L’Etat sénégalais a fermé les écoles affiliées au prédicateur turc Fethullah Gülen. Une décision subite qui laisse élèves, parents et professeurs dans l’incompréhension. Rentrée annulée dans les sept écoles sénégalaises du groupe Yavuz Selim. Vendredi 6 octobre, cela fait une semaine que les 3 000 élèves de cette institution privée trouvent leurs salles de classe barrées par des policiers. Ces portes closes et gardées sont le résultat d’un arrêté du ministère de l’intérieur sénégalais daté du 11 septembre, mais rendu public le 30 septembre, qui ordonne tout simplement « la fermeture des écoles portant l’appellation Yavuz Selim ».
Ce groupe scolaire fondé en 1998 et affilié aux réseaux du prédicateur turc Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis depuis 1999, est dans le viseur du gouvernement sénégalais depuis plusieurs mois. En décembre 2016 déjà, un arrêté du ministère de l’intérieur prononçait « le retrait de l’autorisation d’exercer de l’association Baskent Egitim », chargée d’administrer les écoles du réseau. « L’Etat avait demandé que les écoles soient placées sous administration provisoire de la fondation turque Maarif, explique au Monde Afrique Me Moussa Saar, avocat de Yavuz Selim. Nous nous sommes défendus devant le tribunal de grande instance de Dakar, car un Etat de droit ne peut confisquer la propriété d’autrui, ni celle d’une société légalement reconnue. »
Négociations commerciales
Alors que le verdict est attendu le 9 octobre, les parents d’élèves se disent choqués que l’Etat ait pris la décision de bloquer l’accès aux établissements avant la décision judiciaire, perturbant ainsi la scolarité de leurs enfants. « Ma fille est en classe de terminale et ne peut pas attendre », avance Laure Diop, parent d’élève cité par le journal Enquête. Elle se retrouve à payer le double pour inscrire en urgence sa fille dans une autre école privée. Mais la plupart, comme Al-Hadji Mbaye, ont le sentiment de payer le prix des tractations diplomatiques entre Dakar et Ankara : Macky Sall « ferme l’école pour plaire à Erdogan », confie-t-il au même journal.
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