-sénégalais à Diamniadio
Parmi les axes prioritaires pour booster le développement de notre pays, il y a aussi l’éducation et la santé. Et pour propulser le secteur de l’éducation dans notre pays, les deux pays vont co-parrainer la conférence de reconstitution des ressources du Partenariat mondial pour l’éducation prévue en février 2018 à Dakar. Cette rencontre a, en effet, pour objectif de mobiliser jusqu’à 3,1 milliards de dollars de financement pour la période 2018-2021. Egalement, le Sénégal et la France ont décidé de passer par la formation des enseignants et des cadres du système éducatif de même qu’à la promotion de la culture scientifique et du numérique dans les enseignements pour améliorer le secteur. «Afin de répondre au défi de l’insertion professionnelle des jeunes, des programmes de coopération seront mis en place dans le domaine de l’enseignement technique et professionnel, articulés autour des besoins économiques du Sénégal».
Pour permettre toujours d’améliorer le système éducatif, il est prévu la mise en place d’une commission mixte de pilotage stratégique sur l’enseignement supérieur, la recherche et la formation qui s’attachera, en particulier, à favoriser les formations délocalisées au Sénégal d’universités et de grandes écoles françaises et à augmenter le nombre d’étudiants français au Sénégal, ainsi que la création d’un grand campus franco-sénégalais dans la ville nouvelle de Diamniado sera étudiée.
Quant à la santé, la coopération bilatérale entre le Sénégal et la France devra permettre d’améliorer l’accès à des soins de qualité et à des coûts accessibles. En ce qui concerne la lutte contre les maladies infectieuses épidémiques et des efforts pour promouvoir la sécurité sanitaire, «des actions coordonnées de transfert de compétences et de renforcement des capacités techniques sont mises en œuvre». Non sans relever l’appui à la Couverture Maladie universelle et le soutien à la formation des professionnels de santé.
«Le Groupe AFD a injecté 800 millions d’euros au Pse»
En effet, au cours de ce séminaire intergouvernemental franco-sénégalais, le gouvernement sénégalais a salué le rôle des entreprises françaises dans l’économie locale. Mais également, la contribution du groupe AFD au financement du Plan Sénégal émergent, contribuant déjà à hauteur de 800 millions d’euros sur 45 projets. Sur cette base, la France continuera à soutenir le développement des projets structurants, l’investissement dans les secteurs prioritaires du PSE et intensifier son action d’appui au secteur privé, l’accès au crédit des PME et dans d’autres domaines.
Un prêt garanti par BPI France signé pour un supercalculateur à Diamniadio
En effet, la France entend contribuer à l’ambition du Sénégal de devenir un pôle d’enseignement supérieur et de recherche de référence en Afrique. Et dans le cadre, «nos deux pays ont procédé à la signature d’un prêt garanti par BPI France permettant l’acquisition par le Sénégal d’un supercalculateur produit par Atos, qui sera installé dans la ville nouvelle de Diamniadio, appelée à devenir un pôle régional numérique», souligne-t-on dans la déclaration conjointe. Les autorités sénégalaises et françaises ont aussi reconnu le «caractère prioritaire» du projet de Train Express Régional et du nouvel aéroport international Blaise-Diagne.
Des mesures pour lutter contre l’érosion côtière à Saint-Louis
L’érosion côtière qui menace la ville Saint-Louis de disparition a été au cœur des échanges lors du séminaire intergouvernemental Franco-sénégalais. «Saint-Louis est à sauver parce que menacé par l’érosion côtière et les changements climatiques. En novembre, lors de la réunion de Paris sur le climat, nous pensons pouvoir proposer un partenariat sur la question (…) Et, je pense que si nous soumettrons l’initiative à nos chefs d’Etat se serait un exemple coopération sur la question climat », a dit Mahammad Boune Abdallah Dionne. Pour sa part, Edouard Phillipe a laissé entendre : « Vous avez eu l’occasion d’instituer avec les membres de votre gouvernement sur la situation particulière, à la fois symbolique de la ville de Saint-Louis qui est confrontée à la remise en cause de ses équilibre naturelles, liées à l’érosion des côtes. Nous avons bien pris conscience de ce sujet. Un certain nombre de programmes sont envisagés pour améliorer la situation. Comme l’a indiqué le ministre de l’Europe et des affaires étrangers, Jean-Yves Le Drian, nous avons saisi toute la sensibilité symbolique et réelle de ce sujet».
EDOUARD PHILIPPE, LE PREMIER MINISTRE FRANÇAIS : «Le problème entre la France et le Sénégal, c’est qu’il n’y a pas de problème»
«Le Sénégal et la France entretiennent une relation d’une authenticité, d’une richesse, d’une particularité tout à fait rare et tout à fait singulier. Nous ne sommes pas alliés seulement au sens où nous serions différents, mais où nous nous retrouvions dans un intérêt commun. Nous sommes presque conjoints, par notre histoire, par notre culture et par l’intensité avec laquelle nous avons voulu engager et poursuivre depuis de très longues années un partenariat tout à fait singulier. Nous ne l’avons pas initié. Nous nous inscrivons dans l’histoire qu’ont tracée devant nous des prédécesseurs illustres, des Présidents visionnaires et des peuples décidés à faire en sorte que nos deux pays puissent se rapprocher toujours un peu plus. Cette alliance, elle est très forte et féconde pour le Sénégal et la France. Je crois que c’est le président de la République Macky Sall, vous-mêmes et moi-même, pourrions faire nôtre cette formule. Je crois qu’il a coutume de dire le problème entre la France et le Sénégal, c’est qu’il n’y pas de problème et pourvu que ça dure. Je n’ai pas beaucoup d’inquiétudes. Quand je vois la proximité intellectuelle et personnelle qui prévaut entre les membres de nos gouvernements. Quand je vois l’importance de la communauté française au Sénégal, les liens économiques, politiques, culturelles, économiques qui nous lient, quand je vois la façon avec laquelle vous regardez l’avenir qui correspond à bien des égards à celui avec lesquels le gouvernement entend regarder lui-même l’avenir, je me dis que ces correspondances sont puissantes. Oui durablement, nous pouvons penser que le problème entre la France et le Sénégal, c’est qu’il n’y pas de problème ».
MAHAMMAD BOUNE ABDALLAH DIONNE, PREMIER MINISTRE SENEGALAIS :«Le Sénégal occupe une place à part pour la France»
«C’est un modèle unique que vous avez de coopération avec tout le reste de l’Afrique. C’est pour dire que le Sénégal occupe une part particulière, une place à part pour la France tout comme la France occupe une part singulière pour le Sénégal, notre pays».