La Fondation Tony Elumelu (FTE) a récompensé, à Lagos (Nigéria), l’entrepreneuse sénégalaise Housseynatou Diallo, en reconnaissance de l’esprit entreprenarial de cette jeune femme engagée à créer de la valeur ajoutée dans son pays et à valoriser les produits locaux.
A 28 ans, Housseynatou Diallo, l’une des plus jeunes entrepreneuses africaines, a reçu un financement de 5000 dollars de la Fondation Tony Elumelu en 2016 pour lancer son activité. Grâce à ce soutien, elle s’est lancée dans la transformation des fruits locaux (bissap, bouye) en jus.
" J’ai postulé pour participer à ce projet de la fondation grâce à une amie. Et quand j’ai été sélectionnée, j’ai suivi des cours en agro-alimentaires pour me préparer", explique-t-elle.
Après avoir reçu les financements pour son projet, elle a créé une entreprise dénommée "Baaxu Mame", un nom choisi pour inviter à "un retour à nos valeurs ancestrales et à nos origines".
Derrière son air timide, son physique frêle, son visage aux traits fins et son accent qui laisse aisément deviner ses origines peulh de la Guinée, se cache une jeune femme déterminée et engagée à conquérir le marché "saturé " de l’agroalimentaire.
"Quand je commençais mon projet, des gens m’ont découragée, mais j’ai refusé de laisser tomber. Je ne me laisse pas distraire. Je sais ce que je veux et je me donne les moyens d’y arriver", déclare-t-elle.
Selon elle, "certains Sénégalais sont hostiles à ces types de projet. C’est un étranger qui m’a fait confiance et qui m’a aidée à faire vendre mes produits dans certains supermarchés à Dakar ".
Doctorante en économie agricole à l’ISRA, Housseynatou s’est lancée dans l’entrepreunariat en étant "motivée par l’idée de créer de la valeur ajoutée pour son pays".
"C’est la meilleure façon de développer son pays. Je veux aussi valoriser le potentiel africain, car nous avons de belles choses et nous devons les mettre en valeur pour être compétitifs sur le marché mondial", argumente-t-elle.
Née à Pikine, dans la banlieue dakaroise, Housseynatou rêve d’agrandir son activité et de l’étendre au-delà sa ville natale. Elle dit mettre de l’argent de côté pour s’acheter une machine pour une meilleure transformation du "bissap" et du pain de singe.
"La fondation m’a financée, mais la somme ne me permet pas d’acheter la machine dont j’ai besoin pour étendre mon activité. Alors, j’économise pour pouvoir me la procurer", explique-t-elle, invitant les autorités sénégalaises à s’inspirer du geste de la FTE pour soutenir les entrepreneurs.
L’étudiante en première année de thèse à la FASEG regrette que l’Afrique "ne représente que seulement 2% du commerce mondial" et s’engage à faire partie de ceux qui vont changer cette tendance.
En moins d’une année d’existence, son entreprise emploie quatre personnes et dispose d’un siège à Nord-Foire, un quartier de Dakar. L’équipe sillonne les quatre coins du pays à la recherche des produits nécessaires à la fabrication de ses jus.
"Je me dis qu’avec ce que nous faisons, nous contribuons aussi à réduire la pauvreté rurale et cela fait partie de mes objectifs", lance-t-elle d’un ton sérieux qui efface instantanément toute l’insouciance qui accompagne son jeune âge.