Ecoles inondées, cours envahies par les herbes sauvages, flaques d’eau qui obstruent l’accès, eaux usées mêlées aux ordures qui coulent en permanence dans la cour… C’est le spectacle que présentent des écoles de la banlieue dakaroise, à quatre jours de la rentrée scolaire 2017-2018. La plupart des écoles concernées sont surtout celles primaires. Elles sont impraticables, depuis le début de la saison hivernale. Au niveau de l’Ief de Keur Massar polarisant les communes de Yeumbeul-Nord, Yeumbeul-Sud et Malika, huit écoles sont sous les eaux. Impossible d’entrer dans les toilettes de l’école élémentaire Unité 11 prises en otage par de hautes herbes. C’est le même constat à l’unité 6 où six classes sont toujours sous l’emprise des inondations. Difficile d’accéder aux alentours de l’école Aladji Pathé Sow. Le Collège d’enseignement moyen (Cem) de Keur Massar n’est pas épargné, idem pour le Bloc scientifique où l’accès est obstrué par des plantes. «Il faut nécessairement un remblaiement», confie un visiteur trouvé sur place.
Certaines écoles attendent la désinfection, le désherbage, comme à Yeumbeul-Sud. L’inspectrice de l’Ief de Keur Massar, Dioulèye Ka Sy Ndiaye s’en désole : «Le désherbage des écoles pose problème. Il faut que toute la communauté éducative se mobilise. L’Ief est hébergée au niveau de la zone de recasement. Nous attendons toujours la construction de nos locaux. Le problème du personnel doit être renforcé au Cem Comico car il y a un déficit. Pour les nouvelles écoles crées, il n’y a pas de d’enseignants». Dans cette partie de la banlieue de Dakar, les inondations et l’insuffisance des infrastructures risquent d’entraver le démarrage des apprentissages. Du moins dans certaines écoles publiques du département de Pikine qui polarise trois Inspections d’éducation et de formation (Ief), réparties dans les 16 communes sur les trois arrondissements de Niayes, Pikine-Dagoudane et Thiaroye.
Eaux usées, herbes sauvages, inondations… campent le décor
Cap sur l’arrondissement de Thiaroye qui concentre les communes de Mbao, Thiaroye-sur-Mer, Thiaroye Gare et Tivaouane-Diacksao. Ici, le décor est peu reluisant. La situation est alarmante. Selon le décompte fait sur ces écoles visitées, onze d’entre elles sont inondées. C’est le cas au niveau des établissements Keur Mbaye Fall II, Médina Mbao gare I et II, Mour Seck, Cem Mbao, Malick Diop (ex-école II) de Thiaroye-sur-Mer, Sam-Sam III, Diamaguene Sicap Mbao, Thiaroye gare 01 B, Cité Capec, Moustapha Khaly Ndiaye et enfin El Hadji Babacar Cissé. Il y a aussi le cas de l’Ecole Mame Moussé Niang de Thiaroye-sur-Mer dont un pan du mur s’est effondré. Le Cem de Mbao est miné par l’insécurité, sans compter les effectifs pléthoriques soulevés par les responsables. A ces maux s’ajoutent le déficit de salles de classe, notamment au niveau de l’Ief de Pikine qui polarise sept communes. C’est ainsi qu’au lycée Mame Yelli Badiane et au Cem Ecole 09, le délai de livraison des infrastructures, dans le cadre du Projet d’appui au développement de l’enseignement moyen (Adem), n’est pas respecté. Des eaux usées qui coulent en permanence empestent l’air, dans la cour de l’école élémentaire publique Elimane Ndiaye. Fatou Gnagna Ndiaye, première adjointe au maire de Pikine-Nord, suggère la délocalisation de l’école. Pour sa part, l’inspecteur Ismael Diallo déplore l’inaction de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas).
Face à ses désagréments qui compromettent la rentrée des classes, un Comité départemental de développement (Cdd) s’est tenu à la préfecture de Pikine, en début de semaine. Comme solution à ces obstacles, les responsables académiques de la zone suggèrent de «pomper l’eau qui occupe la cour des établissements puis leur remblaiement, nettoyer et désinfecter les établissements avec l’appui des collectivités locales et des communautés, renforcer les ressources humaines, et mettre en place des intrants et du matériel didactique dans les délais». «Les difficultés sont là. Il faudra trouver des solutions pour que le slogan ‘Ubi Tay Jang Tay’ soit une réalité. Les collectivités locales doivent aussi s’impliquer pour le pompage des eaux dans leurs écoles. Il faut donc une conscience citoyenne avec l’implication de toutes les couches dont les Asc, les acteurs au développement et autres», appelle Badara Diaw, adjoint au préfet de Pikine.
Contrairement à Pikine où il risque d’y avoir une rentrée à double vitesse, le département de Guédiawaye est prêt à accueillir ses élèves, du moins dans la plupart des établissements où une visite a permis d’en faire le constat. «Contrairement à Pikine, les maires de Guédiawaye ont fait preuve de bonne volonté, pour une rentrée effective. Ici, les maires des communes, comme celui de la ville, ont très tôt pris les devants en organisation des réunions sectorielles avec les acteurs du système et les Ocb», renseigne Yaya Coly, responsable académique. Seulement, il reste quelques réglages à faire. Il s’agit de l’école élémentaire publique 20A de Sahm Notaire, avec ses toilettes défectueuses, mais qui sont en train d’être réfectionnées. Le problème d’effectifs pléthoriques dus à l’insuffisance des infrastructures scolaires est une autre réalité, à Guédiawaye. Certaines communes comme Médina Gounass ne disposent que d’une seule école élémentaire publique. Un problème lié au «manque de réserves foncières», d’où la proposition de «recomposer la cartographie scolaire de Guédiawaye, pour mieux adapter l’offre à la demande».
Théodore SEMEDO