L’appel au dialogue du ministre de l’Intérieur continue de diviser l’opposition politique du président Macky Sall. Si certains partis sont prêts à y répondre, le Parti démocratique sénégalais, première force de l’opposition, campe sur sa position.
La politique ou l’art des retournements de situation. Il y a un an, le Parti démocratique sénégalais sauvait le dialogue national. A cette époque, une bonne partie de l’opposition significative disait ‘’niet’’ à l’appel du Président Macky Sall. Abdoulaye Wade et ses partisans avaient été traités de tous les noms d’oiseaux. Aujourd’hui, certains absents d’alors promettent de répondre. Le PDS, quant à lui, refuse de rejoindre la table des négociations, malgré les nombreuses opérations de charme. En effet, ni le départ d’Abdoulaye Daouda Diallo ni la promesse d’un audit du fichier électoral ne lui font, pour le moment, changer d’avis.
Maguette Sy, secrétaire national adjoint chargé des élections, explique : ‘’Pour nous, le problème reste entier. Le ministre a dit qu’il ne veut pas qu’on discute de la personnalité qui doit organiser les élections, alors que c’est notre principal problème. Nous ne voulons pas d’un ministre chargé de l’organisation des élections qui soit membre du parti au pouvoir’’. Enfonçant le clou, le responsable du PDS affirme sans ambages qu’Aly Ngouye Ndiaye n’est pas la tête qu’il faut au département de l’Intérieur. ‘’Non seulement, il est de l’APR, mais aussi, il traîne des casseroles avec Arcelor Mittal. Même si Macky Sall ne lui demande rien, il va voler les élections.’’ Ainsi, pour Maguette Sy, l’acceptation de l’audit du fichier est un non-événement. Le PDS réclame des garanties. ‘’Que Macky prenne des dispositions concrètes pour faire avancer le processus. D’autant plus qu’avant les Législatives, on nous avait dit la même chose. Ils veulent juste nous endormir, gagner du temps et voler les élections’’, observe le libéral.
Autre parti, autre tonalité. Moussa Sy, maire des Parcelles Assainies, est le porte-parole de l’Appel national pour la citoyenneté. Lui est contre la politique de la chaise vide. ‘’Je pense qu’il faut aller à la table des négociations. Surtout après la mascarade électorale que nous venons de vivre. Le Sénégal ne doit plus vivre pareille situation. Pour l’éviter, il faut des concertations entre les acteurs politiques. Même si on est contre la présence d’un ministre membre d’un parti politique, c’est une question qu’il faut poser sur la table’’, déclare-t-il. Le souteneur du maire de Dakar Khalifa Sall de rappeler que les premières alternances du Sénégal ont été le fruit de larges concertations. ‘’Il ne faut pas cracher sur un acquis. Le reste, s’il faut engager un rapport de forces pour l’obtenir, on va le faire’’, annonce-t-il.
Modou Diagne Fada, leader de LDR/YESSAL, embouche la même trompette. Il souhaite, aussi, le dialogue ‘’Nous allons répondre au ministre, si nous sommes invités. D’ailleurs, il faut savoir que ce n’est pas avec le ministre qu’il faudra aborder le vrai dialogue. Avec lui, c’est juste une prise de contact. En tant que chargé des partis politiques, c’est tout à fait normal qu’il parle avec les responsables des partis. Généralement, tous les partis répondent, en pareille circonstance.’’
Pour Modou Diagne, ce sera l’occasion de discuter du fichier électoral, du financement des partis politiques, du mode de scrutin et des cartes d’identité biométriques CEDEAO. A ces différentes interrogations, le député attend des solutions concrètes. Par ailleurs, M. Diagne n’a pas manqué d’égratigner le ministre qui, selon lui, devrait revoir les termes qu’il utilise. ‘’Je l’ai entendu dire qu’il va convoquer les partis politiques. S’il envoie des convocations, il risque de ne pas voir beaucoup de monde. Il doit plutôt nous inviter. Une convocation suppose en effet qu’on est obligé de lui répondre. Ce qui n’est pas le cas’’, rectifie-t-il.
Avant-hier, le ministre de l’Intérieur Aly Ngouye Ndiaye avait annoncé que les 286 partis politiques qui existent au Sénégal seraient convoqués, avant la fin du mois, pour des négociations sur le processus électoral.